De la Hague à Fukushima

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Au-delà de la terrible catastrophe, l’accident nucléaire majeur de Fukushima, en mars 2011, a eu comme conséquence de réinterroger les certitudes de ceux qui pensaient que ce type d’accident était impossible dans les pays dits développés. Pays qui se sont considérablement engagés dans ce mode de production, au cours de la seconde moitié du XXème siècle, à l’image des Etats unis, du Japon et bien évidemment de la France.

C’est dans ce contexte d’accident post-Fukushima qu’un groupe de travail s’est penché sur la prévention et la gestion d’un risque d’accident nucléaire majeur dans le Cotentin. Issu des trois Commissions Locales d’Information (CLI) des installations nucléaires du Cotentin, ce groupe est constitué aussi bien de pro que d’anti-nucléaires : élu-es locaux et régionaux, responsables associatifs, syndicalistes, experts et professionnels du nucléaire.

Pendant 18 mois, il a auditionné les exploitants (EDF, AREVA), les services de l’Etat, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), afin d’évaluer la sûreté et le niveau de sécurité des installations de la Hague au regard du retour d’expérience de Fukushima.

Ce travail, qui doit aboutir sur la rédaction d’un livre blanc fin 2013, s’est complété mi-avril 2013, d’un séjour au Japon. Ce déplacement a permis de rencontrer les autorités nationales, TEPCO (exploitant des centrales nucléaires japonaises), les associations mesurant la radioactivité, ainsi que des élu-es locaux de la province de Fukushima qui gèrent au quotidien les conséquences dramatiques de la catastrophe.

Jérôme Virlouvet faisait parti de la délégation bas-normande. Il a pu ainsi mesurer l’impossibilité de gérer un accident nucléaire : évacuation de dizaines de milliers de personnes, des dizaines de milliards d’indemnisations, la décontamination de milliers d’hectares, la gestion de milliers de tonnes de déchets. Et ce qui est encore plus difficile à évaluer, le traumatisme généré chez tous ces habitants déracinés auprès desquels les autorités et les exploitants avaient toujours vanté avec aplomb un « nucléaire sûr » au risque zéro. Un discours qui ne nous est pas inconnu en France !

Le « retour d’expérience » de Fukushima nous montre une nouvelle fois à quel point il est impossible de prévenir un accident nucléaire majeur, tout comme il est impossible de gérer des conséquences à la fois gravissimes et multiples.

Ce que les écologistes dénoncent depuis des dizaines d’années se vérifie une nouvelle fois dans la réalité au détriment des populations, de l’environnement et des générations futures.

De Fukushima à la Hague, les mêmes certitudes peuvent produire les mêmes résultats, alors sortons de l’aveuglement et par conséquences du nucléaire. Il est plus que temps d’investir dans les économies d’énergie et dans la production d’énergies renouvelables, plutôt que dans la construction d’un EPR ou dans un « retraitement » illusoire des déchets nucléaires.

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