Myriam Cau (MC), Vice-présidente en charge du Développement Durable, de la Démocratie Participative, et de l’Evaluation, a participé à une rencontre au café citoyen à Lille le 11 octobre 2011.

Voici le compte rendu des échanges:

MC: On constate un certain épuisement du concept DD, tout le monde en parle mais  le terme DD est usé, il ne fait plus forcément sens.

Je vous conseille sur ce sujet un livre éclairant  « le développement durable, la seconde étape » 

En région Nord-pas de Calais,  la question du DD se pose de façon particulière: chacun le sait la région est une sorte de  modèle du développement non durable. Pour mémoire notre région est la dernière en matière d’indicateurs de développement humain, l’empreinte écologique est supérieure à la moyenne française, en 1990 nous « hébergions » 50% des friches industrielles nationales, le Nord -Pas de Calais est la 1^ère région pour ce qui concerne les déchets industriels soit 2 fois plus que Rhônes Alpes …

 

Pour notre région en matière de DD rattraper le retard ne suffit pas… nous devons nous projeter dans l’avenir. Il faut jouer sur le modèle de développement, changer de modèle.

 

Au Conseil  régional nous avons initié plusieurs chantiers, dont les Agendas 21 des territoires, qui aujourd’hui sont au nombre d’une centaine.

 

Question : un agenda 21, n’est-ce pas qu’une liste de bonnes intentions ?

MC: ça peut être uniquement ça ou être bien plus.

 

La salle : la difficulté avec les A21 c’est que c’est une démarche volontaire du coup on peut avoir du « greenwashing » ou des projets très intéressants.

 

Q: y a t’il eu une évaluation des Agenda 21 ?

MC: .Nous ne savons pas réellement ce que ça a produit c’est pourquoi nous avons lancé un recensement qualitatif des A21 territoriaux ainsi que des A21 des Universités/grandes écoles, des lycées et des hôpitaux. Nous l’engageons pour identifier l’impact effectif et toutes les bonnes initiatives.

 

MC: Rio +20, c’est en 2012. Nous voulons y porter un message positif, utiliser RIO + 20 pour redynamiser ici la notion de DD. C’est un point d’objectif sur lequel le CERDD travaille pour faire naître des propositions collectives. Le CERDD  a reçu 50 contributions écrites de quelques pages dans le cadre des Trajectoires DD: sur ce qui a été réalisé, ce qui a échoué par manque de moyen, de pédagogie, de soutien. Il est essentiel d’indiquer dans les contributions: « Ce que j’attends c’est une aide de tel type, et voilà ma vision du développement du DD en NPdC ».

 

La salle : J’ai préparé le Sommet de la terre à Johannesburg  il y a 10 ans, on a écrit des contributions, mobilisé les citoyens….

le risque de Rio c’est que ça accouche d’une souris et que ça déçoive les militants. Ne va t’on pas vers un essoufflement des mouvements associatifs ?

J’ai l’impression que le concept est compris, mais il y a un sacré décalage entre la parole et l’acte…

On est très environnement, on est peu social et pas économique du tout.

Le DD ça reste un concept. La porte d’entrée économique est importante et moi je l’ai trouvé via l’Économie Sociale et Solidaire (ESS)

Il faut coloniser l’économie. Pendant qu’on s’occupe de biodiversité, la CCI et Auchan font ce qu’ils veulent.. L’économie est partout !

 

La salle : Plutôt que d’argent il faut parler de RICHESSE.

Je vous conseille le 4/11 à 19h30 au Fresnoy, projection du film « Indices »  organisée par les Amis de la Terre (info sur http://apes-npdc.org/spip.php?article1659)

 

La salle: Comparé à Chambéry , région « riche » d’où  je viens, ici j’ai eu une impression de régression : moins de transports doux, moins de tri sélectif : que 2 poubelles au lieu de 8…

 

La salle : Je suis professeur d’histoire/géographie, j’enseigne le DD à mes élèves. J’ai régulièrement l’impression qu’on ne parle que d’engagement personnel et on ne se pose pas la question de ce font les collectivités.

L’écologie ça n’est que des contraintes. Les pouvoirs publics ne font que du greenwashing et nous demandent de faire des efforts et pendant ce temps ils font autre chose: hypermarché en centre ville à Lille, etc…

 

La salle : Le vrai mot ce n’est pas DURABLE, c’est SOUTENABLE, l’inverse d’INSOUTENABLE.

Je me rappelle l’évolution depuis l’arrivée de MC Blandin à la Présidence de la Région. Au départ les industriels et les élus se moquaient du CR Vert. Maintenant ils ont tous intégré au moins le concept, et nombreux sont ceux qui avancent, même si c’est encore insuffisant.

Même les associations ne sont pas très au clair sur les questions environnementales :

on devrait toujours analyser les situations selon 3 clés de lecture : restaurer, protéger, gérer et pour chaque ressource se poser les  questions : n’y en a-t-il pas, plus ? Est-elle renouvelable ? difficilement renouvelable ?  lentement renouvelable ? non renouvelable … ?

C’est quoi un écosystème ? comment ça marche ?

 

La salle : aujourd’hui on parle à la population de Carbone mais le Carbone…c’est un terme technique, difficile à s’approprier pour le public.

En parlant du carbone et surtout de ça on ne parle pas du nucléaire que l’on fait passer comme non polluant !

2 thèses sont en finalisation sur la transition énergétique

 

La salle : J’aimerais que la région travaille sur sa capacité à rebondir, sur sa capacité de résilience.

Quelle résilience pour le NPdC: sur le climat, sur la monnaie ? Quelle est la résistance de la région pour résister aux chocs ? Quelles sont nos richesses pour rebondir? Que vont devenir nous ouvriers, nos usines ?

 

La résilience territoriale, du concept à l’application. Premières interprétations ici.

 

MC: il y a beaucoup de travaux sur la prospective, il y  des ateliers ouverts à travers le SRADT  et . Exemple: comment travailler la politique des temps ? Pourquoi travaillons-nous tous aux mêmes horaires ? Pourquoi les administrations sont ouvertes quand je travaille ? Venez participer aux ateliers.

 

La salle : En matière de DD la majorité des citoyens n’est active que s’il y  a soit une pression économique (un impôt par exemple) soit une aide économique.
Les politiques n’auraient-ils pas les outils pour permettre de faire payer les objets produits à leur vrai coût, c’est-à-dire intégrant les coûts indirects sur l’environnement notamment …

Dans une démarche de transition il faut que « les politiques » posent des actes déterminants (comme par exemple quand on a fait voter la loi contre la peine de mort… si on avait seulement écouté la population on n’aurait jamais aboli la peine de mort !)

 

La démocratie est elle compatible avec le DD ? Le temps politique (5 à 6 ans ) est il compatible avec les urgences écologiques ?

 

La salle : Quand je considère la définition du DD, moi j’entends quel mode de développement pour le futur mais souvent les gens entendent Planète et donc environnement. On se focalise sur ce pilier et moins sur le social et encore moins sur l’économique.

 

Il y a un problème de communication à la Région :Y a t’il des journaux qui présentent les actions écologiques de la Région ?

 

MC : le CERDD est l’outil central de communication sur le DD au niveau régional.
Par ailleurs la Région publie son magazine toutes boîtes « Nord-Pas de Calais, le Magazine du Conseil régional ».

 

La salle :. Des milliers d’artisans ne sont toujours pas formés aux nouvelles techniques écologiques. Nous n’avons pas senti de mouvement fort pour se mettre en capacité de construire écolo.

En Belgique chaque artisan reçoit un chéquier formation, en France pour un artisan se former, c’est une galère administrative.

 

MC: un plan de structuration des filières , et pour la réhabiliattion des logements est en cours : le plan 100 000 logements. Est ce que ça sera suffisant ?

 

La salle : l’enjeu est de ne pas renvoyer dos à dos l’écologique et l’économique… il faut s’intéresser au coût des produits écologiques utilisés dans la rénovation.

 

MC: 100 000 logements c’est de la rénovation en vue de limiter la précarité énergétique. Le challenge est de produire écolo et rentable économiquement en même temps. Un autre enjeu est dans la capacité des propriétaires à transformer les logements qu’ils louent.

 

La salle : Ce qui est du ressort du CR, c’est la commande publique. Ne peut-il pas être exemplaire ?

 

Le citoyen a aussi la possibilité d’utiliser la monnaie  SOL, monnaie locale complémentaire…le SOL affecté, accès social à des prestations publiques. 8 boutiques à Lille alors qu’il y en a 60 à Toulouse (300 000 € par an pendant 5 ans)

 

 MC: pourtant on s’est battu sur ce dossier, nous sommes inquiets que ce projet n’ait pas évolué mieux que cela. http://www.lemarchecitoyen.net/UPLOAD/article/pages/111_article.php

 

La salle : Comment gouverner demain ? des décisions centralisées ou du collectif ? Quelques notions de la tragédie des biens communs: http://fr.wikipedia.org/wiki/Trag%C3%A9die_des_biens_communs

 

La monnaie, c’est central, rien ne changera tant qu’on ne changera pas le système monétaire. Les écologistes doivent comprendre que la clé du changement c’est le système monétaire. Lire à ce sujet « le cercle des économistes citoyens » pour comprendre comment on nous enfume sur la dette.

 

La salle : Il existe une fracture entre ceux qui ont fait quelque chose en DD, « les Bons » et ceux qui n’ont rien fait « Les mauvais »…Nous avons à réfléchir à une communication pour inciter les gens à réfléchir à leurs vrais besoins, leurs besoins pour être heureux plutôt que de pointer les « bons » et les « mauvais ».

 

Montrer que le DD fait envie et rendra notre vie meilleure. Repose la question des besoins, des valeurs, de l’essentiel…

 

Conclusion de Myriam  Cau : En Matière de DD, n’hésitons pas à aller sur le terrain des autres, sur l’économie par exemple ….. nous vous consulterons pour savoir si vous êtes intéressés à continuer. Merci de votre présence.