Les élus inquiets du dernier exercice de crise nucléaire de la Hague (LDGC)

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Article de la Gazette des communes, publié le 01 mars 2012 (ici), qui reprend une dépêche AFP sur le bilan de la simulation d’accident nucléaire de la Hague. Clara Osadtchy, membre de la Commission Locale d’Information y est citée (son témoignage avait été publié par Rue 89 en décembre, re-lire ici).

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Sirène parfois inaudible, maire pas informé, population indifférente : élus locaux et syndicalistes ont exprimé jeudi 1 mars 2012 scepticisme et inquiétude lors d’une réunion bilan du dernier exercice de crise autour de l’usine Areva de La Hague, le site qui concentre le plus de matières radioactives en Europe.

« J’ai eu l’impression qu’il n’y avait pas eu du tout d’exercice » le 8 décembre dernier, lance Jacques Hamelin, maire de Digulleville, qui jouxte l’usine de retraitement de déchets nucléaires de Beaumont-Hague (Manche).

Mauvaise communication – Si l’Etat tire un bilan globalement positif du fonctionnement de ses services, les autres avis ont été plutôt mitigés pendant la réunion de la Commmission locale d’information (CLI) du site, qui réunissait élus locaux, syndicalistes, antinucléaires et industriels. Même le directeur de cabinet du préfet de la Manche, Bruno Lemaire, concède que « tous les maires ne sont pas forcément joignables facilement ». « On s’est aperçu lors de cet exercice que le réseau peut très bien ne pas passer. Il faut qu’on (y) réfléchisse », dit-il.

La perception de l’alarme semble également problématique : « on s’aperçoit qu’aujourd’hui de plus en plus de gens ont du double vitrage. Certains peuvent ne pas entendre la sirène », reconnaît-il aussi.

 

Indifférence des riverains – La conseillère régionale Europe Ecologie Environnement les Verts (EELV) Clara Osadtchy trouve « très inquiétant » qu’il ait fallu « 40 minutes » à l’Etat « pour se connecter en audioconférence avec Areva et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) parce que les codes téléphoniques n’étaient pas les bons ». Au-delà c’est l’indifférence des riverains qui la préoccupe car « la population est dans le déni ».

Valérie Lejuez, vice-présidente EELV de la CLI et professeur de musique à 20 km de Beaumont, estime que les autorités manquent de « crédibilité ». Alors que la consigne est de se confiner chez soi, « un de mes élèves m’a dit : J’ai demandé à papa – qui travaille dans le nucléaire – ce qu’il fallait faire. Il m’a répondu  : vous n’écoutez pas ce qu’on vous dit. Vous partez tout de suite. Ce n’est pas rassurant non plus », déplore-t-elle.

Yannick Rousselet, chargé des questions nucléaires de Greenpeace France, va même jusqu’à se demander si les exercices ne sont pas « contreproductifs ». « Au collège, les élèves en retard rentraient malgré les affiches (indiquant que l’établissement était confiné). On a entraîné les gamins à ne pas respecter le panneau », déplore-t-il.

 

Intérêt d’un exercice de crise – Pour le délégué syndical FO du site Areva Yann Perrotte, « les décideurs eux-mêmes sont convaincus qu’il n’y aura pas d’accident. A partir de là je ne vois pas comment on peut convaincre population du bien fondé » des consignes de sécurité.

Au-delà, pour beaucoup, c’est le périmètre de l’exercice qui est inapproprié, sur 5 km autour de l’usine, alors qu’au moment de l’accident de Fukushima « le Japon a envisagé un temps d’évacuer Tokyo, 35 millions d’habitants, à 200 km de la centrale », comme le souligne Mme Osadtchy.

« Et quid des touristes ? Nous avons dans la Hague des lieux très prisés, avec aucune communication possible. On a 500 enfants en permanence (à) la Hague l’été, on a une (augmentation de la présence de) scouts, difficile de les prévenir également », relève Yveline Druez, le maire PS d’Urville-Nacqueville.

Et l’ancien eurodéputé Verts Didier Anger de soupçonner les autorités de craindre de « faire du tort au tourisme » en se focalisant sur ce point.

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