Pour une agriculture protectrice de notre eau
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En France, l’agriculture absorbe plus de 70% de l’eau consommée, d’une part à cause de l’élevage et d’autre part à cause de l’irrigation. Plus de la moitié des départements français connaît des restrictions de consommation d’eau tous les ans. Et les choses vont empirer avec le dérèglement climatique. Il est donc temps de changer, de s’adapter.

L’irrigation

Il est absurde de croire que l’on peut faire pousser ce que l’on veut où l’on veut. L’agriculture comme l’agronomie, c’est savoir s’adapter aux réalités naturelles, aux ressources disponibles et trouver les espèces les mieux adaptées aux conditions locales. Faire pousser des hectares et des hectares de tournesols ou de maïs dans des régions pauvres en eau est une aberration. L’État et les collectivités ne devraient pas dépenser sans compter pour réparer les mauvais choix de certaines chambres d’agriculture, en construisant des barrages qui sont néfastes pour les espèces sauvages mais aussi pour les agriculteurs qui cultivent des espèces adaptées. Le cas du barrage de Sivens, où une poignée de céréaliers et d’élus a voulu imposer la construction d’un barrage d’irrigation malgré l’opposition de nombreux acteurs locaux, s’est terminé en drame avec la mort de Rémi Fraisse, tué par un gendarme. Il est hors de question de continuer ainsi. Il faut donc établir des institutions pour gérer l’eau de façon concertée et scientifique. Le réflexe ne doit plus être d’adapter le paysage à des choix agro-industriels mais de choisir les bonnes espèce pour les bons environnements.

La viande

 Pour produire 1kg de viande de bœuf, il faut environ 12kg de céréales, si on ajoute à cela l’eau bue par l’animal et celle nécessaire à son entretien, on arrive à un bilan en eau de 15 500 litres d’eau par kilogramme de viande de bœuf. Soit 100 jours de consommation d’eau du robinet d’un Français moyen. Il n’y a pas assez d’eau sur Terre pour 7 milliards de personnes mangeant de la viande deux fois par jour. Il est donc impératif d’encourager la diminution de la consommation de viande, en offrant systématiquement des plats végétariens dans les cantines et la restauration collective. Mais aussi en taxant la viande en proportion des dommages qu’elle crée à l’environnement: pollueur=payeur. Il faut aussi gérer mieux les déchets agricoles. Les porcs de Bretagne produisent autant de déjections que les 60 millions de Français. Nous retraitons nos déchets mais ceux des animaux sont épandus librement, polluant les rivières, les sols et la mer. C’est la raison de la crise des algues vertes que la Bretagne connaît tous les ans depuis près de 50 ans.

Les pesticides et les engrais

Avoir une eau potable au robinet n’est pas une mince affaire car il faut bien évidemment que l’eau soit propre. L’utilisation d’engrais et de pesticides dans les champs situés au dessus des nappes phréatiques ou en amont des rivières où l’eau des villes est puisée implique qu’il faille nettoyer l’eau des ces produits chimique avant de l’offrir aux habitants. Ce nettoyage a un coût élevé, qui n’est pas payé par ceux qui ont pollué l’eau mais par les consommateurs. La ville de Munich, en Allemagne, a décidé en 1991 d’arrêter les frais de cette logique absurde et a donc décider d’accompagner les agriculteurs de la région pour qu’ils se convertissent à la bio. Résultat, les subventions coûtent moins chères que le nettoyage de l’eau ne coûtait auparavant, l’eau est plus propre, les revenus des agriculteurs sont plus élevés et leur nombre a augmenté. Tout le monde y gagne. La bio n’est donc pas un luxe de riches, c’est un projet économique pour les villes et leurs régions. C’est d’ailleurs pourquoi le Danemark s’est fixé comme objectif de devenir la première agriculture 100% bio d’Europe. Il est grand temps que la France affiche une telle ambition!