ESS : le temps de la confrontation ?
Les différentes réunions évoquées ci-dessus, ont été l’occasion de faire un point, un peu plus d’un an après le vote de la loi, sur sa mise en oeuvre et sur les principaux enjeux actuels pour le secteur ;
Crise et loi obligent , l’économie Sociale et Solidaire a fait parler d’elle. Après avoir été indéniablement bien mis en valeur par une loi qui est passée beaucoup moins inaperçue que prévu, et qui a suscité plus de débats et d’intérêts qu’on ne pouvait attendre, forcer est de constater que , la mise en œuvre de ces décrets qui peinent à venir (quand il ne risque pas le détricotage par la loi qui suit, comme l’article sur l’information des salariés que la loi Macron a tenté de réduire sur pression du patronat).
La période est donc favorable mais risquée pour l’ESS ; tout l’enjeu du moment est de voir quelle place on donne à l’ESS dans la société ; secteur de réparation, d’accompagnement des dysfonctionnements de l’économie capitalistique ou secteur de transformation de cette même économie ?
Dans un moment ou une majorité (dont des économistes dit orthodoxes) commence à s’accorder pour dire que ce n’est pas une simple crise mais bien une période de mutation, dans un moment de remise en cause des fonctionnements actuels du modèle capitaliste, l’ESS apparait le vecteur possible de changements, la sphère ou d’autres façons de faire peuvent s’inventer. C’est sans doute pourquoi, elle est davantage regardée. A ce sujet, la réaction des partenaires patronaux qui sont fortement montés au créneau sur un article emblématique de celui de l’information des salariés est bien emblématique.
Période favorable donc car la loi institutionnalise l’économie sociale et solidaire,
Période risquée car en fait cela revient à dire qu’en cette période , l’ESS sort du bois et dois oser la confrontation, c’est à dire la démonstration de son efficacité et le dialogue avec les autres. dialogue avec les acteurs de l’économie classique, avec les entrepreneurs du social business, mais aussi de nouvelles formes d’économie comme l’économie collaborative.
Pour en savoir plus, vous pouvez aller lire des articles autour de ces sujets
Sur les liens suivants :
http://www.avise.org/decouvrir/ess#discover
http://blog.educpros.fr/michelabherve/category/economie-sociale-et-solidaire/
Patricia Andriot
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C’est l’occasion de faire un point sur quelques-uns de ces sujets ;
Après avoir été bien mis en valeur par la loi, les principaux enjeux du moment pour le secteur de l’ESS sont les suivants :
Une politique publique nationale qui tarde à se décliner concrètement :
– Après le vote de la loi, sa mise en œuvre est attendue avec une certaine impatience, voire inquiétude puisque les décrets peinent à venir (quand ils ne risquent pas le détricotage par la loi qui suit, comme l’article sur l’information des salariés que la loi Macron a tenté de réduire sur pression du patronat)
– Le développement de ce secteur est conditionnée entre autre au fait que les porteurs de projets aient accès à des financements bancaires qui devraient être mieux cautionnées par la banque publique d’investissement ; là encore, le secteur attend d’être réellement pris en compte
– Des moyens humains attendus dans les administrations d’Etat en région et en département qui doivent se concrétiser afin de suivre les dossiers en cours (PTCE, agrément ESS, etc..) ; en affichant une volonté de mieux reconnaître et encadrer l’ESS, le législateur a induit que l’Etat soit en capacité de mobiliser des ressources humaines pour remplir ces nouveaux rôles ;
ce qui n’empêche pas que le secteur bouge et que de nouvelles pratiques émergent :
– L’émergence de projets qui partent de nouveaux besoins, identifiés sur les territoires et qui ne sont pas naturellement pourvus est une approche nouvelle, qui tend à se développer
– le décloisonnement du secteur , l’émergence de partenariats entre acteurs, entre entreprises dites classiques et de l’ESS , entre entreprises et associations
– le questionnement de l’ESS par de nouvelles pratiques économiques dû au numérique qui relèvent d’une économie collaborative mais pas forcément solidaire : blablacar, la ruche sui dit oui, airBn’B… autant de nouvelles modalités d’échanges qui sous couvert d’utilité sociale et de coopération cachent souvent des modèles très capitalistiques…
Pour en savoir plus, vous pouvez aller lire des articles autour de ces sujets
Sur les liens suivants :
L’économie collaborative est-elle solidaire ?
http://www.lelabo-ess.org/?L-economie-collaborative-est-elle
ESS / un agenda 2015 ponctué d’incertitudes
http://www.chorum-cides.fr/actualite/ess-un-agenda-2015-ponctue-dincertitudes/
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Patricia Andriot était invité à La Voix est libre ce samedi 29 novembre.
Retrouvez l’émission ici [compteur à 3.55′]
http://france3-regions.francetvinfo.fr/champagne-ardenne/emissions/la-voix-est-libre-champagne-ardenne
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Par Patricia Andriot
Vice-présidente en charge
de l’Économie sociale et solidaire
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Ce vendredi 14 février (Nancy), j’ai eu l’honneur de représenter l’Association des Régions de France (ARF) pour signer la charte d’engagements réciproques entre pouvoirs publics et mouvement associatif aux côtés de l’Association des Mairies de France (AMF), représentée par M.Dinet, de l’Association des Départements de France (ADF) représentée par A.Rossinot , du RTES, représenté par C.Bouchard, du mouvement associatif et du Premier Ministre.
Par Patricia Andriot
Vice-présidente en charge de l’Économie sociale et solidaire
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Nous étions ce samedi 15 février en journée de formation-échange, à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), le « Fribourg » français.
Cette journée a permis d’observer le processus en cours dans cette commune de 7000 habitants.
Territoire modelé par une histoire minière forte (site des terrils les plus hauts d’Europe classés à l’Unesco) et qui a du gérer un héritage post industriel synonyme de désastre économique et environnemental,
Territoire marqué par un paternalisme fort et une population tentée de tourner la page de l’histoire minière
Finalement, un territoire qui a misé sur la valorisation de son histoire pour se transformer aujourd’hui en ville de référence en matière de développement durable au niveau national comme européen.
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Loos-en-Gohelle caractérise, en quelque sorte et avec quelques années d’avance, la mutation économique à laquelle toute la société se trouve progressivement confrontée.
Des résultats d’abord :
– plus de 700 logements réhabilités selon une logique de durabilité,
– l’implantation d’un pôle de compétitivité sur l’économie circulaire (le seul de France) ,
– un cluster de recherche sur l’analyse des cycles de produits en fin de vie,
– 15 km de ceinture verte,
– des repas de restauration collective issus de l’agriculture locale,
– une toiture de l’Eglise couverte de panneaux photo-voltaiques,
– un doublement du nombre d’associations de la commune en 12 ans,
– une notoriété nationale et internationale de la commune sur ses réalisations en matière de transition écologique de l’économie ,
– des emplois récrées de manière significative, une fierté et une dignité retrouvée pour la population…
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Comment expliquer ce processus de réussite ?
Car il s’agit bien d’un processus, de la mise en dynamique d’un territoire, et d’une revitalisation économique qui est partie d’une réponse aux besoins des gens… partir de l’insalubrité des logements, de la nécessaire protection des captages d’eau, pour ne citer que quelques exemples et voir comment améliorer cela. Domaine par domaine, en travaillant avec des acteurs du logements pour mettre en place diverses expérimentations d’habitats durables (Chénelet etc), travailler une mobilité de proximité douce à partir du plan d’occupation des sols, l’équipe municipale à proposé un projet de ville de territoire, à partir de l’histoire de ce même territoire.
Mais au delà des différents projets conduits pour répondre aux besoins des habitants, Loos a misé sur la reconstruction d’un imaginaire permettant de dépasser le déni faisant suite à l’effondrement de l’industrie minière, et ce avec une méthode participative. Expérimenter, évaluer, généraliser… une réussite qui repose sur la mobilisation pour ne pas dire une émancipation de la population. Implication systématique, dynamique culturelle et associative qui a permis d’oser la reconquête de son territoire, de son histoire.
Bien sûr, tout ce processus n’est pas aussi simple et les difficultés, freins et limites à contourner existent.
Citons en quelques uns : la faiblesse financière des pouvoirs publics, qui complique l’innovation. Une lutte permanente contre des idées reçues, le fatalisme, les évidences soit disant indépassables. Une certaine forme de pensée unique, un territoire en déficit des valeurs écologiques et peu convaincu du pari développement durable. Un déficit de créativité et d’entrepreneuriat dans la culture locale liée à l’histoire sociologique du lieu, des priorités avant tout structurelles sur le hard plutôt que sur le soft…, une surcharge chronique des élus et des équipes qui pèse et qui essouffle ….
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Au-delà de ces difficultés, cette réussite amène un certain nombre de constats qui font réfléchir sur ce qui peut se faire ailleurs :
– la confrontation au réel, qui signifie de partir de la société telle qu’elle est ..,
– impliquer les individus pour partie de leur préoccupations concrètes
– installer les choses dans la durée,
– traiter la question du sens…, oser vouloir ré enchanter le monde par la stratégie des petits pas, en se redonnant de la fierté en repartant de l’histoire de son territoire.
Tout en ne perdant pas de vue qu’une initiative, c’est une désobéissance qui a réussi…
Bref, une journée qui redonne de l’énergie … Loos est un vrai message d’espoir, en ces temps de doute sur l’utilité du politique …
Patricia Andriot
Vice-présidente en charge de l’Économie sociale et solidaire
Intervention de Patricia Andriot,
vice-présidente en charge de l’ESS,
dans le cadre du débat budgétaire du 16 décembre
Je souhaiterais revenir sur le rapport concernant l’Insertion par l’Activité Economique (IAE), secteur dont on parle trop peu ou trop considéré comme de la charité économique. Alors même que nous évoquions ce matin la publication de l’INSEE sur la pauvreté en Champagne Ardenne, dont l’évolution est inacceptable.
L’Insertion par l’Activité Economique, qui comprend les chantiers d’insertion et les entreprises d’insertion, illustre parfaitement comment économie et social peuvent interagir et se compléter. Vrai secteur de transition économique, comme l’évoquait le président, pour répondre aux enjeux d’une évolution de l’économie, et de l’innovation en matière économique. L’Insertion par l’Activité Economique explore sur les territoires la mise en place de nouveaux marchés, solvables, de nouveaux métiers, et souvent dans un grand souci de proximité et d’écologie.
Dans les Pôles territoriaux de coopération économiques, les structures de l’IAE jouent souvent un vrai rôle. Et c’est en vertu de ce potentiel économique innovant que je veux faire remarquer que la Région, qui n’est pas chef de file sur le sujet, est bien LA collectivité qui accompagne. Tant sur le plan de la formation, que de l’aide au financement de l’encadrement des équipes et de l’ingénierie.
C’est aussi un bon exemple pour montrer que le développement économique ne passe pas que par l’argent de poche aux entreprises, comme le disait JM.Meunier (Vice-président aux affaires économiques). Je voulais donc prendre le temps d’attirer votre attention sur ce sujet et sur ce secteur trop souvent vu comme le social de l’économie alors qu’il en est un catalyseur innovant.
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Sur le rapport général Economie, je réponds à l’intervention de Rachel Pailllard (UMP) qui qualifie le rapport de la Stratégie 2020 d’occasion manquée.
On ne peut pas accepter d’entendre à la fois des accusations systématiques de « manque de développement économique » et en parallèle, qu’un document, co-construit comme la Stratégie 2020 l’a été, soit mis au pilori de cette manière.
Tant au nom de mon groupe qu’en tant que vice-présidente à l’ESS, je veux redire que nous croyons à l’intérêt de cette stratégie et qu’il nous appartient collectivement de la mettre en œuvre. J’insiste pour dire que nous sommes profondément convaincus que l’économie n’est pas seulement en crise mais bien en mutation, et qu’il nous faut faire preuve d’imagination en inventant de nouveaux modèles économiques. On parle aujourd’hui d’économie collaborative, d’économie circulaire d’économie résidentielle, d’économie positive, d’économie de fonctionnalité… Comment s’y prépare-t-on ? Comment crée-t-on les conditions du développement de ces nouvelles formes d’économie ?
Notre travail est de créer les conditions d’installation, de légitimation de ces économies alternatives. C’est ce que la stratégie retenue doit permettre à condition qu’on se prenne en main pour le faire, et c’est ce que nous demandons.
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Sur l’ESS, je ne veux pas revenir sur le fait que la politique régionale mise en place depuis 2005 prépare largement à ce que la loi va venir entériner, comme Djamila Haddad (Vice-présidente en charge des lycées et de l’apprentissage) l’a expliqué.
Pour insister sur ce qui me semble être une caractéristique de la politique régionale, je souhaiterais que nous ne nous contentions pas de concevoir des dispositifs spécifiques mais bien d’installer systématiquement l’Economie Sociale et Solidaire dans les différentes politiques régionales. Il ne s’agit pas là d’un secteur mais de « modalités » économiques. Nous avons d’ailleurs expérimenté cette transversalité avec les secteurs de la culture, l’agriculture, la formation, l’innovation, la recherche, et bientôt avec la Sylver économie.
Je remercie d’ailleurs sincèrement mes collègues vice-présidents pour leur participation active à ces constructions de politiques cohérentes. Mais aussi les services qui jouent le jeu alors que les cadres ne sont souvent pas naturellement organisés dans ce sens.
Patricia Andriot
Vice-présidente en charge de l’Economie Sociale et Solidaire
Après le débat réussi d’hier à Bar-le-Duc, nous vous rappelons le prochain débat qui se tiendra le mercredi 10 juillet, à 20 h (Salle des Fêtes, 10 rue de Lorraine à CHAUMONT)
En effet, suite à l’annulation des réunions publiques organisées par la CNDP dans le cadre du débat public sur CIGÉO, il semble opportun de proposer à tous ceux qui avaient l’intention d’y participer, la possibilité de venir s’informer, exposer son avis, poser ses questions, échanger…
Quand cela sera possible, un aménagement original des salles facilitera les échanges.
Des personnalités politiques et scientifiques seront présentes pour répondre à toutes les questions. Néanmoins les experts locaux, dont Bertrand THUILLIER sauront être à la hauteur. Ces réunions sont publiques, gratuites et ouvertes à tous les citoyens, à tous les militants (y compris ceux opposés au principe du débat public), quelles que soient leur position vis à vis de CIGÉO, leur religion, leur idée politique, etc.
Rappelons que les radionucléides n’ont pas de couleur !
Venez nombreux, CIGéo nous concerne tous.
Par ailleurs, la CNDP a annoncé hier l’évolution des modalités de son débat : réunions de proximité, débats contradictoires par internet, conférence citoyenne cahiers d’acteurs, report de la date limite ; il faut aussi utiliser cette voie pour produire des cahiers d’acteurs et faire entendre la voie des opposants : Toutes les voies d’expression doivent être utilisées.
http://www.debatpublic.fr/
Refondation de l’école :
une réforme ambitieuse qui demande du temps, de la concertation et de l’imagination…
Par Patricia Andriot, vice-présidente du Conseil régional
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Mardi 15 mai 2013, à l’issue de son assemblée générale, la Ligue de l’Enseignement Haute-Marne organisait un débat sur la réforme des rythmes scolaires.
Eric Favet, secrétaire national de la Ligue de l’Enseignement, a expliqué qu’après près de 20 ans de débat, un consensus existe aujourd’hui sur le diagnostic d’une école « de raffinerie des meilleurs ». Claude Lelievre, spécialiste de l’éducation, a d’ailleurs rajouté l’idée que l’on cherche à élever le plafond alors qu’il faudrait rehausser le plancher…
Bref, tous les indicateurs montrent que le système est très performant pour les meilleurs, et très déficient pour les plus en difficultés. Nous assistons donc non seulement à une dégradation des résultats mais aussi à une exclusion. L’école de la République ne fait plus son travail et le constat est douloureux pour tous : enfants, enseignants et parents.
Sortir de ce système semble faire consensus, et c’est bien la volonté du ministre, entre autre, dans la loi sur la Réfondation pour une école plus juste.
Pour autant, cela ne suffira pas. En effet, sur 12 années de vie, à l’entrée au collège, un enfant a dormi 4 ans (moins qu’il y a 30 ans), a vécu 4 années domestiques et familiales, a été un an à l’école, un an derrière les écrans de TV, un an derrière les autres écrans, et un an d’activités de loisirs organisés (éducation non formelle). L’éducation informelle a donc un poids beaucoup plus important que l’école.
Aussi l’évolution de l’école se fera autant via une réforme que par la valorisation de l’éducation informelle, et ce tout au long de la vie.
Or, la culture et l’organisation de la société française est particulièrement caractérisée par la confusion entre réussite personnelle-professionnelle et réussite scolaire. L’école est le pivot déterminant de son « orientation de vie ».
Une « déscolarisation de la société » semble nécessaire. Et c’est ce qu’essaye visiblement d’introduire Vincent Peillon. La loi en projet esquisse une alliance entre éducation formelle et éducation informelle… vraie nouveauté qu’il faut saluer. Néanmoins, cette alliance ne pourra vivre et donner des résultats qu’avec du temps et qu’à la condition qu’elle soit vraiment mise en œuvre sur le terrain.
Le directeur des services académiques a confirmé les choses et précisé quelques conditions de mise en route parmi lesquelles les notions de projet et de confiance, confiance aux acteurs éducatifs notamment. La future loi ne parle d’ailleurs pas de rythmes mais bien de projets éducatifs territoriaux. Faire confiance aux enseignants pour qu’ils osent l’innovation et l’expérimentation. Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé, des ajustements, des formes originales d’organisation sont possibles. Enfin, il s’agit aussi de la formation des enseignants, la place du numérique, et la continuité du parcours éducatif entre autre.
Les débats ont aussi été alimentés par deux élus de Chalindrey et Arc-en-Barrois, deux seules communes du département à mettre en place le projet éducatif territorial dès la rentrée 2013.
Le rendez-vous s’est terminé sur une invitation de l’Inspection à diffuser largement et rapidement cette approche positive de la loi. Les structures d’éducation populaire locales ont confirmé leur mobilisation dans l’accompagnement de ces pactes éducatifs territoriaux, et y compris en mobilisant un autre dispositif gouvernemental que sont les emplois d’avenir.
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Montceau-sur-Sambre, Belgique, le 26 avril,
Organisé par SAW-B ASBL, Solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises (Fédération pluraliste d’entreprises sociales et d’économie sociale)
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Retour sur la table ronde
par Patricia Andriot, vice-présidente en charge de l’ESS, parmi les intervenants invités
À travers les diverses interventions (Hervé Knecht, secrétaire général du groupe Altereos, Tourcoing, communauté urbaine de Lille Métropole, Arnaud Pinxteren, député au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale…) et des ateliers, l’idée était de discuter des enjeux de l’Économie Sociale et Solidaire pour les territoires et d’échanger sur les conditions de son développement.
Le regard croisé de français et de Belges ici a permis de mieux cerner le poids de l’institution et les avancées européennes pour simplifier et harmoniser la législation.
J’ai pour ma part insisté sur le contexte particulier d’une ESS au pied du mur. Dans le contexte actuel de mutation économique, et d’impasse du modèle dominant, l’Économie Sociale et Solidaire bénéficie d’une certaine reconnaissance voir d’une institutionnalisation. En France, par exemple, la création d’un ministère spécifique et bientôt une loi en sont la démonstration.
Cependant, elle doit faire les preuves de sa capacité à ne pas rester un supplément d’âme, une simple cerise sur le gâteau. Mais bien d’être un levier de changement des principes de gouvernance de l’économie classique.
Pour cela, on peut mettre en évidence 3 leviers clefs confirmés par tous les intervenants :
– le décloisonnement nécessaire des secteurs, des acteurs, et des politiques publiques ;
– la reconnaissance de la notion d’utilité sociale ;
– la crédibilisation avec des projets concrets qui se multiplient.
Or, pour avancer sur ces trois points, force est de constater que la reconnaissance de l’institution est fondamentale. L’incarnation doit se faire au niveau du territoire, à l’échelle du bassin de vie qui est le lieu pertinent de la concrétisation du projet.
Les échanges de la table ronde comme de la matinée ont aussi permis d’identifier les outils à activer pour progresser :
L’innovation sociale, le droit à l’expérimentation, la simplification, l’articulation des niveaux et en internes des services, le respect de l’autonomie des structures, et l’accès aux dispositifs de droits communs pour l’ESS.
Quelle éducation pour quelle société ?
Osons sortir du modèle du 19ème siècle
Philippe Meirieu à Chaumont
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Plus de 100 personnes ont assisté ce mardi 19 mars à la conférence de Philippe Meirieu, le pédagogue et praticien lyonnais aujourd’hui vice-président de la Région Rhône- Alpes, délégué à la formation tout au long de la vie. En organisant sa venue, le comité local sud Haute-Marne d’Europe Ecologie les verts, souhaitait soulever la question de quelle éducation pour quelle société ?
Philippe Meirieu nous a ainsi invité à nous reposer les questions fondamentales qui régissent les principes organisateurs de l’école aujourd’hui. Qui éduque et pourquoi ? Quels grands enjeux pour l’éducation ? Quels leviers d’action ?
Qui éduque et pourquoi ?
Le panorama des acteurs éducatifs met en évidence le paradoxe d’une école désacralisée à qui on demande toujours plus, sans les conditions qui permettent de s’adapter au monde qui change. L’école se retrouve mise en porte à faux entre des familles laissées bien seules pour répondre à des questions de plus en plus complexes, un milieu associatif très malmené depuis 10 ans, et un poids envahissant des médias.
Face à cette complexité croissante et mal accompagnée, les grands enjeux éducatifs tournent autour de 3 mots : sursoir, symboliser, et coopérer.
Sursoir, car la pensée ne nait que de notre capacité à sortir de l’acte d’immédiateté.
Symboliser qui permet de se représenter la permanence de l’objet, de relier les savoirs à la mise en contexte,
Coopérer pour profiter de l’enrichissement par les différences.
Ce sont là les 3 verbes qui permettront à la fois à l’individu éduqué de retrouver du plaisir dans l’acte d’apprendre, de se construire un imaginaire de nature à relever les défis de la société actuelle.
Au lieu d’être organisée autour d’une logique exclusivement comptable et gestionnaire, et pour que l’École tende vers ces valeurs, 3 leviers possibles doivent être repensés avec audace : le travail en équipe, l’évaluation comme processus éducatif bienveillant et non sanctionnant et enfin la formation continue des enseignants.
À travers des questions d’actualité, des rythmes scolaires à la carte scolaire, Philippe Meirieu s’est efforcé de montrer comment, en ouvrant des possibles, on peut construire une école autrement. La condition : avoir le courage de refonder les choses, faire preuve d’inventivité, et oser penser autrement. C’est bien là le grand défi collectif qui est encore devant nous.
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