Débat à Saint-Lô : intervention de Marine Lemasson

Marine LEMASSON, Conseillère Régionale et Vice-présidente du Groupe Europe Ecologie Les Verts :

« Bonsoir, je suis également habitante de Cametours, non loin de la gare de Carantilly, sur la ligne Coutances – Saint-Lô. Le projet est en effet séduisant. Si seulement on pouvait tout financer… Ce n’est actuellement pas le cas, dans un monde où le modèle économique est en crise.
Comment financer dans ce cas plusieurs projets ? On peut prendre l’exemple donné tout à l’heure, pour le valider, du développement économique du territoire. On sait que Caen (pour prendre comme exemple notre capitale régionale) est la 35ème ville en termes de population en France, alors qu’elle est la 10ème ville la plus éloignée de Paris. En ce sens, il est difficile de prendre le critère de l’enclavement comme celui d’un facilitateur ou d’un limitateur du développement économique.

Je reviens également sur la question de mon collègue : « que sait-on du fait que cela puisse faciliter ou pas le développement économique ? ». Je connais personnellement une étude à ce sujet, je ne dis pas que c’est la seule et que toutes vont dans ce sens, mais Marie DELAPLACE, de l’Institut Français d’Urbanisme, a montré que l’on allait plutôt vers une délocalisation des entreprises au sein du territoire, et non pas venant d’un territoire autre : venant par exemple de petites zones urbaines, suburbaines, pour aller vers des villes dont l’attractivité est plus grande. Donc, on va plutôt vers une concentration économique dans quelques grands pôles, au sein de ce territoire-là. Est-ce vraiment ce que l’on souhaite ? Est-ce ce que l’on souhaite ici, si l’on veut un développement égal du territoire ?

Ensuite, je pense qu’il faut répondre aux besoins du quotidien, et encore plus aux besoins de demain. Nous savons que 80 % des déplacements sont des trajets domicile-travail. Le deuxième poste de dépense des ménages est le transport. Actuellement, le litre de gas-oil est à 1,35 euro ; qu’en sera-t-il demain, alors que son prix ne cesse d’augmenter ? C’est encore plus vrai sur un territoire comme la Manche, qui est moins bien desservi au niveau ferroviaire que d’autres territoires, parce que ce n’est pas forcément évident et ce n’est pas forcément la solution.

Il a été dit tout à l’heure que les gens étaient prêts à payer plus cher pour gagner du temps ; jusqu’à quel point ? Je voudrais donner un autre exemple. Paris – Lille, qui en termes de distance est la même chose que Paris – Caen, mais forcément beaucoup plus rapide puisqu’il y a une ligne à grande vitesse ; le prix du billet avec réservation est : entre 45 et 50 euros, quand entre Paris et Caen on est à 32 euros.

S’adressera-t-on à l’ensemble de la population de manière égalitaire ? Je reprends aussi la phrase : « Je suis prêt à faire le plus gros projet ». Je me demande : pour répondre à quel besoin égal ?

Egalement, la question du financement : l’objectif d’un projet étant un développement plus égalitaire du territoire, en termes de fréquence, d’amplitude (on sait quels besoins il y a sur la ligne Saint-Lô – Caen), quand on a un projet de 10 à 14 milliards d’euros, sachant que la dette du Portugal (qui fait hurler tout le monde) est de 145 milliards d’euros, c’est un projet 10 à 15 fois plus grand que cela. Qui va financer ? Sur quel mode ? Le partenariat public/privé sera-t-il la solution ?

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