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Proposition de mémento culture à l’usage des candidats aux régionales de 2010
Ce mémento doit être exhaustif mais concis, adaptable à chaque région mais généraliste (toutes les régions n’ont pas le même profil), et de haut niveau bien que lisible. Il s’appuie sur un consensus de la commission culture, et s’inscrit dans le droit-fil des recommandations précédentes, qu’on relira avec profit (européennes 2009, municipales 2008, ... cf. site commission culture des Verts).
Il s’agit là d’une proposition à amender définitivement le vendredi 25 septembre 2009.
Il se décline en trois chapitres :
1) les principes de l’écologie culturelle
a) pratiques et consommation culturelles
b) co-construction des politiques publiques
c) territoire
e) transversalité
d) "bio-diversité" culturelle
2) ce qui, en matière culturelle, peut rentrer dans les compétences obligatoires d’une région, et les recommandations y afférant.
a) développement économique
b) aménagement du territoire
c) environnement
d) formations professionnelles
e) universités et recherches
3) ce qui peut être d’usage culturel commun en termes de compétences facultatives, et recommandé par les Verts
a) soutien à la création et à diffusion
b) coopération culturelle décentralisée
L’Ecologie Culturelle, un projet régional (Verts / Europe Ecologie)
1) principes d’écologie culturelle :
L’écologie culturelle s’appuie sur le respect de droits.
A ce jour, le Droit culturel s’appuie sur trois textes (Déclaration de Fribourg, Déclaration de l’Unesco sur la diversité culturelle, Agenda 21 Culture) dont la connaissance et la compréhension semblent indispensables à quiconque souhaite se mêler de politiques culturelles publiques, et qu’il convient de faire ratifier dans les meilleurs délais par l’Autorité Régionale.
De ces textes découlent quelques principes simples et incontournables :
a) la Culture et les Arts ne se résument pas à des objets de consommation. Les pratiques culturelles et artistiques de tous les habitants sont au cœur des politiques culturelles publiques, que ces pratiques soient professionnelles ou non.
Par conséquent, il ne peut être fait de distinction systématique de valeur entre telle ou telle manifestation culturelle ou artistique, au seul motif qu’il s’agit d’Art « Noble ou Populaire », « professionnel ou amateur ». Et l’accompagnement de ces pratiques doit être soutenu de manière permanente.
b) Comme les autres, les politiques culturelles publiques s’appuient sur une co-élaboration permanente avec les habitants et les professionnels, qu’il convient d’organiser. L’institution ne saurait se substituer aux opérateurs et artistes. Démocratie et transparence.
Les orientations esthétiques ou programmatiques ne sauraient dépendre d’un seul groupe d’individus cooptés, encore moins de directives émanant de Paris ou de Bruxelles. L’institution régionale accompagne le développement culturel, elle ne le décrète pas.
c) La Culture et les Arts sont l’expression des habitants du territoire. Ils sont conditionnés par celui-ci, et subissent les conséquences des autres politiques publiques de ce territoire (par ex. éducation, tourisme, économie, etc...), de même qu’ils les influencent.
A l’échelon régional, cette influence croisée est permanente, et implique donc une vision systémique « trans-services régionaux », de même qu’une participation active de l’élu(E) à la Culture à toute négociation d’orientation stratégique générale.
d) Evoluant sans cesse depuis la nuit des temps, les esthétiques ne se limitent pas à des patrimoines finis qu’il convient bien sûr de protéger, de mettre en valeur, et de partager avec tous les habitants, mais elles sont aussi la somme d’influences croisées, de métissages, d’initiatives individuelles ou collectives, et cette somme constitue pour la région une richesse inestimable, en perpétuelle expansion, qu’il convient de favoriser par tous moyens publics.
A l’échelon régional, on recommandera des mesures qui laisseront respirer ces tentatives, et on gardera la diversité au centre des politiques culturelles publiques. On mettra en exergue la valeur ajoutée qu’apportent les Arts et la Culture à tous les niveaux de la politique régionale.
2) Ce qui, en matière de Culture et d’Arts, doit entrer dans les compétences obligatoires d’une Région :
Quasiment toutes les compétences des régions touchent à la Culture, de près ou de loin.
a) Création et soutien d’activités et emplois.
Au moment où se pose cruellement la question de la survie de nombreux statuts professionnels du secteur, il est impératif d’aborder la question du développement de l’Economie Sociale et Solidaire de la Culture et des Arts en régions, qui, sans évacuer les responsabilités de l’Etat ou des communes, peut offrir une réponse partielle de qualité à ces questions. Plusieurs mots-clefs doivent guider cette action : autonomie économique du secteur, circuits courts de diffusion, système de solidarité d’un sous-secteur à l’autre, aides régionales spécifiques pour l’emploi individuel et la formation (« intermittents régionaux »), financement solidaire (cautionnement bancaire, taxation du tourisme dépendant des artistes, etc...), mutualisation de « l’exportation hors-région », mutualisation des recherches de financement « hors-Culture » (Europe, institutions internationales), couveuses d’entreprises et d’activités culturelles, industries culturelles locales, etc...
b) Aménagement du territoire :
Bien au-delà de l’offre égalitaire de spectacles ou de biens culturels, l’aménagement culturel du territoire passe par la plus grande équité possible en termes de lieux de proximité, y inclus de lieux de pratique, ainsi qu’en terme d’accompagnement et d’expertise de proximité, ou encore en terme de diversité de disciplines artistiques, ré-introduisant ainsi les principes et méthodes de l’Education Populaire.
c) Environnement
Comme toute activité humaine, les pratiques culturelles et artistiques (en particulier les festivals et le tourisme culturel) impactent notablement l’environnement. Un diagnostic environnemental de toutes ces activités est indispensable, assorti de mesures préventives et correctives, mesures qui devront être prise en compte au moment des décisions de soutien financier.
d) Enseignement, deuxième cycle secondaire, formation.
Renforcement de la présence des Arts et de la Culture au sein des lycées et les centres d’apprentis, en particulier par la présence des artistes in situ. Implication/sensibilisation du corps professoral par des actions conjointes et durables. Renforcement de la formation continue des métiers concernés.
e) Recherche scientifique, culture scientifique et sciences citoyenne
Pour une science véritablement humaine, on favorisera toute mesure ou toute initiative rapprochant scientifiques et artistes, ainsi que toute opération de vulgarisation auprès du grand public.
3) Ce qui est d’usage culturel commun en terme de compétences facultatives, à quoi les Verts/Europe Ecologie recommandent d’apporter le plus grand soin
a) soutien à la création et à la diffusion
Une vision systémique/transversale du développement culturel territorial implique nécessairement un principe de cohérence entre création, diffusion, qualité de la vie, équité, effets durables. Par exemple, on ne privilégiera pas une politique de festivals qui n’enrichira pas tout au long de l’année le développement culturel des habitants, ou encore, on ne privilégiera pas des œuvres de création ou des artistes qui n’auraient aucun lien avec le territoire (il existe d’autres guichets plus appropriés à cette forme de soutien, en particulier les DRAC et surtout les communes et les intercommunalités). Toute forme de soutien financier devrait s’appuyer sur une bonne prise en compte de chacun de ces facteurs.
b) coopération culturelle décentralisée
La coopération culturelle décentralisée est d’ores et déjà mise en œuvre dans de nombreuses régions, mais elle connaît des fortunes diverses, se limitant trop souvent à un supplément de communication extérieure. Il convient de l’encadrer par des principes et objectifs définis dans la plus grande transparence, de soumettre les choix géographiques à des priorités humaines (le but de la coopération culturelle n’est pas de "marquer un territoire"), de remplacer les liens de dépendance par des liens de compagnonage équitables entre artistes/opérateurs culturels, de favoriser les échanges durables plutôt que l’évènementiel, de faire en sorte qu’elle ne soit pas déconnectée de l’ensemble des habitants des régions concernées.
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