Routes durables ?

Le Conseil Général du Nord organisait le mardi 31 mai un colloque intitulé « Route durable : Faire aujourd’hui la route de demain ». Tout un programme !

Le concept de « Routes durables » est plus pernicieux que le classique greenwashing. L’environnement est effectivement pris en compte dans le projet routier : revêtement perméable, noue paysagère (eaux pluviales), enrobé coulé à froid (économie d’énergie), corridor biologique… A l’instar de la HQE pour les bâtiments, il existe désormais un référentiel. Mais avec la « route durable », il n’y a pas d’approche systémique, globale. Les déplacements motorisés  induits par la nouvelle infrastructure sont ignorés (ou minorés).

Or si les voiries « émettent » des GES, c’est principalement après leur réalisation bien-sûr. Comme l’indique fort justement Pierre plus on créée des routes, plus on rend l’automobile efficace et attractive. Et donc plus les gens se déplacent en voiture. Et plus « La route durable ouvre la voie à la réalisation de nouvelles infrastructures routières » (dixit l’entreprise BTP EGIS, dans un communiqué de presse de 2007) pour assurer la fluidité du trafic, objectif véritable et inchangé du Cg 59.

Or le facteur 4 ne s’accorde pas avec des infrastructures et une mobilité émettrices de GES et indéfiniment croissantes. En ville, en périphérie, en zone rurale : l’heure n’est plus au développement routier mais à la sobriété (consommation de terres agricoles), la requalification (2X2voies, pour quelle raison ?) et à l’apaisement des circulations (vraies zones 30 dans les traversées de village). Les contournements ne règlent rien, ils externalisent les nuisances en périphérie et déplacent souvent la congestion vers d’autres points du réseau. La mobilité est un droit. Mais est-il indispensable de faire gagner quelques minutes aux automobilistes pour habiter et travailler toujours plus loin ?

Le développement durable, ça ne se limite pas à l’impact environnemental : cf. pilier économique et social. En tant qu’urbaniste et observateur subjugué par la finesse du maillage du réseau routier du nord de la France,  je doute qu’il existe encore un projet d’intérêt général dans le domaine. (D’ailleurs même les ingénieurs des ponts et chaussées n’ont jamais réussi à produire une étude démontrant que la réalisation d’une autoroute était bénéfique pour un territoire desservi en terme de richesses et d’emplois créés… alors pour une route départementale…)

Les seules routes durables à développer, ce sont les voies vertes (financées par la Région Nord Pas de Calais, merci les conseillers régionaux verts !). Facteur d’équité territoriale et sociale, ces voiries permettent à TOUS les habitants (enfants, personnes à faibles revenus, PMR, sans permis…) de se libérer de la dépendance à l’automobile sur des itinéraires campagne/périphérie/centre. Les voies vertes sont particulièrement adaptées pour le rabattement à vélo dans les zones trop peu denses pour la mise en place d’une ligne performante de TC. Encore faut-il que ces voies vertes soient fonctionnelles pour des usagers quotidiens et qu’elles ne soient pas conçues exclusivement comme un espace récréatif et/ou naturel.

Julien Dubois est militant EELV, habitant Wazemmes (Lille)

Un commentaire pour “Routes durables ?”

  1. Tout à fait d’accord avec ce que dit Julien, mais est ce encore possible lorsque je vois dans la vallée de la Lys le nombre exponentiel d’auroroutes pour aller jusqu’à Comines, Bousbecque, ou Deûlémont, je suis atterrée. Quand j’étais jeune je pouvais aller à pied de Tourcoing à Linselles rien que par les sentiers.
    Vous me direz que c’est dépassé, mais à l’heure où l’obésité et les problèmes cardio vasculaires nous pourchassent, marcher au lieu de prendre la voiture ce serait bien non ? Pour cela il faut des chemins agréables et utiles. Nombre de chemins vicinaux ont été détournés par des entreprises ou des fermiers sans que personne ne réagisse et avec la bénédiction du conseil municipal. (J’ai beaucoup d’exemples)
    A ma retraite je me suis installée à Roncq pour pratiquer la marche dans les champs et là horreur plus un seul chemin digne de ce nom (ils sont minuscules) dans les champs qui ne soit investi par le fermier du coin. Exemple il y a peu je me suis fait opérée et avait des problèmes de marche; je me gare donc sur un sentier près d’une ferme pour montrer à ma petite fille les vaches. Puis nous sommes allées sur un tout petit chemin voir les ânes un peu plus loin. En revenant un mot sur mon pare brise « allez vous garer plus loin c’est un chemin privé ». Je n’en suis pas revenue. Pour faire du vélo même chose avec ces routes à voie rapide et les ronds-points difficile d’aller de Tourcoing à Halluin ou Bousbecque sans risquer de se faire écraser. Parfois il y a des pistes cyclables mais elles s’arrêtent aux endroits les plus dangereux et alors là gare à vous ! On doit toujours emprunter les mêmes itinéraires et ils ne sont pas très sécurisés. Quand va t on imiter les allemands ou les belges qui mettent les pistes cyclables sur les trottoirs (qu’ils font bien vastes) ou bien séparés des routes par des petites haies ? Ca serait génial ! Voilà pourquoi je salue les idées de notre camarade lillois.

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