Proposition #9 – Pour des maisons de naissance
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L’obstétrique a connu des avancées majeures au cours du vingtième siècle pour la santé des mères et des nourrissons. Cependant la France, avec davantage d’actes médicalisés, est aujourd’hui moins performante que ses voisins. De plus, lors des accouchements la luminosité est bien souvent inadaptée, les intervenants médicaux autour de la femme sont trop nombreux, la liberté de mouvement pendant le travail n’est pas acceptée. Le stress généré perturbe le processus hormonal naturel qui régule le travail et la douleur. Des mères ne se sentent pas respectées pendant ce moment si crucial de leur vie de femme.

Il existe ainsi une attente importante et croissante de nombreux parents d’une part et d’acteurs du monde médical d’autre part pour que l’accouchement soit davantage tourné vers l’humain et moins vers le médical. Selon une enquête du Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) sur 5 000 femmes en 2011, presque 60 % d’entre-elles souhaitaient la limitation des gestes médicaux invasifs pour gérer leur douleur – elles étaient à peine un tiers six ans auparavant. Or, seules 63 % disent avoir été écoutées lors de leur accouchement. Toujours en 2011, la Cour des Comptes a même indiqué que l’hyper-médicalisation était coûteuse, avec des conséquences sur la santé périnatale.

Pour les grossesses sans difficultés identifiées, l’enjeu est donc d’introduire au sein de nos établissements de santé des dispositifs non médicalisés qui répondent à ce besoin. Jusqu’à récemment, le seul recours à la maternité était l’accouchement à domicile. Encadré, ce dernier doit rester possible. Mais il n’est pas adapté partout (en particulier dans nos territoires ruraux et de montagne, parfois trop éloignés d’une structure médicalisée indispensable en cas de problème). Et de façon très compréhensible, beaucoup de parents ne le souhaitent pas. C’est pourquoi il est proposé que la diversification de l’offre passe par des maisons de naissance. Elles pourraient accueillir 60 000 des 800 000 naissances qui ont lieu en moyenne chaque année en France.

Maison de naissance

Les maisons de naissance sont des lieux d’accueil, de suivi et d’accouchement, attenantes à des maternités mais situées hors milieu hospitalier, qui concernent des grossesses qualifiées « à bas risque ». Les sages-femmes y réalisent l’accouchement des femmes dont elles ont assuré le suivi de grossesse. Il faut bien rappeler que les sages-femmes sont des professionnel/les qui ont dans leurs compétences le suivi médical de la grossesse, le dépistage des facteurs de risque et des pathologies, l’accompagnement de l’accouchement. Les maisons de naissance ont tout l’équipement de surveillance de la mère et du fœtus, ainsi que du matériel de réanimation en cas de besoin. La proximité d’une maternité permet d’ailleurs un transfert de la mère et/ou du bébé aussi facilement et rapidement qu’entre deux services dans un hôpital.

Depuis fin 2015, 9 maisons de naissance sont expérimentées en France, suite une loi d’initiative parlementaire votée en 2013. En Isère, il y en a une à Grenoble et une autre à Bourgoin-Jallieu. Je plaide donc pour que dans la mandature 2017-2022, sur la base des enseignements tirés de l’expérimentation, la loi française permette un déploiement dans tout notre territoire de ces maisons de naissance.

Reconnaissance des sages-femmes, accompagnement global des parents du début de la grossesse jusqu’au suivi post-partum, respect du corps de la femme, économies pour la collectivité (la surmédicalisation est coûteuse), revitalisation de maternités de proximité… les arguments plaident pour les maisons de naissance.