Plénière du 09 avril 2015, intervention de politique générale par François Dufour

fdtribune

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Notre assemblée est réunie ce jour avec un programme et un ordre du jour très riche, où une fois de plus nous allons développer et décider de nombreuses politiques, avec des engagements financiers importants.

Une assemblée qui se tient quelques jours après l’élection des conseils départementaux. J’en profite d’abord pour féliciter au sein de notre assemblée de nouveaux élus ayant fait le choix de s’engager au sein de l’assemblée de leur département devenue enfin partiaire !

Deux mots autour de ces élections qui, une fois de plus, confirment le désintérêt de la moitié des électeurs qui ne sentent plus motivés par une participation au scrutin, confirmation que les citoyens sont déçus, fâchés, usés parfois de politiques qui ne leur donnent pas envie; d’autres très nombreux, expriment la colère en donnant leur voix au FN.

Les résultats de ces élections doivent tous nous interpeller. Le sentiment d’abandon est fort dans toutes les catégories sociales. L’économie débridée, dérégulée, la concurrence inégale, les choix politiques des Etats à l’OMC décidés dans les années 90 /2000 ne font que provoquer l’aggravation des inégalités – perte de repères pour certains, sentiment d’abandon et absence de perspectives pour d’autres ; médiatisation négative permanente face aux choses de la vie, sont autant d’éléments qui ne font qu’accentuer la distance entre les institutions et la population !

Et pourtant l’action des collectivités, la nôtre par exemple en lien avec le conseil général de la Manche a permis et permet que des politiques volontaristes réparent de nombreux dégâts économiques et sociaux.

Comme par exemple les AIM ; alors que le monde de l’économie traditionnelle, “investisseurs”, système bancaires abandonnent en chemin leurs métiers. Celui de faire vivre une filière, celle du porc dans notre région où tant d’éleveurs remplissent leurs misions au quotidien, celles de produire et de valoriser le territoire.

Comment aurions-nous pu laisser s’éteindre le seul abattoir de porc normand au cœur du bocage avec 390 emplois direct à Ste Cécile et 4 à 5 fois plus d’emplois par déclinaison (transport, fabrication d’aliments, etc.) Les AIM, c’est 60% des débouchés issus de cette entreprise qui trouvent une consommation régionale (les bouchers, les GMS, les collectivités, les ateliers de transformation, etc.).

C’est bien grâce à cette volonté politique et à l’intelligence de notre président de région et du président du Conseil général 50, qui ont su dépasser les clivages politiques pour donner un sens à l’intérêt général et au bien commun que nous avons pu réussir car il n’y a avait pas eu la SEM Imagine, AIM serait rayé de la carte !

Dans le bassin d’emplois du centre Manche, du bocage virois, la chute des AIM, c’est un cataclysme impossible à chiffrer dans une prise en compte globale si nous n’avions pas été là.

Heureusement les salariés que nous devons saluer, remercier, soutenir, encourager et aider, ont relevés le défi, celui d’une carence économique et financière qui attendait peut être la dernière minute et l’extinction finale de l’outil pour récupérer la matière première à transformer, suivi d’une valeur ajoutée non négligeable malgré tout sans oublier les fichiers clients des AIM…

Aujourd’hui, deux bonnes nouvelles : une nouvelle société se construit autour de la sauvegarde du site d’abattoir de Ste Cécile et des ateliers de transformation,  et le rapprochement de la coopérative CAC 50 normande avec la CAM de la Mayenne et terruna en Loire Atlantique : celles-ci souhaitent et se sent officiellement engagés à faire vivre la chaine de Ste Cécile.

Alors, comment être étonné que plus de 400 bulletins considérés nuls portaient le sigle AIM aux élections départementales à Villedieu les Poêles ?

Alors certes, tout est fragile et tout va rester fragile. Sans oublier les 150 emplois non renouvelés que nous ne pouvons abandonner et qui doivent être accompagnés, certes par l’Etat, mais aussi par nous tous afin qu’ils ne perdent pas espoir. Leurs souffrances sont terribles, je les ai vus, et leur santé abimée par 4 mois d’angoisse.

Au cours de notre assemblée, nous aurons à débattre de l’avenir de la SNANCO à Cherbourg. Centre de transformation des viandes du Nord Cotentin, cet outil territorial est une nécessité absolue pour plusieurs raisons. Nous y reviendrons.

Certes l’engagement des collectivités locales peut et doit sauver l’outil et préparer l’avenir de la filière d’élevage. Alors que nous sommes désormais “autorité” de gestion des fonds européens nous, collectivité territoriale, avons fait le choix d’écrire dans notre plan de développement rural (et nous voterons sans doute 12 mesures phares en faveur de l’agriculture) que l’élevage, colonne vertébrale de l’économie normande devait résister et se stabiliser durablement dans le paysage et dans le bocage !

Parce que notre volonté politique est intacte, nous avons préparé et grâce à une large concertation, décidée que les soutiens financiers de la région, des co-financeurs et de l’Europe, devraient consolider l’économie agricole et agroalimentaire de la Basse-Normandie en lien avec les attentes des citoyens de cette région. Economie, social, environnemental, le tout s’inscrit dans la « triple performance ».

Depuis le 1er avril, c’est encore tout chaud, après avoir vécu 30 ans jour pour jour, le quotas laitiers nous abandonnent. Il y a beaucoup d’angoisse de ne plus connaitre d’outil de régulation et de gestion chez les producteurs. Il y a les sceptiques qui préfèrent abandonner désormais la production. Et puis il y a ceux qui en rêvaient et qui désormais vont foncer vers le rêve blanc !

Je ne me risque pas à donner des perspectives de bilan avant d’avoir les chiffres mais je m’inquiète de voir que le lait produit dans la ferme des 1000 vaches atterrit en Basse-Normandie. Dans une économie ouverte ou chaque producteur devient le concurrent de son voisin, où l’on sait que 2% de volume en trop sur la marché mondial peuvent provoquer 10% de chute des prix il est de notre rôle de nous engager auprès des paysans afin que les aides publiques consolident le capital productif des exploitations renforcent l’autonomie alimentaire des élevages afin que ceux-ci ne puissent prendre le risque d’être la proie des traders du commerce des aliments de bétail en provenance des autres continents !

Et je ne peux chers collègues que vous donnez aussi notre d’inquiétude devant le débat très engagé entre la commission européenne et le continent américain autour du TAFTA, ce grand marché transatlantique qui risque déposséder les Etats et les citoyens de leur choix d’un modèle économique approprié à leurs besoins, les multinationales imposant le modèle standard et leur norme écrasante contre la diversité des peuples et des cultures !

Nous serons bientôt amener à en reparler !

Et puis permettez-moi enfin de vous donner mon ressenti et mon amertume autour de l’énième avatar de la construction notre très cher EPR. Cher car de 3 à 9 milliards cela ne fait que 300% d’augmentation et de surcouts avec des pièces défectueuses qui se fendillent avant d’avoir chauffé !

La France qui prétend en faire un gros pilier du plan export des années futures dévient légèrement ridicule ! Alors, oui avec 9 milliards d’euros, les centaines de milliers d’emplois dans les énergies renouvelables, auraient permis la transition exégétique en abaissant même les couts de production de nos produits sortant des ateliers et donc plus facile à exporter…

De même le portefeuille de tous les français serait in peu oxygéné or, l’augmentation du cout de cette mascarade financière va nous laisser des séquelles dans les budgets des familles ! Nous, les écologistes continuerons à demander l’arrêt et l’abandon de cet EPR, couteux, inutile, dangereux, en espérant qu’il n’est pas une bombe à retardement !

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