AIM : retour par François Dufour sur 3 mois de lutte

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Hier, le tribunal de Commerce de Coutances a accepté l’offre de reprise partielle du site d’AIM de Sainte Cécile, sauvegardant 276 salariés sur 590. Il s’agit d’une offre sous forme de SAS (et non d’une SCOP comme cela à pu être envisagé) soutenue par la région, le département de la Manche et l’État.

Les deux collectivités ont été depuis le début aux côtés des salariés, travaillant de façon concertée et intelligente. Le département de la Manche et le Conseil régional ont abondé la société d’économie mixte Imagine (que nous avons créée en 2013 pour soutenir et permettre la continuité du site d’AIM) dont le capital a été porté en janvier à 2 millions d’euros spécifiquement pour soutenir la filière. Ce soutien fort a été proposé aux différents repreneurs. De son côté, l’État, via la Banque Publique d’Investissement prête 2,5 millions d’euros. La signature de Macron a été obtenue de haute lutte ce week-end.

Il y a donc un peu de satisfaction aujourd’hui, même s’il y aura des licenciements, de voir que la lutte coordonnée des salariés, des syndicats et des collectivités paye, non pas contre l’Etat mais contre le marché, contre le modèle économique productiviste.

Les épisodes ont été douloureux à vivre, surtout pour les salariés qui ont vécu depuis Noël 3 mois d’incertitude, 2 projets de reprises retirés et 5 audiences au tribunal !! mais la plupart, loin d’être résignés, s’est battue jusqu’au bout, et il faudra continuer à se battre pour que la nouvelle entreprise vive et pour que la filière porcine ne sombre pas dans la faillite, victime d’un modèle dont elle a bénéficié certes, mais qui est une impasse, comme nous le savons. Il y a eu sans aucun doute une imprévoyance de ceux qui ont porté ce modèle quant à son évolution, d’où l’importance d’avoir des collectivités au contact rapproché pour alerter sur les mutations et amortir les chocs.

Notre devoir d’écologiste, au moment du grand rendez vous de la CoP 21, est de travailler sur l’émergence d’un modèle territorial qui sécurise la filière porcine, sans antibiotique, avec une réelle volonté de valorisation et de transformation de proximité. Au moment où la région Basse Normandie, autorité de gestion des fonds européens , vient de valider son plan de développement rural auprès de la commission européenne il n’était pas concevable qu’elle ne s’investisse pas pleinement.

Il faut se souvenir que si AIM avait fermé totalement, cela aurait été bien plus que 600 salariés mais probablement plusieurs milliers, par effet dominos, qui auraient été supprimés avec des conséquences sociales et écologiques pour notre région. Maintenant, il nous reste du travail : aider la future entreprise et faire qu’elle soit durable, au bénéfice de notre région et construire un modèle durable pour la filière porcine, et l’agriculture dans notre région.

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