Qualité de l’air : les mesures d’urgence sont nécessaires mais très insuffisantes !

smog-pollution-air-ville+3202003

L’alerte à la pollution aux particules fines de ces derniers jours, qui étonne par son ampleur (30 départements) et sa durée, ne doit surtout pas masquer ou éluder les questions et enjeux de fond, de santé publique, liés à l’air dans toutes ses dimensions et sa complexité (air extérieur/intérieur, polluants faisant l’objet de mesures réglementaires ou non …).

En tant qu’élu/es régionaux écologistes, nous reconnaissons bien entendu la nécessité d’agir en actionnant un dispositif de mesures temporaires dans les situations de pic (gratuité des transports collectifs, circulation alternée, réduction de la vitesse sur les grands axes routiers, zones urbaines interdites aux poids lourds…), et de ce point de vue nous soutenons les positions politiques déjà exprimées par EE-LV, tant au niveau national que local. Tout ceci est nécessaire, mais très insuffisant.

Ce que nous avons maintes fois demandé s’impose aujourd’hui.

Nous souhaitons interpeller plus largement et plus fortement les pouvoirs publics sur le besoin d’une vision, d’un courage politique et d’une mise à l’agenda beaucoup plus globale et volontariste du sujet air. Rappelons que la France s’illustre malheureusement dans ce domaine, depuis la fameuse loi de 1996 (instauration des agences agrées pour la surveillance et la qualité de l’air), par une force d’inertie et une capacité à faire la politique de l’autruche assez incroyables ! Et ce, malgré les études sanitaires épidémiologiques qui sont de plus en plus nombreuses et précises (OMS, étude européenne Aphekom…) à pointer la diminution de la durée de vie des habitants de grandes villes.

Ne restreignons surtout pas le sujet de la qualité de l’air en France à la mise en place ou non de la circulation alternée à Paris !

Ce que nous attendons aujourd’hui au plus haut niveau de l’État, c’est :

  • Une révision en profondeur du projet de loi transition énergétique : contenu et  modalités d’examen à l’Assemblée Nationale, le  volet « air » dans cette future loi se résume actuellement à… quelques lignes. C’est presque indécent. Il faut impérativement que ce texte soit examiné par une commission spéciale, mixte, associant des parlementaires, des commissions économie et développement durable, afin de pouvoir dépasser, déjouer les pressions et le lobbying industriels (en l’occurrence des constructeurs automobiles, des routiers sur le diesel et du monde agricole sur l’usage des pesticides) et donc faire prévaloir l’intérêt général dans un traitement structurel des problèmes de qualité de l’air
  • Une circulaire du Ministre de l’Écologie vers les préfets pour demander une activation effective immédiate des Plans de Protection de l’Atmosphère (PPA) déjà adoptés (7 sur 11). Annoncer l’adoption des 4 derniers plans d’ici juillet est insuffisant. Aujourd’hui ces outils pertinents sont trop technocratiques, méconnus et peu investis par les citoyens et les acteurs socio-économiques, alors qu’ils contiennent des mesures adaptées et efficaces pour agir à moyen/long terme sur la réduction des émissions polluantes.
  • Des annonces précises sur l’appui technique, financier de l’État aux collectivités locales pour la mise aux normes des Établissements Recevant du Public (ERP) accueillant des jeunes enfants en matière de qualité de l’air intérieur (réglementation qui entrera en vigueur en janvier 2015).
  • Une  initiative nationale forte sur les polluants non réglementaires, tels que les Particules Ultra Fines (PUF), PM2,5 et les pesticides. Nous demandons au Ministre de l’Écologie de réunir les agences de surveillance de l’air et les régions déjà investies de façon volontaires sur ces sujets (notamment AIRAQ) afin de mettre en route l’élaboration de cette réglementation au regard des enjeux sanitaires de plus en plus prégnants.

Bernard Péré, Président du groupe EE-LV au Conseil régional d’Aquitaine, pour le groupe des élu/es EE-LV – 06 74 19 84 43
Peggy Kan̤al, D̩l̩gu̩e au Plan Climat Р06 82 25 09 40

Remonter