Vers des stratégies régionales de l’accueil et de l’intégration

Nous venons de vivre ces derniers jours, des moments difficiles, avec l’évacuation de plusieurs camps de Roms en France. L’Union Européenne s’est mise une nouvelle fois en alerte sur ce sujet et elle en a le devoir. Cela nous rappelle la politique menée durant plusieurs années par le précédent gouvernement, à l’instar du discours de Grenoble, en Août 2010.

Nous avons appris une chose de cette période : les évacuations sans solution ne servent à rien, ou pire elle renforce la xénophobie et le racisme dans la société ! Et c’est ce qui se passe en ce moment en France. Nous en sommes comptables.

Suite aux évacuations des campements de Roms, il s’agit en effet de reporter la question de l’hébergement et de l’aide humanitaire sur d’autres communes, d’autres territoires… Ce sont des actions de peu d’imagination et d’aucunes perspectives humanistes !

Les migrants qui sont en transit ou en situation de précarité extrême ne disparaitront pas à la suite d’une décision de justice d’évacuation. Ils chercheront un autre lieu de campement. Ils seront accueillis sur d’autres territoires ou par les collectifs humanitaires. Mais nous savons une chose : ils seront de plus en plus marginalisés, par leurs propres situations et par l’image désastreuse que cela renvoie envers nos concitoyens.

 

Nous devons alors inventer des modalités d’accueil qui permettent une intégration de transit ou pérenne dans notre société plutôt que de tenter de les bannir. Pour cela, le rôle des collectivités locales est essentiel. C’est ce que nous connaissons, par expérience, nous, les  «élus hospitaliers ». Depuis plusieurs années, à contre courant, nous créons les conditions pour une insertion des migrants en transit, en particulier dans le Nord Pas de Calais. Sans moyen, sans bruit, à l’encontre des ordres des représentants locaux de l’état, nous tentons de  créer les conditions de la dignité. Il reste beaucoup à faire pour permettre une véritable intégration et une acceptation par nos concitoyens. Mais nous pourrons y arriver si l’Etat, si le ministre de l’intérieur sont à nos côtés.

 

Le premier élément de base : plus d’expulsion sans solution !

Si l’Etat intervient c’est parce qu’il y a eu une décision de justice. Si la justice a été saisie, c’est parce que des élus locaux se sont sentis isolés et démunis, face à une pression populaire de plus en plus forte. Il est donc de notre responsabilité collective, d’avoir une réponse concertée, humaniste et active en faveur de l’accueil et de l’intégration. Pour cela il faut  créer un cadre de sécurité : sécurité pour les Roms et les migrants, sécurité pour le voisinage, sécurité pour les élus. Toute action « ferme », sans perspective est sinon contre productive.

 

Il existe sur le territoire national des élus qui se mobilisent en faveur de l’accueil et de l’intégration des migrants. Monsieur le ministre vous devez être à leurs côtés. Vous devez inciter les préfets à créer des tables rondes pour construire des réponses qui s’inscrivent dans le temps et non dans le sursaut des réactions de l’été. Ces lieux de travail doivent rassembler les représentants de l’état, les élus locaux concernés, les associations humanitaires. A l’instar des stratégies nationales pour les Roms via l’union européenne, nous devons au niveau régional créer ces stratégies régionales de l’accueil et de l’intégration. Nous, les « élus hospitaliers », nous sommes dans l’attente de nous mobiliser dans ce cadre, plutôt que de nous retourner vers les tribunaux et de rejeter la question à des lendemains nauséabonds.

 

Marc Boulnois

Maire de Norrent-Fontes

Président du réseau des élus hospitaliers

Un commentaire pour “Vers des stratégies régionales de l’accueil et de l’intégration”

  1. Monsieur Marc Boulnois,

    Avant tout, bonjour, moi c’est Monsieur Bruno Dalpra, je suis membre EELV rattaché au groupe local CUS-Nord dans le département du Bas-Rhin.

    J’ai lu avec attention votre texte et je dois dire que votre écris est remplit de bon sens, ce que vous avancez est juste, que nous avons un devoir de savoir accueillir le migrant de façon humaine et responsable mais, il y a un mais…

    En effet, que nous trouvions une solution humaine aux Roms et aux autres migrants de citoyenneté européenne en qualité d’accueil, je suis d’accord sur le principe sauf que nous n’avons pas la capacité de pouvoir accueillir tout la misère européenne.

    Le migrant européen qui choisit la voie officielle, en parle-t-on dans la presse?… NON !! Et pourquoi?… parce que cela n’intéresse personne hormis dans le cas d’une étude qui va être abordée furtivement.

    Le démantèlement des camps de Roms fait scandale. Doit-on être pour ou contre ? Monsieur Boulnois, vous écrivez que le démantèlement n’est pas la bonne méthodologie et que nos élus font appellent à la justice parce qu’ils n’ont pas d’alternative pour gérer cette population. D’un autre côté, la presse se délecte à créer la polémique et pendant ce temps on détourne l’attention des français sur d’autres sujets importants.

    Sur la méthode employée, je suis d’accord avec vous. En revanche, vous omettez de parler, tout comme la presse, que les Roms sont des citoyens européens qui jouissent de droits avec des obligations devant l’administration françaises. Les textes sont clairs et la France doit s’y soumettre. Pour résumer, les citoyens de l’Union européenne (UE) disposent d’un certain nombre de droits, issus de textes européens. Certaines de ces règles ont été étendues, par divers accords aux citoyens de la Suisses, de l’Islande, du Liechtenstein et de la Norvège. Pour plus de détail, je vous invite à visiter les pages du Service Public qui traitent des droits des citoyens européens et assimilés qui voyagent ou s’installent en France, seuls ou accompagnés de leur famille (séjour, travail…): http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/N123.xhtml

    Pour finir, les Roms dont nous parlons, respectent-ils les textes ? Ont-ils entrepris des démarche au près de l’administration française ? Vous parlez de marginalisation de cette population. Ne croyez-vous qu’elle-même se marginalise dans leur façon de vivre ? Comme je l’ai écris au début, la France n’a pas la capacité d’accueillir toute la misère de l’Europe c’est pourquoi, il est important de mettre les pays européens d’où sont issus ces Roms devant leur obligation envers leur citoyen et de menacer par des sanctions les pays où la communauté Roms est maltraitée. Ces pays sont connus, QUE FAIT L’UNION EUROPENNE contre ces pays ?

    Pour clore et être complet sur la migration, je vous mets en lien le rapport d’activité 2011 de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration concernant les étrangers: https://docs.google.com/open?id=0B8Dnm5YopUg2bTZqR1FxX2gwYTg

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    Bruno Dalpra
    Membre EELV Alsace,
    Groupe local CUS-Nord

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