Élu-e-s EELV au Conseil Régional de Basse-Normandie » Tribunes presse http://elus-bassenormandie.eelv.fr Site du groupe d'élus au Conseil Régional de Basse Normandie Wed, 19 Aug 2015 16:23:45 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=4.3.2 Pour un droit universel à la formation tout au long de la vie – tribune avec Yanic Soubien – médiapart – 06 février 2014 http://elus-bassenormandie.eelv.fr/pour-droit-universel-la-formation-au-long-de-la-vie-tribune-mediapart-06-fevrier-2014/ http://elus-bassenormandie.eelv.fr/pour-droit-universel-la-formation-au-long-de-la-vie-tribune-mediapart-06-fevrier-2014/#comments Fri, 07 Feb 2014 11:29:11 +0000 http://elus-bassenormandie.eelv.fr/?p=4502 Alors que le projet de réforme de la formation professionnelle est en discussion au Parlement, les élus écologistes Patricia Andriot, Christophe Cavard, Jean Desessard, Jean-Philippe Magnen, Philippe Meirieu et Yanic Soubien rappellent la nécessité de mettre en place un droit universel à la formation tout au long de la vie, et de marquer « beaucoup plus clairement le renforcement de la compétence des régions ». ...]]>

Alors que le projet de réforme de la formation professionnelle est en discussion au Parlement, les élus écologistes Patricia Andriot, Christophe Cavard, Jean Desessard, Jean-Philippe Magnen, Philippe Meirieu et Yanic Soubien rappellent la nécessité de mettre en place un droit universel à la formation tout au long de la vie, et de marquer « beaucoup plus clairement le renforcement de la compétence des régions ».

Le mercredi 22 janvier, Michel Sapin a présenté en Conseil des ministres le projet de loi relatif à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale. Le débat parlementaire commence cette semaine et devrait aboutir fin février. Il sera décisif.

La formation tout au long de la vie concrétise la capacité qu’une société donne à chaque individu de remettre en jeu son projet professionnel, de se former librement à un métier, d’acquérir des connaissances nouvelles, bref de pouvoir décider d’évoluer à tout moment de sa vie, et tout cela dans un cadre sécurisé. Elle concerne évidemment, en priorité, ceux et celles qui n’ont pas pu bénéficier d’une formation initiale solide ainsi que ceux qui sont touchés par le chômage ou la précarisation de leur emploi. C’est pourquoi elle peut être un élément majeur d’une grande ambition de transformation sociale : en donnant à chacune et à chacun les moyens d’avoir prise sur sa propre histoire, en luttant contre les inégalités et les exclusions, en retissant le lien entre les générations, en s’inscrivant dans la perspective d’un vrai partage du travail, en accompagnant la nécessaire transition écologique de notre économie. Parce que toutes ces questions sont fondamentales pour l’individu et pour la société, l’enjeu autour de ce texte est majeur.

Le texte qui nous est proposé agrège la mise en œuvre de l’Accord national interprofessionnel de décembre sur la formation professionnelle continue, des dispositions concernant la démocratie sociale dans l’entreprise, une série de mesure sur la décentralisation prévues initialement dans le deuxième volet de la « loi de modernisation », des dispositions sur l’apprentissage (mais qui ne prévoient pas son financement) et un « cavalier » sur l’inspection du travail pour le moins problématique.

Devant le rassemblement de sujets aussi différents, et face aux enjeux sociétaux que porte la formation tout au long de la vie, force est de reconnaître que le texte, tel qu’il est présenté aujourd’hui, ne constitue, à nos yeux, qu’une première étape à laquelle plus de souffle doit être donné.

En ce qui concerne, plus particulièrement, la formation professionnelle continue, ce texte esquisse une évolution remarquée, mais ne marque pas « l’avancée décisive » attendue. C’est pourquoi les écologistes souhaitent que les parlementaires lui fassent opérer un saut qualitatif dans deux domaines au moins : d’une part, en œuvrant délibérément à la mise en place d’un « droit universel à la formation tout au long de la vie » ; d’autre part, en marquant beaucoup plus clairement le renforcement de la compétence des régions – qui constituent le bon échelon dans ce domaine – avec une réelle clarification de la gestion des moyens, afin de mettre vraiment en cohérence l’ensemble des politiques publiques en matière d’orientation, de formation et d’accès à l’emploi.

Le texte de loi qui nous est proposé est le fruit du dialogue social, et, à ce titre, il marque un changement de méthode à saluer. La principale « avancée » relevée par tous est le passage du droit individuel à la formation (DIF) au compte personnel de formation (CPF). La création du CPF était attendue depuis longtemps. C’est un progrès car, d’une part, il est attaché à la personne et, d’autre part, mobilisable sur la seule initiative de son bénéficiaire (en dehors du temps de travail), que l’on soit salarié ou demandeur d’emploi. On peut ainsi espérer que la formation devienne enfin plus accessible à ceux qui en ont le plus besoin : salariés les moins diplômés, demandeurs d’emploi, seniors, jeunes sans qualification, travailleurs temporaires et à temps partiel, artisans, etc. Mais, quantitativement, l’augmentation est trop modeste – on passe de 120 heures sur 6 ans, avec l’ancien DIF, à 150 heures sur 9 ans – et ce crédit ne suffira pas pour acquérir une qualification complète. S’il peut permettre à des salariés d’effectuer une « formation complémentaire » ou une « mise à niveau », il est  encore très loin de permettre à des personnes éloignées de l’emploi de repartir sur de nouvelles bases. C’est pourquoi il faut absolument rendre possible l’augmentation de ce plafond, par accord avec les branches professionnelles, et permettre d’en compléter le financement par l’apport d’organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) ou des collectivités territoriales. Mais encore faudrait-il que les régions, qui sont en charge des demandeurs d’emploi, voient leurs moyens augmenter : actuellement, elles peinent à proposer une formation à deux chômeurs sur dix. Et, si rien ne change dans ce domaine, les demandeurs d’emploi resteront les plus défavorisés, bénéficiant des formations existantes sans amélioration particulière de leur sort. L’enjeu est majeur : le signal donné par ce texte en faveur des demandeurs d’emplois doit être beaucoup plus clair. Notre pays ne peut pas se contenter de proclamer, la main sur le cœur, qu’ « il vaut mieux se former que chômer », si rien ne montre concrètement que les demandeurs d’emploi bénéficient fortement de la solidarité nationale.

Tel qu’il est présenté aujourd’hui, le compte personnel de formation indique donc modestement le chemin, mais sans aller assez loin dans le sens d’un droit universel à la formation tout au long de la vie. Il risque, de fait, d’être très insuffisant pour lutter contre les inégalités et est bien loin des propositions écologistes d’un “droit universel à la formation tout au long de la vie” : un droit qui aurait le double mérite d’activer les solidarités intergénérationnelles et de permettre le partage du temps de travail, un élément fondamental pour lutter contre le chômage.

Une autre ambition majeure du texte est de clarifier les modalités de la responsabilité de la formation tout au long de la vie. Partisans résolus de la décentralisation pour mettre les politiques publiques au plus près des citoyens et des territoires, les écologistes regrettent vivement qu’on n’aille pas jusqu’au bout de cette logique et que, notamment, la question du financement,  évidemment essentielle, ne soit pas totalement clarifiée. En d’autres termes, le transfert aux régions de nouvelles compétences risque de ne pas être accompagné du transfert des moyens nécessaires. De plus, le texte reste également au milieu du gué en matière de gouvernance de la formation des demandeurs d’emploi : les régions en sont chargées, mais d’autres organismes – non décentralisés, comme Pôle Emploi – y interviennent aussi avec des prérogatives similaires, au risque d’incohérences et d’un pilotage tâtonnant. Les années de décentralisation qui nous précèdent ont pourtant montré que les régions savent travailler avec l’Etat et les partenaires sociaux. Soyons clairs : les régions ne réclament pas du pouvoir et nous n’en réclamons pas pour elles ; mais nous réclamons qu’on donne à l’instance régionale les moyens d’une politique cohérente. Aujourd’hui, on accroît leurs charges, mais sans accroître ni leurs moyens financiers ni leurs moyens d’intervention : voilà qui permettra, très vite, de trouver le bouc émissaire si le « miracle » n’est pas au rendez-vous !

Nous sommes convaincus que la région est le bon échelon pour traiter – en même temps, avec tous les acteurs concernés et au plus près des territoires – des questions d’orientation, de formation, d’insertion et d’emploi. Nous sommes convaincus que la formation est un outil essentiel de promotion des personnes et de construction du lien social. Nous sommes convaincus que, parce qu’elle parie sur l’infinie richesse des hommes et des femmes, elle peut nous permettre de faire face à la crise écologique que nous devons affronter lucidement. Nous sommes convaincus que la formation est au cœur d’un nouveau modèle de développement, plus juste, plus humain, plus économe en énergie… et que nous ne devons pas nous contenter, ici, d’un toilettage, mais offrir à la France la vision d’avenir dont elle a terriblement besoin.

Patricia Andriot, vice-présidente EELV du conseil régional de Champagne-Ardennes
Christophe Cavard, député EELV du Gard
Jean Desessard, sénateur EELV de Paris
Jean-Philippe Magnen, vice-président EELV du conseil régional des Pays de la Loire
Philippe Meirieu, vice-président EELV du conseil régional de Rhône-Alpes
Yanic Soubien, vice-président EELV du conseil régional de Basse-Normandie

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C’est le déni qui fait les affaires du Front national. Réponse à «Libération» (Mickaël Marie) http://elus-bassenormandie.eelv.fr/cest-le-deni-qui-fait-les-affaires-du-front-national-reponse-a-liberation-mickael-marie/ http://elus-bassenormandie.eelv.fr/cest-le-deni-qui-fait-les-affaires-du-front-national-reponse-a-liberation-mickael-marie/#comments Sun, 03 Apr 2011 12:20:51 +0000 http://elus-bassenormandie.eelv.fr/?p=3883 17 juillet 2010

Mickaël Marie, trésorier national des Verts et conseiller régional de Basse-Normandie, répond au «clergé des raisonnables» qui estime que «la résistance à l’extrême droite impliquerait donc… de se taire».

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Ainsi donc, «le populisme ambiant» ferait «les affaires du Front». C’est Libération qui nous l’apprenait, le 15 juillet dernier, expliquant que le FN ne pouvait que « sortir vainqueur » d’un tel climat de surchauffe. Implacable argument, qui invite tout le monde à la retenue, écrasant les velléités de dissonance sous le poids accablant de la République menacée par les fascistes, les vrais, cette fois-ci. La résistance à l’extrême droite impliquerait donc… de se taire. De se faire discrets. De ne pas en rajouter.

Soyons justes : Libé n’est pas seule à entonner le refrain. L’article emboîte le pas au clergé des raisonnables, pompiers de la vertu publique qui s’étaient déjà reconnus dans le mémorable «Halte au feu» de Simone Veil et Michel Rocard, inquiets de ce que la critique des «affaires» ne nourrisse la «broyeuse populiste». On pourrait déjà, si d’autres ne l’avaient fait avant nous, examiner longuement l’emploi banalisé de ce mot, «populiste», qui dénote une étrange conception, vaguement méprisante, de ce qu’est « le peuple » ou de ce qui est «populaire». Des recherches poussées seraient bienvenues pour comprendre comment ce terme, désignant tout autre chose il y a encore une trentaine d’années, est devenu peu à peu une sorte de synonyme paresseux d’un autre, plus précis : démagogique.

Et la démagogie n’est peut-être pas seulement dans la sinistre rengaine du «tous pourris». Évidemment, il faut mettre en garde : l’immense majorité des élus de notre pays ne sont pas des pousse-au-crime roulant en voitures de fonction, brûlant en cigares et vins millésimés les moyens publics ou usant de l’autorité de leur fonction pour la déchoir en privilèges de parvenus. Les élus de la République sont, pour la plupart d’entre eux, animés par l’esprit public, le souci du service rendu aux citoyens, et ne ménagent pas leur peine pour cela, sans être toujours bien considérés de ceux-ci.

Le rappeler est légitime, et justifie qu’on ne laisse pas grossir la rumeur misérable qui soupçonne indistinctement tous et toutes, les vertueux comme les escrocs. Mais la démagogie, cette flatterie de «la pensée réduite à l’état de Gramophone», serait aussi de brandir l’épouvantail du Front National devant toute critique du comportement des élus, lorsqu’il est délictueux ou moralement condamnable.

Car c’est ce déni, bien plus sûrement que les indignations ou les réprobations – légitimes – devant les manquements, qui reste le meilleur moteur de l’extrême droite. C’est lorsque les pouvoirs, politiques ou médiatiques, donnent aux citoyens ce sentiment d’une solidarité de corps constitué, que la rhétorique du Front National devient tristement plus audible. Ce n’est pas simplement des «affaires» dont la famille Le Pen se réjouit, mais des réactions effarouchées de celles et ceux qui, voyant un ministre attaqué, se sentent obligés de porter secours à la République, nourrissant par là la confusion entre les dérèglements d’un seul et les agissements de tous.

Libération
a raison sur un point : plus que jamais, le Front attend son heure. Raison de plus pour ne pas tomber dans le piège qu’il nous tend. Si l’on veut réellement que ne grossissent ni le Front ni l’abstention, il nous revient de ne pas nous conduire en imbéciles. De ne pas regarder le doigt, lorsque l’on nous montre la Lune.

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Agriculture européenne: choisir la solidarité Tribune publiée dans Médiapart http://elus-bassenormandie.eelv.fr/agriculture-europeenne-choisir-la-solidarite-tribune-publiee-dans-mediapart/ http://elus-bassenormandie.eelv.fr/agriculture-europeenne-choisir-la-solidarite-tribune-publiee-dans-mediapart/#comments Wed, 24 Nov 2010 11:52:14 +0000 http://elus-bassenormandie.eelv.fr/?p=2596 18 Novembre 2010 Par Les invités de Mediapart

Edition : Les invités de Mediapart

Alors que Dacian Ciolos, commissaire européen, présente aujourd’hui la réforme de la Politique agricole commune (PAC), les écologistes  José Bové, député européen, François Dufour, élu de Basse-Normandie, Jacques Muller, sénateur, et Anny Poursinoff, députée, l’appellent à choisir l’innovation face au status quo.

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 En rupture avec son prédécesseur, le commissaire européen à l’agriculture, Dacian Ciolos, prête enfin attention à plusieurs questions fondamentales pour l’avenir de l’agriculture en Europe, et pour l’alimentation de 500 millions de consommateurs.

Le productivisme agricole fait des ravages sur l’emploi  sur l’environnement. Un paysan sur quatre a disparu en Europe alors que le chômage ne cesse de croître. Parallèlement, la concentration de la production animale ou végétale dans les zones économiquement favorables et la spécialisation des territoires a entraîné une grave pollution des eaux, une érosion inquiétante des sols, une perte de la biodiversité avec pour corollaire un exode rural généralisé. Le constat est accablant. S’il est partagé d’un bord à l’autre de l’échiquier politique, les solutions proposées et leur mise en œuvre divergent.

Dacian Ciolos cherche à rééquilibrer la distribution des aides publiques entre les pays et entre les paysans. L’apparition d’une proposition visant à soutenir spécifiquement les «petites fermes» est une évolution importante. Qu’elle émane d’un Commissaire européen originaire d’un des nouveaux Etats membres, la Roumanie, n’est certainement pas le fait du hasard. La crise économique et sociale est encore plus forte dans ces régions.

Créer une prime de base, une aide au revenu, accessible à l’ensemble des producteurs agricoles, contribue à freiner, voire à stopper la désertification des zones rurales. A budget constant, cette mesure passe forcement par la mise en place d’un plafonnement des aides, dont l’application ne doit pas être laissée à l’appréciation des Etats membres. La remise en cause des avantages acquis, c’est-à-dire des références historiques, qui depuis 1992 ont aggravé les disparités entre les régions et entre les paysans, est indispensable pour atteindre l’objectif. La prise en compte du réchauffement climatique et de la dégradation de nos ressources naturelles doit se traduire par des mesures environnementales fortes et novatrices, liées au versement de soutiens financiers par la collectivité. C’est une étape nécessaire pour pérenniser le potentiel productif de nos régions sur le long terme et retrouver une complémentarité entre les cultures et l’élevage. Les propositions de Dacian Ciolos en faveur d’une relocalisation des productions, du développement des circuits courts et de la mise en avant des produits de qualité vont dans le bon sens. Mais elles ne doivent pas pour autant servir de caution morale à la mise en place d’une agriculture duale, forcément bancale.

Face à  ces avancées nécessaires, la communication de la Commission manque d’ambition sur de nombreux points. L’Europe est devenue ces dernières années la première importatrice nette de denrées agricoles. Sa balance commerciale agricole est désormais déficitaire. L’entrée massive de soja pour nourrir les animaux est la raison essentielle de cette perte d’autonomie alimentaire. Cette dépendance accrue par rapport aux marchés mondiaux et la spéculation fragilisent les éleveurs. Elles les privent de toute visibilité économique sur le court terme. La mise en œuvre de la souveraineté alimentaire permettrait d’éviter cet écueil. En réduisant sa production de céréales et en augmentant celle des légumineuses, l’Europe contribuerait à une relocalisation mondiale des productions. Elle ouvrirait la possibilité à d’autres pays, en particulier ceux du Sud, de développer leur propre agriculture vivrière et de maintenir l’emploi agricole.

Autre absence lourde de conséquences: l’abandon des outils de gestion des marchés. Le Parlement européen s’est prononcé au mois de septembre 2010 pour que les agriculteurs aient des revenus équitables. Cela passe, comme l’a reconnu la Commission, par un rééquilibrage des rapports de force entre les différents acteurs de la chaîne alimentaire, les producteurs, les transformateurs et la distribution. L’évolution de ces dernières années montre que le laisser-faire induit automatiquement une baisse des revenus des acteurs les moins structurés, les agriculteurs. La mise en place de mesures permettant une adéquation entre l’offre et la demande est indispensable. Les organisations communes de marché ne sont pas obsolètes. Elles sont au contraire plus nécessaires que jamais.

Dacian Ciolos se trouve à la croisée des chemins. Sa proposition cherche un équilibre impossible entre la continuité et l’innovation. Le énième replâtrage de la PAC n’est pas nécessaire. Le commissaire Ciolos doit choisir l’innovation et ne pas céder aux pressions des intérêts économiques et des plus grands Etats membres qui cherchent à préserver le statu quo.

Les ministres de l’agriculture doivent arrêter de taper frénétiquement sur leurs calculettes pour savoir s’ils sortent gagnant ou perdant. La mise en place d’une politique agricole commune européenne ne se résume pas à l’addition d’intérêts nationaux étriqués. Elle doit s’inscrire dans une vision globale de solidarité entre nos différents peuples et avec les autres régions de la planète.

José  Bové Député Européen Europe Ecologie, Vice-Président de la Commission à l’agriculture et au développement rural
François Dufour, Conseil Régional Europe Ecologie Les verts, Vice-président à l’agriculture de la région Basse-Normandie
Jacques Muller,
sénateur Europe Ecologie les Verts

Anny Poursinoff, députée à l’assemblée nationale, Europe Ecologie Les Verts

]]> http://elus-bassenormandie.eelv.fr/agriculture-europeenne-choisir-la-solidarite-tribune-publiee-dans-mediapart/feed/ 0 L’appétit des spéculateurs aura des conséquences sociales désastreuses Tribune publiée dans Le Monde http://elus-bassenormandie.eelv.fr/lappetit-des-speculateurs-aura-des-consequences-sociales-desastreuses-tribune-publiee-dans-le-monde/ http://elus-bassenormandie.eelv.fr/lappetit-des-speculateurs-aura-des-consequences-sociales-desastreuses-tribune-publiee-dans-le-monde/#comments Tue, 24 Aug 2010 11:51:11 +0000 http://elus-bassenormandie.eelv.fr/?p=2594 24.08.10 | 13h40 Le Monde

En Russie et en Europe les sécheresses provoquent un recul des productions de céréales. Si les phénomènes climatiques que connaissent l’Union européenne, la Russie et la Chine sont à l’origine d’une baisse des productions, les répercussions économiques qu’elles entraînent pour les paysans sont, quant à elles, provoquées par la forte dérégulation des marchés et une spéculation effrénée sur ces matières premières agricoles.

Alors que l’ensemble des expertises officielles s’accordent à rejeter toute réelle possibilité de pénurie pour l’alimentation du bétail, le prix du blé a bondi de 70 % en un mois : de 130 euros la tonne début juillet à 224 euros la tonne aujourd’hui.

Depuis que la Russie – troisième exportateur mondial de blé – a décrété un embargo sur ses exportations jusqu’à la fin de l’année, les spéculateurs et, en particulier, les fonds de pension sont sur le pied de guerre, achetant les matières premières agricoles à tour de bras. Leur appétit aura très vite des conséquences sociales désastreuses.

Les émeutes de la faim qu’ont connues en 2008 les pays du Sud, alors que la tonne de blé atteignait 298 euros sous les effets de la spéculation, sont encore dans tous les esprits. Tous les ingrédients qui avaient conduit à cette situation sont, hélas, de nouveau présents. Les prix vont continuer d’augmenter et de connaître de fortes fluctuations que l’inévitable remontée des cours du pétrole ne pourra qu’aggraver.

Force est de constater que depuis 2008, tout a été fait, au nom de la simplification de la politique agricole commune (PAC), pour réduire à néant les outils européens existants de gestion des marchés alors qu’il fallait mieux maîtriser les marchés, réduire la dépendance aux importations de denrées alimentaires, entraver l’extension des agrocarburants au détriment des cultures vivrières, constituer des stocks d’urgence.

A partir de ce constat, les décideurs se sont convaincus de l’importance de relancer les investissements dans l’agriculture. Le revers de la médaille, c’est la ruée sur les terres arables de certains Etats et groupes privés qui mettent à mal le développement d’une agriculture paysanne, pourtant seule à même de répondre aux problèmes de la faim et de pauvreté des pays du Sud.

LE PRIX DES CÉRÉALES EXPLOSE

En France, la montée des prix frappe de plein fouet les éleveurs. Les régions de l’Ouest et de montagne, grandes productrices de lait et de viande, sont les plus fortement touchées. A l’inverse, les céréaliers français voient leurs revenus s’accroître considérablement alors même que plus d’un tiers des aides de la PAC – 20 milliards d’euros sur 54 milliards – leur sont déjà alloués.

Le prix des céréales explose, ceux du porc et de la viande bovine baissent, tandis que le prix du lait reste en dessous des coûts de production. Les éleveurs qui ont opté pour des systèmes herbagers – qui respectent l’environnement et leur apportent une plus grande autonomie pour l’alimentation du bétail – seront les plus injustement touchés par l’augmentation des prix des céréales, et donc de l’alimentation animale, alors qu’ils sont parmi les moins aidés par les dispositifs publics.

La loi de modernisation de l’agriculture (LMA) ne fera qu’accentuer la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des firmes agroalimentaires, malgré un faux discours sur la régulation des productions. C’est là toute l’absurdité d’un système d’aides européennes essentiellement orientées vers la production intensive plutôt que vers le soutien des emplois dans l’agriculture durable. L’OMC, l’Union européenne et le gouvernement français continuent la politique du « laisser faire » au nom du libéralisme économique.

Devrons-nous attendre une nouvelle crise alimentaire aux conséquences dramatiques pour que l’Union européenne se préoccupe enfin des paysans ? Nous demandons une modulation des aides compensatoires, afin qu’un quart des aides PAC 2010 aux céréaliers (5 milliards d’euros) soit redirigé vers les éleveurs et vers des politiques de coopération internationale.

Il est temps d’amorcer une transformation écologique et sociale de notre modèle agricole. Cela passe par un encadrement fort des marchés afin de garantir des prix justes pour les producteurs, tout en préservant le pouvoir d’achat des consommateurs. La réforme de la PAC qui s’amorce constitue une opportunité unique pour remettre à plat les orientations stratégiques de la politique agricole européenne. C’est un nouveau contrat entre la société et ses paysans qu’il nous faut construire.


José Bové, eurodéputé Europe Ecologie ; René Louail, paysan, conseiller régional Europe Ecologie au conseil régional de Bretagne ; François Dufour, paysan, vice-président d’Europe Ecologie de Basse-Normandie ; Serge Morin, paysan, vice-président Europe Ecologie de Poitou-Charentes.

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