Enseignant-chercheur en Économie à l’Université de Lyon, depuis quelques années je suis passé aux « travaux pratiques ».
Une immersion dans la vie associative et les réseaux citoyens. Une prise de conscience du pouvoir d’agir, du pouvoir de transformation de la société que chacune et chacun d’entre nous détient par ses actions individuelles et collectives. Changer de fournisseur d’électricité, adapter ses modes de déplacement, sélectionner ses produits et ses commerces, sa banque, son alimentation, autant de choix du quotidien qui, loin d’être anodins, sont susceptibles d’orienter la transition écologique et sociale de nos territoires.
Cela fait 3 ans que le projet des Cigales de Caluire a été lancé par des citoyens en quête de sens pour leurs économies.
Une Cigales est un « Club d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire ». On en compte 280 en France. Les Amis de la Terre ont montré avec brio et ténacité que les banques, en créant la monnaie et en gérant l’épargne, sont souvent climaticides et soutiennent principalement des grands groupes à l’éthique pour le moins contestable. Alors, rien de tel que de se réapproprier la finance au sein de ces petits collectifs en soutenant et en accompagnant des projets locaux ! De la même façon, les associations des monnaies locales complémentaires – la Gonette sur l’Agglomération lyonnaise – drainent les euros des banques traditionnelles vers l’économie sociale et solidaire locale.
C’est une bonne nouvelle. Nous pouvons nous réapproprier les ressources en créant du lien, cela concerne aussi l’énergie renouvelable, la terre, les coopératives, la culture, le numérique … une redécouverte du pouvoir d’agir dans le cadre de la démocratie réinventée des « communs ». David Bollier (www.bollier.org ), en écho à Elinor Ostrom, explique qu’il y a « commun » à chaque fois qu’une communauté de personnes se dote de règles d’organisation dans la gestion d’ une ressource locale.
Mais quelle est l’influence sur la société et sur notre modèle de développement, est-ce juste à une petite échelle ?
« Je fais ma part », dit le colibri de la légende au toucan interloqué. Connait-on la fin de l’histoire ? On l’omet souvent. C’est pourtant elle qui préfigure l’essaimage et le changement d’échelle de nos initiatives émergentes. La voici :
« le toucan commença à faire de même, bientôt imité par dix, cent toucans. Les éléphants s’y mirent… Voyant le manège des animaux, les villageois s’y mirent également… Au bout du compte, il y eut bien quelques plumes roussies et quelques pieds brûlés, mais cette nuit-là, un petit colibri a sauvé la forêt ».
À Caluire, dans les Monts d’Or et le Val-de-Saône, de multiples initiatives fleurissent et se développent : système d’échanges locaux, habitat participatif, habitat social, jardins, incroyables comestibles, compostage, solidarité internationale, AMAP, défense de l’environnement, collectif Agenda 21, promotion du vélo, épicerie participative, permaculture, ateliers de réparation-recyclage, défense du commerce de proximité, cinémas et associations de quartier, protection de la nature, de la biodiversité et des paysages, et bien d’autres encore, autant d’initiatives qui font de vous des « lanceurs d’avenir » vers une société écologique, participative et solidaire.
S’il y a une ouverture à la candidature de Jérôme Trotignon et Blandine Collin, c’est bien à vous et à ces initiatives qu’elle s’adresse, à l’infatigable travail de terrain qu’elles représentent, et ce blog est le vôtre, n’hésitez pas à nous contacter et à proposer vos articles.
Ni « professionnels de la politique » ni adhérents d’un parti, nous serons des porte-paroles enthousiastes d’une société civile en quête d’ébullition.
Jérôme Trotignon