Retour sur le débat des orientations budgétaires 2013

argent

1- L’introduction du président de région
2- L’intervention du groupe Europe-Écologie Les Verts
3- L’intervention de Patricia Andriot
4- L’intervention de Raymond Joannesse
5- Notre-Dame des Landes, un courrier aux élus socialistes

 

1- L’introduction du président de région

Jean-Paul Bachy, président du conseil régional, a  introduit le débat en soulignant la situation budgétaire difficile, qui exigera un budget de rigueur. Situation qui s’explique à la fois par la loi de 2010 qui obère toute autonomie régionale mais aussi par la situation particulière d’une région disparate. Cette spécificité régionale (vaste et peu peuplée) amoindri nettement les recettes fiscales et la dotation potentielle alors qu’un rôle accru en matière de transports, d’accès à la formation… est demandé.

Dans ce contexte, les orientations budgétaires restent volontaristes à travers la sanctuarisation de budget et 3 priorités que sont le développement économique, la formation, et l’environnement.

 

2- L’intervention du groupe Europe-Écologie Les Verts
PAR VALÉRIE LABARRE, PRÉSIDENTE DU GROUPE EELV

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Le changement de gouvernement nous permet d’espérer enfin la mise en marche du renouveau complexe et nécessaire à la mutation de notre société. En plus de cette mission, nous héritons de la responsabilité d’une politique de gauche lisible, efficiente et visionnaire. L’attente des citoyens est énorme, la crispation et le mal être sont là, les signaux positifs sont vitaux. Nous avons besoin d’innovation et de créativité aujourd’hui et devons prendre soin d’une génération qui s’interdit de rêver ou qui n’en a pas les moyens.

Nos priorités, en tant qu’écologistes et membres de la majorité, doivent être entendues. La contrepartie d’un budget de rigueur réside dans notre volonté à tous de préparer l’avenir et de placer les plus défavorisés au cœur de notre action. ll est urgent de relier notre région, de lier et relier les champardennais : du transport en commun à la culture.

Une éco-conditionnalité et une socio-conditionnalité, précises et structurelles, doivent devenir la colonne vertébrale de nos cahiers des charges et de notre commission d’appel d’offre, en subordonnant le paiement de nos aides au respect de normes environnementales et sociales. Pour toutes les actions conduites par la Région, pour toutes les actions soutenues par la Région. L’ancrage du développement durable sur le territoire doit s’initier dès la genèse des projets et des impulsions, dès la conception d’un équipement. Pour plus de sens et moins de distance, pour que notre papier recyclé ne fasse plus le tour du monde.

Nous acceptons ce contexte de rigueur et ce qu’il implique. Nous connaissons la contrainte de projets engagés de longue date comme l’autoroute de l’Y ardennais, aspirant des sommes extravagantes et réaffirmant le règne de modèles dépassés à l’heure de la transition écologique.

Nous acceptons ce contexte de rigueur et ce qu’il implique. Mais redisons l’obsolescence de l’aéroport de Vatry, infrastructure couteuse et inutilisée, qui est aujourd’hui plus que jamais un sujet à poser et à discuter.

Au-delà de ces infrastructures, nous voudrions reposer la question de l’humain, notamment au vu des responsabilités qui nous attendent dans le cadre de l’acte III de la décentralisation. 100 000 champardennais sont en situation d’illettrisme aujourd’hui. Il existe des projets qui fonctionnent dans notre région, dans l’hôtel de région même. Sortons du mode expérimental. Nous aimerions que notre président saisisse le CESER sur ce sujet, pour commencer. On peut imaginer tous les dispositifs ou formation diplomante que l’on veut, on se retrouve toujours face à un formulaire à remplir.

Permettre aux champardennais d’être des citoyens, permettre aux champardennais de choisir. Nous devons permettre ces choix et ré-insistons sur le rôle fondamental de pivot joué par des organisations partenaires comme la FRAB et les organes satellites tels que l’ORCCA, le CRESCA, l’ARCAD…, outils de soutien aux démarches alternatives, relais précieux pour la mise en action de nos lignes politiques.

Dans cette perspective, les pratiques agronomiques alternatives, comme l’agriculture biologique et les circuits courts, sont un de ces choix qui pour nous représentent un avenir durable. L’enjeu qui se joue ici est celui de la vie de notre sol, la qualité de notre eau, de notre air, et de notre santé. Il n’y a pas d’impasse pour ces enjeux. L’agriculture biologique et les circuits courts sont une composante d’un développement durable, pas une option.

Soyez assuré, monsieur le Président, de notre engagement attentif dans la majorité. Le budget 2013 doit préparer l’avenir de tous. Réinterrogeons l’existant, pour que la contrainte soit un levier de créativité, pour que la difficulté nous rende plus imaginatif.

Je vous remercie.

Valérie Labarre

 

3- L’intervention de Patricia Andriot,
vice-présidente en charge de l’Économie Sociale et Solidaire

Je veux revenir sur l’importance soulignée par le président du développement économique auquel notre groupe adhère.  Il est temps de se ré-interroger sur la définition et sur nos représentations du développement économique. Qu’est ce que créer de la richesse aujourd’hui ? Qui crée de la richesse aujourd’hui ? Pour qui cette richesse est-elle créée ? Avec quelles ressources ?

Nous ne pouvons clairement plus y répondre par une fuite en avant budgétaire ou technologique que représente les grands projets inutiles. Et pourtant,  ce sont les réponses à ces questions élémentaires qui sont devant nous. De notre capacité à nous projeter hors du modèle dominant dépend notre capacité à sortir de cette crise économique, écologique mais aussi et surtout démocratique. Nous sommes au bord du gouffre et l’attitude de la droite, décidément décomplexée, de ce matin le montre…

Dans cette perspective, un secteur tente d’ouvrir modestement mais concrètement des voies nouvelles, pour reconsidérer la façon de créer et de distribuer la richesse. Je remercie le président d’avoir souligné le rôle attendu du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire, qui a la vertu de proposer une approche systémique entre social, économique et environnement. La crise confirme la pertinence de cette voie, qui maintient de l’investissement productif plutôt qu’alimenter les marchés financiers.
Pour sortir de la crise, ente économie de marché et tout pouvoir de l’État ou de l’import, nous devons redonner confiance et les moyens de faire, à la société civile, au plus près des territoires. Pas seulement en matière de solidarité, rôle qu’elle assume bien  – sinon les impacts de la crise seraient autrement plus graves – mais aussi dans le domaine économique. C’est le sens de la politique régionale qui mise à la fois sur la transversalité, en reconnaissant le rôle des associations, de la culture,… en misant tant sur la culture, que sur l’agriculture.

Et pour cela il faut être démonstratif et partir des territoires. La décentralisation me semble ainsi un enjeu essentiel pour redonner toute l’énergie aux territoires. Un outil permet cela, que certains donneurs de leçons s’emploient chaque jour à réduire, ce sont les pays. La région les soutient de manière confirmée, nous devons poursuivre en ce sens, et faire en sorte qu’ils soient reconnus dans la loi sur la décentralisation.

Patricia Andriot

 

4- Intervention de Raymond Joannesse,
vice-président en charge du Développement durable
La Charte de la Biodiversité 

Qu’est ce que la biodiversité ?
C’est un terme qui désigne la diversité du monde vivant à tous les niveaux : diversité des milieux (écosystèmes), diversité des espèces, diversité génétique au sein d’une même espèce. Synonyme de diversité biologique. Elle  peut être considérée à cinq niveaux : celui des écosystèmes, des espèces, des populations, des individus et des gènes. Sur le terrain, le deuxième niveau est clairement le plus accessible et relève directement des compétences naturalistes.

La France occupe le 1er rang européen pour la diversité des vertébrés et abrite 40 % de la flore européenne. De nombreuses espèces sont cependant menacées, en raison des pressions qu’exercent les activités humaines sur leurs habitats. Les écosystèmes Européens regroupent plus de 2.500 types d’habitats et environ 215.000 espèces, dont 90 % d’invertébrés. La quasi totalité des pays Européens abritent des espèces endémiques.

Nous le relevons tous : le déclin de la biodiversité est alarmant. Encore plus qu’hier, il est urgent d’agir aujourd’hui. Mais moins scientifiquement qu’est-ce que la biodiversité ? Car tel est bien le débat ! Ce n’est pas qu’une « lubie d’écolo ». La biodiversité n’est pas limitée à quelques espèces emblématiques de faune ou de flore qu’il faudrait protéger comme les derniers vestiges d’une vie passée. Dans mon esprit, il s’agit, en réalité, de la diversité biologique grâce à laquelle nous pouvons nous nourrir, nous vêtir, fertiliser naturellement les sols, résister aux phénomènes naturels, absorber le CO2, diversifier les paysages, notamment. La biodiversité est omniprésente et a des conséquences directes sur toute la société, bien au-delà de nos frontières. La nature, riche et belle de cette richesse, je voudrais que nous la préservions parce que nous l’aimons.

Je voudrais insister sur les raisons pour lesquelles protéger la biodiversité est non pas un choix, ni même une option, mais une nécessité !
Des travaux réalisés dans le cadre de l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire ont permis de définir les concepts extrêmement intéressants de « services écologiques » et de « services écosystémiques », qui mettent en lumière à quel point la biodiversité est présente dans nos vies. Par ces expressions, il faut entendre les bénéfices que les humains tirent de la nature, de manière directe ou indirecte. Il s’agit de défendre la nature non seulement en tant que telle, mais aussi en raison de ce qu’elle nous apporte.

La biodiversité est inestimable. Pour autant, cette richesse est exploitée par les entreprises sans qu’elles en subissent les coûts. Le rapport du groupe de travail présidé par Bernard Chevassus-au-Louis et intitulé Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes détaille les enjeux socio-économiques majeurs que représente, pour la France, la biodiversité, ainsi que la valeur des services écosystémiques pour aujourd’hui et, encore plus, pour demain. D’une part, les pertes irremplaçables des services écosystémiques vont conduire naturellement à une augmentation des prix que supporteront les consommateurs. … Peut-on aujourd’hui évaluer les conséquences des bois et forêts dévastés ?

D’autre part, les dégâts résultant de la perte de la biodiversité doivent être supportés ou compensés par la société et donc par les contribuables. Qu’il s’agisse du pouvoir d’achat ou des finances publiques, tous deux ont des conséquences sur la biodiversité. Et la réciproque est vraie. Au-delà de ces considérations, la biodiversité a également des impacts sociaux. Que ce soit en ville ou à la campagne, chacun sent intuitivement qu’un environnement est sain quand il côtoie insectes, oiseaux, poissons ou toutes sortes de fleurs. Les ménages sont à la recherche d’un cadre de vie naturel, de meilleure qualité et apaisé. Tel est le cas, par exemple, dans notre région avec le parc naturel régional de la Forêt d’Orient, celui des Ardennes et celui que je connais le mieux celui de la Montagne de Reims.

Le cadre de vie a surtout des impacts sur la santé. La dimension environnementale des maladies cardiovasculaires est largement méconnue. Pourtant, près de cinq cents études scientifiques récentes mettent en évidence les multiples liens entre environnement, biodiversité et maladies cardiovasculaires. Le fait de vivre en milieu vert réduit de moitié la différence de mortalité cardiaque entre les plus modestes et les plus riches ! Enjeux économiques, finances publiques, équité sociale : on le constate, la biodiversité ne concerne pas seulement les amoureux de la nature ; elle concerne en priorité l’État, les acteurs publics et privés. Les leviers d’action existent pourtant, dans les filières du BTP, de la fiscalité, de la production agricole, de l’industrie verte, ou encore en matière de responsabilité juridique environnementale. La France est toujours à la traîne en matière de fiscalité verte, laquelle ne représentait que 1,5 % du PIB en 2009, contre le double en Slovénie. Bien évidemment, je n’ai rien contre les slovènes ! Au sein de l’Union européenne, notre pays se classe en la matière au vingt-quatrième rang sur vingt-sept !

C’est à la vue de ce constat que la Région Champagne Ardenne a décidé, de sa propre initiative,  de créer une Charte de la Biodiversité. Je tiens à remercier le président Bachy, qui adhéra de suite à cette élaboration. J’ai voulu que cette charte ne soit pas la seule émanation de la région, mais un document élaboré, pensé et conçu par tous les acteurs régionaux se sentant concernés par le constat que j’ai dressé auparavant. Pourquoi cette volonté que cela ne soit pas seulement un document conçu et réalisé par les services de la Région ?
La défense de la biodiversité pour toutes les raisons que je vous ai expliqué  auparavant, est l’affaire de tous  les acteurs régionaux (associations, syndicats professionnels, collectivités, citoyens ….), et de ce fait qu’elle les responsabilise et les incite à engager chacun de leurs côtés et à leur niveau des actions concrètes. Bien sûr ce document ne résoudra pas d’un coup de baguette magique ce déclin que nous constatons mais par le fait d’adhérer à cette charte et de s’engager dans diverses actions en faveur de la biodiversité, est le signe d’une prise de conscience par ces organismes ou collectivités.

Maintenant que l’état prend ces responsabilités en lançant l’élaboration du schéma de Cohérence Ecologique Régionale, déjà demandé lors du Grenelle de l’Environnement et confirmé lors de la Conférence Environnementale de septembre dernier, dont l’une des conclusions est bien la prise en compte des menaces envers la biodiversité, ce document va servir de support pour la conception du schéma de Cohérence Ecologique Régional, qui va définir les trames vertes et bleues, document réglementaire et opposable dont je vous rappelle qu’il doit être collaboré conjointement par l’Etat et la Région. Sur ce, nous allons vous présenter cette charte régionale et j’en profite pour remercier Sophie de Champsavin ainsi que le service environnement de la Région sous la direction de Didier Breton et Jean Marie Rollet pour ce travail qu’ils ont menés avec conviction et engagement.

Raymond Joannesse

 

5- Un courrier aux élus socialistes sur Notre-Dame des Landes

En fin de séance, un courrier a été adressé aux élus socialistes champardennais les interpellant sur le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes. Ce courrier était accompagné de la lettre de Patrick Warin, énarque, au président de la République.

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