Journées d’été de Valenciennes – Plénière d’ouverture

Débat de politique générale


Europe Écologie Les Verts en région : point d’étape et stratégie pour l’avenir


A l’issue de la séquence électorale des présidentielles et législatives, cette plénière permettra tout d’abord d’échanger sur le bilan que nous pouvons en tirer : quelle analyse portons nous sur le nouveau paysage politique national ? Quels enseignements pouvons nous tirer des campagnes ? Où en est notre mouvement EELV et quel poids des écologistes ?

Ensuite, nous avons à nous interroger collectivement sur les stratégies politiques que nos voulons développer : comment contrer la montée du FN et du populisme? Quelles alliances avec le PS ? Comment construit-on un rapport de force en étant minoritaire dans la majorité ?

Enfin, en lien avec l’échelle nationale, notre mouvement a à débattre de nos priorités en matière de politiques publiques pour la région et nos collectivités locales : quels sujets sont à enjeux pour 3 années à venir, dans la perspective des élections municipales et « territoriales » ?

Accueil par Sylviane Dupont (Secrétaire Régionale)

  • Journées de convivialité et de formation

  • Merci à Laure et à Cécile pour l’organisation, et au Groupe de Valenciennes pour leur mobilisation.

  • Le maire d’Aulnoy, que l’on a prévenu un peu trop tard, s’excuse de n’avoir pu se libérer

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Le secrétaire de la section du PS local :

  • La 21è circo du Nord a connu un combat commun EELV/PS.

  • Chacun a su mettre ses égos de côté, et regarder non le passé mais l’avenir.

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Vincent Dhélin (Secrétaire Régionale) – Retour sur la séquence

  • Retour sur une année très riche, pour en faire le bilan et ouvrir une nouvelle page

  • Trois choses à dire

  1. Première année officielle de fonctionnement de « EELV NPDC ». Nouvelle organisation en 21 groupes locaux / territoires . AG régionale en octobre. Nous prendrons le temps en septembre pour faire un point d’étape sur notre motion de rassemblement. Chaque adhérent (à jour de cotisation) recevra son livret d’accueil « EELV NPDC » et sa carte d’adhérent très bientôt. Au CPR de Juin a été voté l’avant-projet sommaire de la rénovation de notre local, dont les travaux vont commencer dans 6 mois.

  1. Sur le plan électoral, on a été la première région à faire un comité de soutien régional à Eva Joly, on a fait le 1er meeting officiel de la campagne, beaucoup de groupes locaux se sont mobilisés et sont montés au créneau. La campagne des législatives s’est mieux passé ici que dans d’autres avec finalement très peu de conflits. Par contre il faut être très lucides: on n’a pas gagné. L’objectif d’être au second tour sur la 21ème circonscription (Valenciennes) a été manqué, malgré un bon score. Et nous avons eu à essuyer une grosse dissidence sur la 8ème (Roubaix) qui a empêché l’élection de Slimane Tir malgré une mobilisation exceptionnelle du groupe de Roubaix soutenue par des militants de toute la région. Sur les autres circonscriptions ensuite, tous les candidats sont un peu déçus des résultats que l’on aurait tous espérés plus hauts. Mais chaque voix gagnée, au final, nous a permis de doubler notre financement électoral pour les années à venir.

  1. Etre un parti politique, c’est se bagarrer lors des élections pour avoir des élus qui vont être aux manettes. Il ne faut donc pas se dire que « maintenant, c’est bon, les élections sont terminées, on va pouvoir faire de la politique »: on en a fait aussi beaucoup depuis 2 ans / Nous sommes une des seules régions où on a su proposer aux coopérateurs un rendez-vous tous les mois. Les « vendredi de la coopérative » vont être lancés à la rentrée pour les coopérateurs. Objectif 2014 maintenant: nous avons des responsabilités à prendre dans des villes et villages

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Sandrine Rousseau

  • Depuis les européeennes, et un score qui il faut le dire a étonné tout le monde, on avait cette crainte du moment des présidentielles et des législatives, qui serait un moment charnière mais difficile.

  • Les primaires ont rendu la campagne présidentielle encore plus difficile.

  • L’accord PS/EELV a été peu compris dans l’opinion publique, alors que l’idée était intéressante: faire la proportionnelle avant que la loi ne soit votée. On a aujourd’hui 2,9 % des députés, ce qui correspond exactement à notre poids électoral dans cette élection.

  • L’accord n’était pas juste un accord opportuniste de circonscriptions mais également un accord programmatique, sur le fond.

  • On sort de cette séquence forts, avec trois groupes parlementaires (paritaires) et deux Ministres, mais fragilisés dans nos valeurs et fragilisés sur le plan de l’opinion.

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Pascal Durand

  • Pensée pour Olivier Ferrand, grand penseur des « désaccords féconds »

  • Les écologistes ont perdu une valeur essentielle: la modestie. L’écologie est minoritaire. Même si elle peut petit à petit progresser dans la société.

  • Une des clefs de la séquence à venir sera de réintroduire l’écologie politique dans la société, à nouveau la faire entendre (c’est difficile en ce moment, même pour des personnes qui ont traditionnellement beaucoup l’écoute des médias comme Nicolas Hulot). Il faut le reconnaître: il n’y a plus d’écoute autour de l’écologie en ce moment.

  • On a des clefs du futur, sur un certain nombre de sujets. Nous devons réussir à convaincre les gens.

  • Exemple: forages en Guyane à 6000 m de profondeur dans une des eaux les plus riches en ressources halieutiques, et à quelques encablures de « Deep Water », le site de la marée noire du Golfe du Mexique. Ce n’est pas en allant rechercher les dernières gouttes de pétrole de manière de plus en plus rare et de plus en plus hasardeuse que l’on va résoudre nos problèmes énergétiques. Cette réalité de la précarité énergétique, que nous portons depuis longtemps, nous y apportons des réponses.

  • Lorsqu’au début des années 2000, le groupe vert au Parlement Européen a dit qu’il ne fallait pas qu’à l’horizon 2015 une voiture sorte des chaînes européennes sans émettre autant de CO2. L’enjeux était l’augmentation du prix de l’essence, que l’on prévoyait déjà. Qui touche les ménages les plus précaires en premier. Ce plan permettait de faire travailler les bureaux d’étude en Europe (non délocalisables), de relocaliser la production, et d’avoir des voitures qui consomment moins. Or en 2000, les syndicats automobiles ont immédiatement hurlé. Et ça ne s’est pas fait. Et entre temps, des centaines de millier d’emplois ont été perdus dans le secteur Voilà typiquement un des exemples sur lesquels les écolos ont perdu une bataille alors que l’on avait une solution bonne pour l’emploi, bonne pour la planète et bonne pour sauver une industrie et reconstruire un secteur industriel et de l’intelligence

  • Pendant une petite période, on va pouvoir porter un débat de fond dans les enjeux de pouvoir inhérents aux élections. Nous allons pouvoir agir, mais tout en étant minoritaires donc sans pouvoir mettre en œuvre exactement notre pouvoir. Et sans avoir le droit de parier sur un échec des socialistes. Il faut faire en sorte de faire bouger les socialistes tout en étant minoritaires.

  • Saluer le travail qui a été fait dans cette région, qui a toujours montré l’exemple de la solidarité et de la transversalité. Les élus du Nord se sont toujours fait remarquer dans le mouvement par leur travail collectif. Cultiver le nous à la place du « je », ce que l’on entend un peu trop souvent en ce moment. Il est bon de revenir à des valeurs ancrées dans les terres du Nord, où l’on sait que quand on ne travaille pas ensemble on tombe.

  • Il faut redéfinir notre objectif pour l’écologie politique. Tout en acceptant que l’on n’ait pas toujours exactement tous la même vision.

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Questions de la salle

  • Bernard, près de Lille, non adhérent EELV : Voudrait souligner l’importance du temps pour mettre en place une politique. La loi Grenelle 2 votée en 2010 ne voit ses décrets tomber que maintenant. Ce sont des politiques de long terme avec des financements. On a l’enjeu d’arriver à concilier la mise en application concrète de ce qui a déjà été voté avec le vote de nouvelles lois

  • Bernard De Veylder : On a aujourd’hui à prouver l’utilité de notre besoin. Besoin de mettre en synergie les nombreux parlementaires que nous avons, pour faire de bonnes lois.

  • Majdouline Sbai : Remercie et félicite Pascal Durand. Est d’accord avec « la cure d’humilité », mais voulait ajouter l’enjeu très fort à travailler étroitement à tous les échelons avec les élus. Articuler tous nos leviers de pouvoir. Le rendez-vous des municipales sera très important. C’est l’occasion de retourner sur le terrain. D’être présents y compris en milieu rural.

  • Cyrille Pradal : Ne se sens pas très bien après cette séquence dans EELV. On a payé cher cet accord dans les campagnes qui ont suivi. On passe aujourd’hui pour un parti comme les autres (on nous compare même au PRG). Espérons que nous ne serons pas « un groupe parlementaire » comme les autres. Besoin de redevenir des élus militants.

  • Pierre Januel : Notre image dégradée ne vient pas de l’accord mais de la séquence présidentielle ratée. Nous avons aujourd’hui plus de militants qu’aux européennes. On va pouvoir faire des listes aux municipales pour relancer la machine.

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Réponses:

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Pascal Durand :

  • Sur la PRGisation : le parti radical a instauré dans ce pays la république, la laïcité et le triptyque « liberté égalité fraternité » à une époque où le PS était balbutiant. Le PS est aussi l’héritier de ces combats républicains radicaux. Le PRG a eu son importance et a gagné des combats. Puis une fois sa mission historique finie, a eu du mal à trouver son rôle. Nous sommes nous ainsi un peu dans le PRG au début de ses combats: nous portons un modèle de société que nous sommes les seuls à porter. Sommes les seuls à proposer un modèle non productivistes. Nous avons un risque peut être de PRGisation, mais pas celui dont nous avons peur. Il nous faut porter très fortement l’autonomie de notre projet. D’où la nécessite d’un groupe à l’assemblée. Ce dont, dans l’attente de la proportionnelle, nous avions besoin du PS.

  • Il faut également se méfier de la personnalisation. Il faut construire quelque chose en dehors de nos têtes d’affiche. Il faut se méfier de la sur-médiatisation qui n’est pas dans notre culture.

  • Un boulot remarquable a été fait sur le projet. Les socialistes, durant les négociations, ont été bluffés par notre technicités. Nous avons 10 permanents EELV au siège, ils en ont 140 au PS.

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Vincent :

  • Dominique Voynet, l’année dernière à Boulogne, était revenue sur son expérience de Ministre en racontant à quel point elle avait été seule.

  • Notre défi est de réussir à prendre en compte les projets des ministres, à convaincre notre base que oui, avoir des Ministres, c’est utile.

  • Au Conseil Fédéral du week-end dernier, une feuille de route a été votée pour l’année qui vient, adoptée avec un score soviétique (96%). Nous aurons un rendez vous annuel important avec nos députés, Ministres, militants et la société civile pour échanger. Une convention en mars sur nos valeurs, notre place dans la société, l’Europe, etc. Des assises territoriales devraient donc en octobre 2011 être organisées dans chaque région, qui pourraient être un moment fort pour nouer le lien.

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Sandrine

  • « Les politiques ne réussissent que si elles sont soutenues ».

  • La coopératives et la conventions seront des lieux importants pour recréer le débat comme au moment de la rédaction du programme « vivre mieux ». Pour recréer le lien avec la société.

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Questions

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  • Janine : Nécessité de reparler d’écologie, de la privatisation du domaine public, de l’élargissement du canal de Condé-Pomerole. Bref, défendre les enjeux environnementaux

  • Aurélien Danvert : Nous sommes un parti d’élu qui a du mal à recruter des gens qui ont envie de militer. C’est un danger bien présent. Très bonne chose pour le groupe parlementaire à l’Assemblée, mais se pose encore la question de la participation gouvernementale

  • Serge Ravaux : Niveau d’abstention et de défection des citoyens sur ces enjeux d’élection législative. Dans la législature précédente, on n’avait que 3 députés écolos. A 18, l’exemplarité doit être d’autant plus forte. Notamment sur le cumul: assumer son mandat à plein temps

  • Slimane Tir : Remercier tous les militants du Nord et du Pas-de-Calais sur leur soutien actif sur la 8è du Nord. Pense qu’on ne peut pas se couper d’une réflexion stratégique sur la candidature autonome d’Eva / la campagne législative en alliance avec le PS ailleurs. Stratégiquement, choisir 2/3 sujets majeurs où l’on montre bien la valeur ajoutée de nos parlementaires. Sur l’aspect soutien renoué avec la société civile, ne voudrait pas laisser penser que la simple question de « restauration » soit de le faire avec les milieux intellectuels et les corps intermédiaires

  • Marine Tondelier : On sort d’une période difficile. Campagne un peu schizophrène, pas lisible sur les circonscriptions autonomes car pas de campagne nationale. Très grande solitude. Attention aussi aux idées prises de Paris qui n’ont pas de raisonnance ici . Du genre le tract « passer la finance au Karcher » . Pour la séquence à venir : arrêter de vouloir se faire plaisir à nous même Un peu peur quand entend parler de lien avec intellectuels, grande convention nationale, etc Reparler aux classes populaires et pas qu’aux cadres intermédiaires

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Sandrine Rousseau

  • Nos propositions sont particulièrement lisibles.

  • Il faut travailler le message de gauche

  • Le PS et l’UMP ont une plus forte proportion d’élus par rapport à sa base militante que nous

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Pascal Durand

  • Les socialistes sont dans une logique de responsabilité.

  • On sait que les échecs de la gauche sont les plus terribles. Parce qu’ils suscitent l’espoir.
    On fait de la politique pour changer la vie.

  • Modèle à bout de souffle qui va générer de plus en plus de souffrance et de précarité

  • Aujourd’hui, les écologistes ont le devoir de se dire «on attend que les socialistes se plantent, c’est meilleur pour notre parti ».

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Dernière salve de questions

  • Eric Quiquet C’est la première fois que l’on a passé autant de temps, de sérieux et d’énergie sur le projet. Ce qui a également bien marché, c’est l’accord avec le PS. L’accord programmatique était un très bon texte. Mais on n’a pas su le vendre politiquement.Il faut prendre en compte l’articulation avec les présidentielles. J’ai choisi tardivement Nicolas Hulot, sans être pleinement convaincue. Mais le discours du meeting de Roubaix était dramatiquement mauvais. Eva Joly est très bien en tant que pdte de commission europe mais je pense qu’elle était une très mauvaise candidate. On aurait du débattre sur le fait d’y aller ou pas à la présidentielle. Il faudra que notre bureau national organise cela dans les prochaines échéances. Je vous invite à venir à l’atelier sur la 6ème république. L’echec de la 8eme c’est l’incompréhension des électeurs, des militants et non pas que la dissidence.

  • Dame du bassin minier Il faut être pédagogue. Problème : Plus de proportionnel = plus de FN

  • Monsieur : On minimise le poids des lobby qui se sont montrés autour du nucléaire. On parle beaucoup de la campagne présidentiel en parlant d’Eva Joly. A mon avis, il faut s’attaquer aux vrais racines du problème actuel, plus les lobbys vont se mobiliser comme la presse.

  • Patrick Tillie : Notre le problème est que l’écologie est mieux entendue chez les classes supérieures et dans les grandes villes. Or comme le disait Marx: « on ne fait pas le bonheur du peuple sans le peuple »

  • Jacques ygel : Qui s’occupe du comité de suivi de nos accords conjoints? Problème local chez lui d’un rapprochement entre deux hôpitaux. Contradiction entre ce qui a été signé et ce qui se trame.

  • Emmanuel Cau : Evidemment on n’aura pas la possibilité de faire tout ce que l’on veut, d’atteindre tous les objectifs que l’on s’était fixés. On sera peut être amenés à faire des choix. On ne pourra pas tout faire, mais il sera difficile de ne pas tout faire

  • Catherine Boon Estime que l’on a estivé les deux derniers paragraphes de la présentation du débat. Elle ressent un fossé entre ce qui est dit au national et la réalité du terrain Discours trop intellectuel, pas à la portée du citoyen lambda

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Conclusion Pascal Durand

  • Il est injuste de dire que l’on n’a pas parlé des pistes d’avenir

  • Et procès un peu injuste entre le national et le local.

  • En revanche, nous ne savons pas encore mutualiser, faire le lien entre les initiatives locales à valoriser. Sur le travail fait au quotidien en bas, en dehors des caméras.
    Difficulté considérable à porter l’écologie de combat, de terrain, devant les médias: ça ne les intéresse pas.

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