3 questions à

Jade Lindgaard, journaliste à Médiapart, est l’auteur de « Je crise climatique » aux éditions La Découverte.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Au départ, j’ai souhaité enquêter sur les raisons de l’inertie de notre société face à l’ampleur du dérèglement climatique, et plus généralement, comprendre pourquoi, collectivement, nous ne sommes pas écolos. Je me suis rapidement rendue compte qu’il y avait une forte part d’affectif dans ce blocage et que la question devenait vite «  pourquoi on n’aime pas l’écologie  ».

Existe-t-il des barrières -notamment mentales- au changement quant à nos modes de vie si nécessaire pour gagner la bataille contre le réchauffement climatique ? 

Oui, j’en suis persuadée. Elles sont pour moi de deux ordres  : psychologique, le mécanisme de «  dissonance cognitive  », c’est-à-dire de comprendre un phénomène mais de faire comme s’il n’existait pas  ; et affectif  : c’est ce que j’appelle l’ «  ego climat  », un néologisme pour désigner notre plaisir de pollueurs, à nous, habitants des pays industrialisés. Une boule d’inconscient, de frustrations, d’injonctions contradictoires, de pulsions et de désirs. Son terrain de prédilection est l’automobile, l’avion, internet, les grandes surfaces et leurs imaginaires.

Peut-il y avoir un déclic ? Quelles sont les solutions ?

Il nous faut nous déprivatiser, remettre du public dans notre espace privé, penser une politique des modes de vie. Les normes sociales évoluent  : plus les citoyens adapteront leurs gestes routiniers à leur souci de l’environnement, plus ils seront susceptibles d’exiger des comptes de leurs dirigeants.