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Les régions veulent une méthode pour avancer
Agrocarburants
Rapport final de l’étude sur les agrocarburants
Vous pouvez télécharger le rapport complet en 2 parties, ainsi que le
résumé synthétique.
Agrocarburants
Les régions veulent une méthode pour avancer
http://www.localtis.info/servlet/ContentServer ?c=artJour=Localtis%2FartJour%2FartJour=1221030013320
L’Association des régions de France (ARF) a fait réaliser une étude
scientifique indépendante sur les avantages et les inconvénients des
carburants verts. A partir de cette analyse, elle compte fournir aux
exécutifs régionaux un guide méthodologique pour éclairer leurs
décisions d’aides aux filières et contribuer au débat national et
européen en la matière.
Les agrocarburants sont-ils la solution d’avenir pour remplacer les
énergies fossiles ou représentent-ils un nouveau danger en contribuant
à la déforestation et à la hausse des prix alimentaires ? Le débat est
aujourd’hui très vif un peu partout dans le monde et au niveau
européen, l’objectif du paquet énergie climat visant à incorporer 10%
d’agrocarburants dans l’essence et le gazole d’ici 2020 est de plus en
plus controversé.
Pour tenter d’y voir plus clair, la région Aquitaine a commandé pour
le compte de l’Association des régions de France (ARF) une étude
critique sur les méthodes utilisées jusqu’à présent pour évaluer
l’impact environnemental des agrocarburants.
Confiée au Centre d’énergétique des Mines de Paris, cette étude
s’attache dans une première partie à décrypter la méthode d’analyse du
cycle de vie (ACV), outil couramment utilisé dans l’industrie pour
évaluer l’empreinte écologique d’un objet ou d’un procédé, de sa
conception à sa disparition, et pointe les difficultés de son
application pour l’analyse des carburants végétaux. Dans une deuxième
partie, elle compare les études publiées filière par filière en
Europe, aux Etats-Unis et au Brésil en mettant en évidence les écarts
importants qui existent entre elles, écarts dus en grande partie à des
différences méthodologiques. Enfin, elle dresse une analyse critique
de l’extension prospective de ces études utilisant des scénarios
d’amélioration de rendements aussi bien au niveau agricole qu’à celui
de la transformation. Elle reproche notamment à ces travaux de
négliger "divers effets de l’accroissement des quantités de carburants
végétaux produits aux horizons étudiés au niveau de la valorisation
des co-produits" et de ne pas prendre en compte les effets du
changement climatique sur l’évolution des rendements agricoles.
L’étude conclut à la nécessité de poursuivre les travaux pour
permettre aux bilans ACV de couvrir de façon plus pertinente les
impacts engendrés par les carburants végétaux, notamment l’évolution
du carbone du sol, la question de l’eau et les gaz à effet de serre
autres que le CO2.
Intelligence collective
Pour les régions, fréquemment sollicitées pour soutenir le
développement des filières d’agrocarburants, l’étude est éclairante à
plus d’un titre. "Nous avions besoin d’avoir un regard distancié sur
des études contradictoires, certaines mettant en avant le fait que les
agrocarburants réduisent la dépendance énergétique et les émissions de
gaz à effet de serre, d’autres estimant qu’ils coûtent plus d’énergie
qu’ils n’en fabriquent, a souligné Didier Jouve, vice-président du
conseil régional Rhône-Alpes et président de la commission
développement durable de l’ARF, lors de la présentation de l’étude ce
10 septembre. Or il n’y a pas de réponse définitive valable partout.
Selon le contexte local, les procédés de fabrication, la façon
d’utiliser les sols, la filière choisie peut être vertueuse ou
néfaste. A l’évidence, sur ces opérations, il est nécessaire de
s’entourer d’avis divers et de faire appel à l’intelligence
collective."
Selon lui, avant de s’engager, les régions doivent se poser quelques
questions essentielles : comment cultive-t-on la plante ? comment la
transforme-t-on ? sur quelle distance la transporte-t-on ? quels sont
les impacts sur la ressource en eau, sur les forêts, sur la
biodiversité ? y a-t-il un risque d’appauvrissement des sols ? Elles
doivent aussi veiller à ce que dans l’utilisation des terres,
l’alimentation reste prioritaire.
"Aujourd’hui, la filière d’agrocarburant la plus vertueuse se trouve à
la Réunion, à partir de la canne à sucre, a illustré Didier Jouve.
Toute la plante est utilisée dans un circuit industriel court, sans
recours à des intrants et sans porter atteinte aux ressources en eau.
L’équilibre des sols est maintenu et la filière soutient l’économie
locale."
Pour que les régions puissent apporter des réponses fines, adaptées au
terrain et décider en bonne connaissance de cause, l’ARF va s’appuyer
sur l’étude du Centre d’énergétique des Mines pour leur fournir dans
les tout prochains mois un guide méthodologique. "Nous sommes
interpellés à la fois par les entreprises produisant des
agrocarburants et par les agriculteurs voulant remettre en culture des
friches ou irriguer des terres, a souligné Alain Rousset, président de
la région Aquitaine et de l’ARF. Les décideurs locaux ont aujourd’hui
besoin d’une grille d’analyse pour répondre à ces questions complexes
qui nécessitent une approche globale, multicritères."
L’ARF va aussi communiquer les résultats de l’étude au gouvernement et
aux instances européennes. "Elle montre que pour être pertinente en
termes d’environnement, la question des agrocarburants doit se poser
dans un contexte local, a insisté Alain Rousset. On voit bien que l’on
est incapable aujourd’hui d’évaluer le bon seuil d’incorporation
d’agrocarburants dans les transports et qu’il faut davantage raisonner
en termes qualitatifs que quantitatifs et de manière globale sur les
substituts aux énergies fossiles."
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