Politique énergie de la région : 3 questions à Marine Lemasson, Déléguée à l’énergie

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A quoi ressemble une politique régionale de l’énergie dans la région la plus nucléarisée du monde ?

Une politique régionale de l’énergie est indispensable dans toute région, mais encore plus particulièrement dans la notre, justement parce que la Basse-Normandie a été par le passé sacrifiée à l’atome. Nous, écologistes, portons l’idée que la transition énergétique, la sortie du nucléaire, doit se faire en répondant aux besoins sur l’ensemble du territoire avec les ressources les plus locales possible: production et consommation au plus près de la ressource ! Ce sont tous ces petits pas d’aujourd’hui qui rendront pour demain la sortie du nucléaire possible: réduction des consommations (rénovation des logement, transports durables, process industriels, …) et production renouvelable (méthanisation, éolien, hydrolien, solaire thermique, power to gas, réseaux intelligents, …). Nous sommes en phase d’amorçage et préparons la massification. Nous ne voulons pas faire des travaux pour obtenir seulement une labellisation et compter les maisons BBC, mais bien pour réduire la consommation d’énergie du territoire. Idem pour la production d’énergie renouvelable : nous souhaitons tirer le maximum des potentialités locales, écologiquement, économiquement et socialement. Mais nous ne voulons pas d’un feu de paille!

Nous travaillons donc à donner un avenir durable à ces objectifs. C’est le sens de la charte bois-bocage votée lors de la dernière plénière, ou l’accompagnement des territoires en transition (et particulièrement des citoyens qui s’impliquent), mais aussi du travail initié sur le tiers financement des rénovations des logements privés. Parce que la transition énergétique, pour moi, élue écologiste, cela doit être partout, et accessible à tous.

Quelles sont les actions menées au bénéfice des habitants dans le cadre de cette politique ?

Nous souhaitons répondre aux besoins immédiats et à long terme des habitants et des entreprises de la région. Ainsi, lors de la plénière de décembre, j’ai présenté un nouveau dispositif de chèque éco-énergie qui bénéficiera à 3000 foyers bas-normands pour des audits énergétiques et des travaux d’économie d’énergie. Ces aides compléteront la politique Habitat Solidaire et Durable qui a comme objectif la rénovation BBC de 400 logements et la montée en compétence des entreprises du bâtiment. Elle devrait rapidement prendre une nouvelle ampleur, notre objectif étant d’atteindre 4000 rénovations de logements privés par an d’ici 2020, 10 000 logements en tout par an si l’on compte les rénovations  engagées par les bailleurs sociaux. Cette politique a l’objectif d’accompagner et de construire une filière artisanale locale compétente sur la rénovation énergétique, seul gage de conserver ces entreprises et ces emplois locaux, malgré la concurrence des majors du bâtiment ou de l’énergie. Elle pourra ainsi réaliser nos objectifs ambitieux.

Quelles sont les pistes futures à développer ?

Si nous nous satisfaisons que les énergies marines renouvelables deviennent, à la place du nucléaire, l’aventure industrielle de notre région, nous devons veiller à l’équilibre avec d’autres sources d’énergies renouvelables (l’éolien terrestre par exemple) mais aussi avec des politiques territoriales non centralisées, certainement moins « voyantes » mais plus efficaces. J’ai fait voté une politique de « territoire en transition énergétique » pour une autonomie maximale qui oblige au développement de projets citoyens. Autre défi : la poursuite de l’amélioration de l’efficacité des énergies renouvelables et la construction d’une gestion territorialisée et intelligente de l’énergie.

Comme sur beaucoup de sujets, il n’y a pas de solution miracle en matière d’énergie, mais un bouquet d’actions à mettre en œuvre suivant les spécificités locales. C’est ce que j’essaye de faire à la Région, au quotidien.

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