Nos ressources naturelles s’épuisent. Le dérèglement climatique s’accélère. Voilà deux éléments majeurs de la crise écologique. Nul fatalisme n’est acceptable. D’autant plus que notre société a les ressources pour agir. Ce qu’elle a abîmé, elle peut le réparer. A la clé : du pouvoir d’achat pour les ménages les plus modestes, du confort, des emplois qualifiés et non délocalisables. La transition écologique est une opportunité. Mais il ne faut pas tarder, utiliser les bons leviers et mobiliser les ressources nécessaires.
Le bâtiment est une priorité. Aujourd’hui, Negawatt rappelle qu’il s’agit du premier secteur consommateur d’énergie en France (42,7 % de la consommation finale d’énergie en 2015 pour 23 % des émissions de gaz à effet de serre), devant les transports et l’industrie. Une action résolue permettrait de diminuer ces consommations par deux à l’horizon 2050. Par ailleurs, il faut avoir en tête que 8 millions d’entre-nous sont en situation de précarité énergétique. Ce seront des dépenses en moins pour les ménages et les entreprises, des ressources naturelles économisées, des émissions de gaz à effet de serre évitées. Par exemple, les consommations de chauffage pourraient être divisées par trois !
Les bâtiments d’avant 1975, de véritables passoires énergétiques, sont la cible n°1. Avant cette date, il n’y avait aucune réglementation. Il faut donc rénover massivement et rapidement. Ce sont environ 16 millions de logements, dont plus de la moitié sont des maisons. Les emplois créés le seront avant tout chez les artisans qui effectuent ces chantiers chez les particuliers, d’autant plus que l’objectif de 50 kWh/m²/an (objectif technique fixée par la loi Grenelle) est tout à fait atteignable avec les technologies actuelles. C’est un potentiel de presque 600 000 emplois selon une étude de la CFDT et du Réseau Action Climat.
Comment accélérer le rythme des rénovations, notamment pour les particuliers ?
D’abord en simplifiant la démarche. Les agences locales de l’énergie renforcées seront une porte d’entrée unique pour obtenir les informations puis mener les démarches nécessaires. Il faut également généraliser les groupements d’artisans pour englober tous les corps de métier utiles, avec un seul chef de file interlocuteur du client et chargé de la coordination des travaux par les professionnels.
Ensuite, en renforçant les accompagnements financiers : prêts à taux zéro, crédit d’impôt, TVA réduite, subventions ciblées pour les logements sociaux. Pour les opérations significatives (copropriétés, entreprises…) le recours à des tiers-investisseurs est à favoriser – un organisme (dans l’idéal public) finance les travaux et se rembourse ensuite sur les économies générées.
Ce programme de rénovation massive des bâtiments devra s’inscrire dans une politique cohérente concourant à la « transition énergétique » de notre pays, basée sur le triptyque sobriété / efficacité / renouvelables. Parmi les autres actions à mener : l’interdiction progressive des chauffages électriques, la généralisation de la prime air-bois pour faire disparaître les vieux poêles très polluants, la tarification progressive de l’énergie afin de garantir un meilleur accès aux services énergétique tout en limitant les gaspillages, la mise en place de compteurs intelligents au service des citoyens pour maîtriser leurs consommations et non pas au service des fournisseurs d’énergie…
Rénover les bâtiments c’est, comme toujours pour l’écologie, bon pour le social, bon pour l’environnement, bon pour l’économie.