Soutien à Christophe Lehodey.
Vendredi 11 février 2011
Le 24 janvier dernier, le Tribunal de grande instance de Caen a prononcé la condamnation du comédien Christophe LEHODEY à restituer un trop-perçu d’indemnités chômage d’un montant de 35 447, 38 € avec intérêts, et aux dépens, ce qui l’oblige en sus à s’acquitter des frais de justice des deux parties, soit plus de 1 000 € supplémentaires.
Samia Chehab, Maire-adjointe de la ville de Caen, déléguée à l’Innovation culturelle est stupéfaite par ce jugement : « Serait-ce à quoi on s’expose, aujourd’hui, quand on est artiste et que l’on exerce son métier, tout simplement ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : M. LEHODEY est accusé d’avoir travaillé, et ce notamment auprès de publics particuliers, enfants ou personnes handicapées ! »
Christophe LEHODEY, actuellement au RSA et touchant moins de 500 € par mois, se voit condamné à verser sans délais l’équivalent de 70 mois des revenus qu’il touche aujourd’hui, en raison d’une appréciation pour le moins particulière de la pratique de son métier, et ceci pour des faits datant d’il y a plus de sept ans… Depuis 2005, il a d’ailleurs perdu son statut d’intermittent du spectacle.
Samia Chehab s’inquiète : « Ce jugement, sans égal et sans précédent dans notre pays, risque malheureusement de faire jurisprudence, et d’entraîner dans les mois à venir, la condamnation de nombreux autres artistes pour pratique « non conforme » de leur profession. Après le détricotage progressif du tissu culturel et artistique français, l’Etat poursuit ici avec l’appauvrissement programmé d’individus riches de savoirs et avides de transmission : les artistes » et souhaite instamment que « les artistes puissent continuer de partager leurs univers créatifs et poétiques avec tous, et particulièrement avec les plus jeunes et les plus fragiles d’entre nous ».
Pascale Cauchy, Vice-présidente au Conseil régional de Basse-Normandie en charge de la Culture, s’insurge : « Il est des jours où la proximité de certaines informations fait bondir ! Quand deux ministres du Gouvernement, et non des moindres, ne pensent pas à mal en confondant vie privée et mission d’État… de l’autre un intermittent se voit réclamer 35 000 euros de trop perçu ! Les premiers, sans doute depuis le début de leur carrière, ont considéré comme normales et dues à leur personne les facilités liées à leurs fonctions. Pour le second, partager son art avec des enfants faisait partie de son métier » et note le terrible parallèle : « le Gouvernement supprime 359 postes d’enseignants dans notre académie et un artiste est empêché de faire découvrir aux enfants un autre langage, un autre rapport aux autres, une voie pour se construire comme citoyen ! ».
Pascale Cauchy déplore à nouveau : « une situation qui se reproduit partout en France, une situation de pauvreté dans le monde du spectacle, une non-reconnaissance du rôle de la culture dans l’éducation, la formation » et forme un vœu : « il est temps d’en finir avec cette hypocrisie, de donner un statut respectueux des artistes et de nous tous en tant que citoyens… ».
Pascale CAUCHY, Vice-présidente au Conseil régional de Basse-Normandie en charge de la Culture et du Patrimoine
Samia CHEHAB Maire-adjointe de la ville de Caen, déléguée à l’Innovation culturelle