Entretien avec Mathieu Ebessen-Goudin
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Article de « La Vie Quercynoise »

Législatives. « Pour l’Europe et pour le Lot, aux couleurs de l’écologie »

Entretien avec Mathieu Ebessen-Goudin, candidat Europe Ecologie Les Verts aux Législatives (EELV), sur la Première circonscription du Lot.

29/03/2017 à 06:57 par Jean-Claude Bonnemère

Mathieu Ebbesen-Goudin, 37 ans, diplômé en sciences politiques, chef de mission auprès de diverses ONG humanitaires, donne également des cours à la Fac. Sa candidature aux Législatives, sur la première circonscription du Lot, sous l’étiquette « Europe Écologie Les Verts » (EELV), marque un tournant dans sa vie. Il nous explique pourquoi.Avec sa compagne et leurs deux enfants, Mathieu Ebessen-Goudin habite sur les hauteurs de Tour-de-Faure, face à Saint-Cirq-Lapopie. Son engagement sur la scène politique lotoise repose sur une approche conjuguée de l’Europe, du Lot et de l’écologieQu’est-ce qui vous a incité à vous installer dans le Lot ?

Ce département est le lieu où j’ai grandi, avant de partir à l’étranger conduire diverses missions pour le compte d’ONG humanitaires. Il y a deux ans, avec ma compagne et nos deux enfants, nous étions encore installés à Jérusalem. Les missions qui m’ont été confiées m’ont très vite permis de comprendre qu’il y avait beaucoup de choses à changer. Et, j’ai la conviction qu’il convient d’agir sur le terrain politique, notamment.

Quels ont été vos premiers pas justement, sur ce terrain dans le Lot ?

L’école ! J’ai vu dans mon entourage des hommes et des femmes se battre pour la survie des écoles, à Cabrerets, Concots, Tour-de-Faure et samedi dernier encore à la manif de Cahors… Certes, on n’est pas sur les mêmes problématiques que celles auxquelles j’ai été confronté dans le cadre d’interventions humanitaires. Pour autant, l’école, l’éducation, représentent le socle de notre société. Nous avons la chance d’avoir un système scolaire gratuit, qui marche bien, même s’il a besoin d’adaptations. Il mérite d’être défendu et pérennisé. Aussi, les attaques portées contre les écoles sont à mes yeux insupportables.

Et pourquoi cet engagement en faveur de l’Europe ?

Je dois mon attachement à l’Europe à une tradition familiale au départ, qui n’a fait que se conforter au gré de mes voyages à l’étranger. Ceci explique en partie également mon engagement au sein d’EELV. Pour autant, il ne s’agit pas de fermer les yeux sur les problèmes qu’il peut y avoir dans le fonctionnement de l’Europe. Le monde a affaire à des blocs régionaux immenses et il serait insensé de vouloir faire cavalier seul. N’oublions pas les bases humanistes et le vrai projet de paix que porte l’Europe. Par les temps qui courent, ce n’est pas rien.

Vous pensez que ce projet européen est en danger ?

Oui, il y a danger pour l’Europe. Pour ma part, je me considère comme un enfant de la mondialisation heureuse et l’Europe est un espace formidable pour les échanges entre les pays du vieux continent. Il nous appartient de répondre aux attentes des Européens qui se sentent mis à l’écart du projet. Il faut s’interroger sur ce qui n’a pas marché et trouver des solutions.

Le revenu universel pourrait-il faire partie des solutions ?

Certainement. Tout le monde se rend compte que le plein-emploi n’est plus possible. Il convient de réfléchir à la manière de redistribuer les profits. Et c’est là qu’on en arrive au revenu universel. Nous devons admettre que l’automatisation du travail, la numérisation d’un certain nombre de tâches, est un fait inscrit dans l’ordre des choses. On gagne en productivité et cela va continuer encore. Mais ces gains de productivité ne peuvent plus rester dans les seules mains d’actionnaires. Nous touchons là aux écueils du néolibéralisme.

Et pour le Lot, comment voyez-vous les choses ?

Il y a moyen d’apporter du dynamisme dans ce département. Pour que de nouveaux actifs viennent s’installer et pas que des retraités, il faut que le territoire dispose d’un certain nombre de services qui demeurent. C’est bien sûr le cas de l’école, des réseaux numériques, des transports en commun. Pour ma part, et c’est le sens de mon engagement au sein d’EELV, je crois beaucoup au développement de l’agriculture biologique. Il faut favoriser la transmission des exploitations, car il y a des candidats, mais peu de moyens disponibles. Nous devons être innovants en ce domaine. Il reste encore à créer des filières pour que l’agriculteur de demain qui a récupéré une exploitation, qui passe en bio, puisse écouler ses productions convenablement. La légumerie de Cahors est un bel exemple en ce domaine. Sur le plan du tourisme, le Lot possède de vrais atouts en faveur d’un tourisme vert, à forte tendance écologique. Ne cédons pas aux sirènes qui rêvent d’un tourisme de luxe. Le Lot est un écrin de nature qui doit profiter à tout le monde. Au final, il est important de se rendre compte que tout est lié. C’est bien cela l’écologie politique : repenser notre système de production, de redistribution, d’éducation, en lien avec la problématique qui montre que nous sommes en présence d’un monde fini, où il n’est plus possible de prélever les ressources sans se préoccuper du lendemain. Il nous faut modifier la manière dont nous produisons et la manière dont nous consommons. Des solutions existent, sans pour autant retomber au Moyen-Âge et à la bougie. Ce département fourmille d’initiatives qui vont dans le bon sens, par exemple, les productions d’énergie citoyennes. Maintenant il faut qu’elles soient appuyées politiquement. Des initiatives ont été prises en matière de production d’énergie citoyenne, qui d’ailleurs ont reçu le soutien d’Enercoop (*), mais les politiques se montrent plutôt frileux en la matière. En revanche, sur le projet de méthanisation de Gramat, surdimentionné, et qui manque de transparence, les élus se gardent bien de s’y opposer. Au plan national, il y a une attente énorme des populations quant à une démocratie participative ; il n’y a pas de raison que ce soit différent dans le Lot. Je suis convaincu que les populations attendent de la part des élus, un mode de fonctionnement qui soit davantage démocratique et participatif qu’il ne l’est aujourd’hui. Il y a des projets citoyens qui peuvent générer des démarches collectives.

JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

(*) Enercoop est un fournisseur d’électricité d’origine renouvelable. Son objectif principal est de développer la production d’électricité d’origine renouvelable et de favoriser les comportements énergétiques responsables chez ses consommateurs.