Lundi dernier, les acteurs de l’art et la culture en région étaient mobilisés à Valenciennes pour une journée d’action : l’Art en campagne. Les compagnies, les théâtres, les musiciens, les plasticiens étaient réunis pour échanger sur les difficultés aujourd’hui à inventer et mettre en œuvre des projets artistiques sur les territoires avec les habitants. En première partie une économiste est venue présenter le rapport commandé par les ministères de la culture et des finances, paru récemment et qui tend à prouver que la culture contribue au développement économique, à la création d’emploi et à l’augmentation du PIB…

Est ce une bonne nouvelle ?

Faut-il se réjouir que nous en soyons à légitimer le financement de la culture avec des arguments économiques et financiers?

Avons-nous donc perdu la conviction que l’art est cette expérience qui nous fait grandir individuellement et sentir plus proche des autres dans ce sentiment partagé ?

Ne peut-on craindre que cet argument ne se retourne demain contre les artistes quand une autre étude démontrera finalement qu’il n’y a finalement pas vraiment de création de richesses…marchandes et d’emplois…rentables ?

La réunion s’est terminé sur une résolution d’associer beaucoup plus les acteurs de la culture aux politiques culturelles dans le cadre de « conférences permanentes des arts et de la culture sur les territoires ».

Vincent Dhelin

Proposition d’une conférence permanente des arts et de la culture sur les territoires, proposée par le collectif régional Arts et Culture en NPDC !

Une évidence partagée par tous : l’artiste est au cœur de la création culturelle et son oeuvre est un indéniable moyen de retisser des liens sociaux, de créer des connexions, de fédérer les énergies,  de susciter des moments de partage et d’échanges et finalement créer du sens.

Pour autant, la place de l’artiste n’est pas que sur le plateau. Elle est aussi, aux côtés des décideurs, des partenaires financiers, de l’institution, des médiateurs de l’action culturelle et artistique. De par les projets qu’ils sont en capacité de développer, de par leur interprétation de l’espace public, les artistes ont leur mot à dire dans la définition de l’action culturelle et artistique, à laquelle ils sont amenés à participer, pour pouvoir mieux la réinventer. Mieux, les artistes, qu’ils soient seuls, en collectifs ou en compagnies, doivent pouvoir être les co-constructeurs des politiques culturelles définies institutionnellement. Par leur expérience, leur engagement dans des projets participatifs ou dans des actions artistiques, ils ont développé un savoir, une connaissance, une expérience en la matière.

Nous appelons donc à la création de nouveaux cadres de discussion et de concertation, notamment par la mise en place d’une Conférence Permanente des Artset de la Culture.

Elargir et renouveler la notion d’espace public. Donner à la démocratie des assises nouvelles. Permettre une politique culturelle plus transparente, une meilleure anticipation, une réelle concertation qui donneraient sens à la co-construction. Une Conférence Permanente des Artset de la Culture peut être l’outil fédérateur dont tous les artistes et acteurs culturels, quel que soit leur niveau de responsabilité, ont besoin pour mieux penser et agir une politique culturelle conforme à l’agenda 21 de la culture, aux accords de Fribourg et à la charte de l’Unesco.

Pourquoi Conférence ? Parce que nous désignons par là, au sens étymologique du mot, une assemblée. Mais une assemblée qui loin d’être sourde peut se manifester bruyamment dans le paysage. Quelque chose est à entendre ! Ensemble.

Pourquoi Permanente ? La structure ainsi créée, n’est pas de circonstance, pour gérer un évènementiel ou préparer une élection. Il s’agit bien d’un outil permanent, lieu d’élaboration, d’échanges et de mutualisation et de construction en commun d’un projet culturel de territoire et de ses applications concrètes.

Conférence et Permanence définissent un espace pour travailler ensemble à la construction des politiques publiques de la culture. Avec les Elus, les artistes, les responsables d’établissements culturels et avec les citoyens, inventons des rencontres régulières pour élaborer ensemble un projet culturel sur chaque territoire. À travers sa mise en œuvre, se réalise un nouvel élément concret de démocratie participative. Les décisions politiques s’y enrichissent de la vision toujours singulière et parfois inattendue émanant tant des artistes, que des élus et de l’ensemble des acteurs culturels d’un territoire. Donner corps à une réalité imprévisible. Lui accorder une réelle consistance. Condenser dans l’acte politique pragmatisme et fonction poétique. Faire droit au rêve, à l’invention et à l’utopie. Mettre la culture à sa place, au cœur même de la Politique !

Pourquoi Arts et Culture ?

Evaluation des besoins concernant les artistes, formation et traitement de l’émergence, accueil et mise en résidence d’artistes sur les territoires, développement des réseaux d’échanges et de diffusion, politique d’éducation artistique et d’accessibilité des citoyens à l’art. Voilà qui justifierait amplement la qualification d’artistique. Mais encore ? Pourquoi cantonnerions-nous ou réduirions-nous la Culture à sa seule approche artistique, si importante soit-elle ? Il est évident que le culturel renvoie à une vision plus large et partagée de la problématique, plus anthropologique et que la participation citoyenne doit y trouver sa juste mesure. On connaît l’assertion « l’art c’est l’exception, la culture c’est la règle ». C’est au final la juste cohabitation de l’une et de l’autre qui doivent définir la Conférence Permanente des Arts et de la Culture.

Communautés de communes et agglomérations ?

Une redistribution des cartes est en cours. La loi de décentralisation sera maîtresse d’œuvre de cette redistribution. Les agglomérations et communautés de communes sont aujourd’hui les enjeux d’une nouvelle étape de la décentralisation et permettraient une nouvelle ambition pour un développement culturel des territoires avec le soutien de l’état, de la région et des deux départements.