Budget 2016 – ANNEXE 11 : AGRICULTURE (HORS ENVIRONNEMENT ET ENERGIE)
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Voir le rapport : 2016_ANNEXE_11 (les temps d’interventions sont limités par une durée proportionnelle à la représentativité dans l’hémicycle)

Vignette_bmonvilledececcoBénédicte Monville-De Cecco

« En lisant ce budget de près, on constate qu’effectivement vous faites un choix, en faveur d’une agriculture particulière. Vous nous avez reproché dans vos exposés, Madame la Vice-Présidente, d’avoir privilégié une certaine agriculture. En effet, nous avons très clairement accentué l’effort sur l’agriculture biologique, ce qui ne signifie pas pour autant que nous avions abandonné les agriculteurs d’Ile-de-France. Nous pensons, et tout le montre aujourd’hui, que l’avenir va plutôt dans le sens d’une agriculture locale et biologique, qui redonne de l’emploi dans la région dans laquelle elle est implantée et qui permet aux habitants de cette région d’avoir accès à une alimentation de qualité.

Ce que nous voyons aujourd’hui dans le budget proposé est qu’au contraire, vous allez favoriser cette agriculture que nous a vendue la révolution verte et qui aboutit aujourd’hui à une diminution drastique des emplois dans le secteur et à la production d’une alimentation qui, malheureusement, montre tous les jours qu’elle est dommageable à long terme pour la santé des populations. Il s’agit également d’une agriculture essentiellement tournée vers les marchés extérieurs et qui, de ce fait, est extrêmement sensible à la variation des prix sur les marchés internationaux. Il s’agit ainsi d’une agriculture ayant peu de capacités de résilience.

Vous faites donc un choix idéologique, dommageable pour le développement de notre région, ce que nous regrettons très sincèrement. »

Vignette_crufetCorinne Rufet

« Il se trouve que j’ai été la première vice-présidente de cette Région depuis qu’elle existe à faire voter, dans cet hémicycle, une stratégie régionale pour l’agriculture. Celle-ci n’était pas uniquement une stratégie régionale pour le bio puisque, à 80 %, elle soutenait une agriculture non biologique. Elle visait à la diversification, à la création de pass’filières pour développer économiquement un certain nombre de filières, etc. Et j’ai eu à cœur de convaincre, et cela a même été le cas assez régulièrement, l’ensemble de cet hémicycle, y compris la majorité actuelle, de voter un certain nombre de ces rapports.

Aujourd’hui, je trouve que le fait de caricaturer à ce point la situation n’est simplement pas bon pour le monde agricole. Effectivement, il n’y a que 2 % de producteurs bio en Ile-de-France. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons tenté de dynamiser ce secteur, en rencontrant un certain nombre de difficultés, y compris au sein des chambres consulaires. Il n’était pas toujours évident de convaincre qu’en allant vers le bio et l’agriculture raisonnable, il était possible d’augmenter la robustesse des exploitations et, par conséquent, le produit du travail des agriculteurs. Cela étant, mes relations avec la DRIAAF qui siège à présent à vos côtés ou avec les membres des chambres consulaires agricoles ont toujours été plutôt bonnes et nous avions des discussions dans le respect total des uns et des autres. De fait, les agriculteurs ne sont pas que des entrepreneurs. Ils sont aussi des paysans, garants de l’état de la terre qui leur a été donnée et qu’ils rendront à leurs enfants.

Vous reconnaissez en page 70 du bleu budgétaire que la sous-consommation de l’aide au développement, à la diversification et à la qualité des produits, qui constitue une ligne extrêmement importante, est liée aux retards de mise en place des nouveaux dispositifs du Programme de développement rural (PDR). Or ces retards sont le fait de la Commission européenne et non de la Région Ile-de-France, tant les services de la Région et notamment le service agricole, que j’ai créé, ont travaillé avec acharnement sur ces dispositifs, avec des moyens pourtant limités. Il conviendrait aujourd’hui de donner les bons gages pour que les agriculteurs puissent être soutenus en investissement sur cette ligne. »

« Durant la crise de l’élevage que nous avons traversée en 2015 et qui malheureusement se poursuit, les seules exploitations d’éleveurs parvenant à se maintenir et à donner des revenus aux agriculteurs ont été les exploitations ayant réussi leur transition vers l’agriculture biologique. C’est pour cette raison que j’ai souhaité signer, l’an passé, un pass’filière avec l’Établissement régional de l’élevage, pour lui donner des moyens, notamment d’animation du développement de cette filière. C’est la raison pour laquelle, d’une manière générale, sur le développement du bio, les besoins d’animation dans notre région, où nous sommes très en retard par rapport à d’autres régions, demeurent importants. Ce processus est très long dans notre région parce que la physionomie agricole de notre territoire est plus difficile à transformer que sur d’autres territoires, du fait notamment de la taille des exploitations et de la mono-activité autour d’un certain nombre de cultures.

Je comprends votre idée de mettre l’accent sur l’investissement. Mais si c’est pour acheter des drones à de grands céréaliers, ce n’est pas ce qui fera que les agriculteurs vivront mieux. Ce qui leur permettra de vivre mieux, c’est de les aider à s’engager dans une transition. Et ce sont les budgets en fonctionnement qui pourront les aider en ce sens. »