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Les Roms et Tsiganes d’Europe : en marge ou en marche ?

Les Roms et Tsiganes, interpellateurs silencieux et efficaces de nos sociétés démocratiques, vivent en marge (et à la marge) de nos cités. Restent-ils en marge ou se sont-ils mis en marche ?

Unis, par-delà leurs différences, ils constituent un peuple éparpillé, sans territoire, et sans pouvoir autre que celui d’être ce qu’il est : inassimilable, irréductible et présent, porteur d’une culture forte, parlant une langue belle.
Leur poids démographique (dix à douze millions), leur vitalité, leur ancienneté en Europe, leur place dans l’histoire du XXe siècle, n’autorisent pas à penser, sans eux, l’Europe en cours d’élargissement.
Se voulant parmi les tout premiers des Européens, les Roms et Tsiganes, mettent en évidence nombre de contradictions :
« Sans terre », ils récusent notre culte de la propriété qui nous rend, nous, les gadjé, inaptes à comprendre ce monde qui n’appartient, in fine, à aucun des mortels. Leur philosophie sans concession, plus globale qu’argumentée, bloc de refus et de résistances pratiques, récuse les valeurs admises du progrès croissant, de la réussite individuelle, du travail-emploi, du temps contraint ou de l’espace distribué. La liberté liberticide du gadjo met le Rom en péril constant, et il le sait : il a connu l’esclavage dès le XIVe siècle et le génocide au XXe.
Aux deux tiers résidant à l’est de l’Europe, moins nomades que « déplacés » par les diverses intolérances dont ils sont l’objet, moins « voyageurs » qu’en quête d’espaces économiques provisoires et renouvelables nécessaires à leur survie, les Roms et Tsiganes ne peuvent accepter d’être immobilisés au sein de l’espace de Schengen autant et plus que les résidents non communautaires !
Soit citoyens de seconde zone (comme les 300 000 Français tsiganes, qui, depuis plusieurs générations, sont nos concitoyens, par le sol autant que par le sang !), soit étrangers demandeurs d’asile (comme les quelques 4000 à 5000 Roms de Roumanie systématiquement et impitoyablement refoulés), les Roms et Tsiganes d’Europe ne sont nulle part chez eux mais sont partout écartés du bénéfice du droit commun antidiscriminatoire auquel ils pourraient théoriquement prétendre !
Après le séisme éradicateur nazi déclenché contre eux par le IIIe Reich, (un temps d’épouvante et d’exterminations dont les Roms et Tsiganes d’Europe n’ont jamais pu faire complètement le deuil, autant parce que leur culture ne se fonde pas sur la transmission écrite que parce que cet holocauste-là fut, très vite, « oublié » par nos sociétés), une conscience nouvelle s’est installée : l’adaptabilité ne suffit plus ; les tueries peuvent reprendre tôt ou tard ; la pérennité tsigane n’est pas acquise ; l’Europe est une chance et une menace confondues. Il est venu, pour eux, le temps d’entrer dans le domaine du politique non pour y conquérir des pouvoirs mais pour tenter de survivre !
Les Tsiganes hongrois de Zamoly avaient, de haute lutte, obtenu, à Strasbourg, le droit d’asile. Les Roms de Roumanie, au milieu de leurs soutiens français, ont, à leur tour, osé descendre dans la rue ! Les premières manifestations de Tsiganes français déclenchées par l’adoption de la loi Sarkosy ont eu lieu, encore à Strasbourg, puis à Paris. L’éventualité d’inscriptions plus nombreuses sur les listes électorales est évoquée. Du jamais vu... Pourtant, le neuf, dans cette irruption du politique en milieu tsigane, ne se situe pas dans l’entrée en politique de ces Tsiganes, mais dans l’utilisation du politique comme outil de résistance et de perpétuation historique d’une culture tout aussi menacée par le libéralisme sans véritable projet rival qu’elle le fut, hier, par l’assimilationnisme communiste ou l’extrême violence fasciste.

En marche autant qu’en marge, donc, les Roms et Tsiganes d’Europe ? Qui le sait ? Rien ne leur est jamais acquis, mais ils demeurent, en pleine mutation transnationale, un peuple prêt à affronter l’avenir. Partout, y compris dans le « trou » géographique européen où devrait « s’achever » la construction politique communautaire (les Balkans), les Roms (appellation « politique ») et Tsiganes (désignation « scientifique ») sont là, incontournables, actifs, vivants.
Répondre à leurs interpellations, de moins en moins muettes, au moment où quelques millions d’entre eux vont entrer, le 1er janvier 2007, avec la Roumanie et la Bulgarie, dans l’Union européenne, est devenu un grave enjeu de société.
Jean-Pierre Dacheux


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