SANDRINE ROUSSEAU – Motion d’urgence concernant le projet Idex
Séance Plénière des 24 et 25 novembre 2011
Intervention de Sandrine Rousseau.
Motion d’urgence en raison de la décision prise de ne pas présélectionner le projet Idex de la région Nord – Pas de Calais, porté essentiellement par les universités lilloises. Ce sont près de 700 millions d’euros qui échappent à la région de cette manière-là, ce qui met considérablement en danger le tissu d’enseignement supérieur et de recherche de la région, alors que nous sommes précisément la troisième région de France en termes de nombre d’étudiants…
Merci, Monsieur le Président.
Pourquoi cette motion d’urgence ? Parce que les universités lilloises ont été victimes d’une politique aveugle et d’une politique élitiste aveugle, de ces politiques élitistes qui ont un caractère violent parce qu’elles génèrent plus d’inégalités au fond, qu’elles ne génèrent d’excellence. Elles ont été victimes aussi d’une espèce d’agence de notation indépendamment qui, de manière froide, a regardé l’état du dossier sans prendre en compte l’historique. Or, l’historique pour notre région est lourd. Il est lourd, parce que l’État a sous-investi en termes de chercheurs dans la région, et ce, depuis des années, et que, par ailleurs, la recherche privée dans notre région est faible aussi pour des raisons historiques.
Le jury international de l’agence de notation n’a pas regardé ces éléments, il n’a pas non plus regardé les ambitions des universités lilloises à la hauteur de ce qu’elles étaient, puisqu’on peut regretter que le processus de fusion n’ait pas été plus entamé, mais elles avaient cette volonté d’avancer. Or, si on regarde les critères, même les critères très critiquables de l’excellence de la recherche qui sont appliqués actuellement, on s’aperçoit que les universités de la région sont au cinquième rang national sur le domaine des STIC, qu’elles sont au cinquième rang national sur le domaine des SHS, qu’elles sont au quatrième rang national en termes de recherche médicale.
On s’aperçoit aussi que nous sommes la troisième région étudiante de France, que nos universités sont notées dans les premières en termes d’insertion professionnelle, que nous avons une excellence en matière de formation professionnelle des étudiants.
Qu’est-ce qui explique dès lors qu’une région comme Rhône-Alpes se retrouve avec deux centres universitaires présélectionnés dans l’Idex et 16 Labex déjà obtenus et que nous n’ayons rien en termes d’Idex et un seul Labex déjà obtenu ? Évidemment, Rhône-Alpes est une région qui a une recherche extrêmement forte. Mais qu’est-ce qui explique la différence, une telle différence, entre cette région-là et la nôtre ? Évidemment, la question que pose cette motion est : quelle est la réaction de la Région ? L’enseignement supérieur et la recherche n’est pas une compétence du Conseil régional, ce n’est pas une compétence d’aucune des collectivités territoriales. Pour autant, nous sommes allés sur ces politiques, nous y sommes allés même dans le cadre du Plan campus, en dépassant nos compétences, pour donner un coup de pouce à l’enseignement supérieur et à la recherche.
Nous lançons au niveau régional les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche pour coordonner l’action de toutes les collectivités territoriales, mais cela ne suffira pas à compenser le désengagement de l’État. Donc, la Région en appelle à l’État pour compenser les inégalités cruciales et lourdes de conséquences qu’il est en train de mettre en place.
Suite du débat et réponses de Sandrine Rousseau aux questions :
MME ROUSSEAU
Vous avez raison, Monsieur le Président.
Je m’étonne quand même un petit peu de la légèreté de l’analyse, si vous me permettez.
Que vous disiez que la politique régionale ne comporte pas de volet d’accompagnement des chaires internationales, c’est faux ! C’est faux, nous avons une ligne d’accompagnement des chaires internationales. Il est faux aussi de dire que nous saupoudrons, puisque nous avons 10 domaines prioritaires sur lesquels nous intervenons, et que la politique d’excellence distinctive que vous appelez de vos voeux est précisément celle qui nous met au ban des universités et de la recherche aujourd’hui.
Par ailleurs, sur l’accompagnement de l’État, mettons bout à bout les désengagements sur tous les domaines, y compris sur le nombre de postes sur lesquels l’État s’était engagé dans notre région, mettons le désengagement de l’État sur le FUI, mettons sur la table le désengagement de l’État sur les CPER et nous verrons si l’État compense au-delà de ce qu’il avait promis.
MME ROUSSEAU
Quelques éléments de réponse pour clore peut-être le débat avec le Groupe Majorité Présidentielle et, ensuite, la position sur le fond de la motion présentée par le Front National Rassemblement pour le Nord – Pas de Calais.
Sur ce que vous avez dit, Madame MAUROY, les rares organismes d’État que nous avons dans la région en matière de recherche l’ont été parce qu’à un moment donné, nous avons contractualisé et l’État a mis le paquet sur la mise en place de l’INRIA, par exemple, dans la région, et que nous avons accompagné cela.
Pour l’instant, si l’État ne fait pas le premier pas, nous ne pouvons pas seul le faire.
Par ailleurs, je m’étonne quand même des critères ; vous dites et vous répétez que seule la recherche est en cause ; oui, et c’est bien là le problème !
Il est absolument incroyable qu’une politique qui crée autant d’inégalités, qui investit aussi massivement sur certaines universités et pas sur d’autres, ignore complètement, absolument et définitivement toute la partie étudiante et donc toute la partie formation des universités ; c’est une politique proprement compréhensible.
Enfin, sur les 11 000 euros par étudiants, sachez tout de même qu’une grande partie de cet argent est bloquée sur des comptes et les universités ne bénéficient que des intérêts de l’argent placé.
Sur le fond de la motion du Front National Rassemblement pour le Nord – Pas de Calais, je pense que cette motion n’est pas recevable pour deux raisons.
La première raison est qu’elle met en cause la stratégie des universités lilloises et pointe la responsabilité des universités lilloises dans l’échec à ce concours. Or, je pense que ce ne sont pas les universités lilloises qui sont responsables de cet échec et qu’il serait dangereux de pointer ainsi les politiques des universités.
La deuxième chose est qu’il faut bien comprendre que les universités non lilloises sont encore plus en danger parce que les universités lilloises ne sont pas dans l’Idex et que là, on est dans quelque chose qui est très dangereux à terme.
Enfin, la dernière raison pour laquelle je pense qu’il ne faut pas voter cette motion est que le Président de la région n’a pas, à mon avis, compétence à organiser une telle conférence. En revanche, nous mettons en place des Assises où nous coordonnons l’activité et les politiques des collectivités territoriales, nous sommes ici pleinement dans notre rôle d’ensemblier, mais nous ne pouvons pas et il est même dangereux que le Président du Conseil régional se substitue aux présidents d’universités.