Comme pour l’alcool, la prohibition du cannabis ne fait pas ses preuves. Ni en matière de santé publique et de réduction de la consommation, ni en matière de sécurité.
Selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, la France est avec le Danemark le pays européen avec le plus grand nombre de consommateurs : 1/3 des Français de plus de 15 ans a déjà testé le cannabis, 22 % des 15-34 ans en a consommé au moins une fois dans les 12 derniers mois. C’est beaucoup plus que dans d’autres États dans lesquels cette substance est dépénalisée (Portugal, République Tchèque…), voire légalisée (Pays-Bas).
Pour approvisionner cette demande, les trafics pullulent. Certains quartiers sont même gangrenés par cette économie parallèle : l’argent noir circule à flot, des règlements de compte sauvage s’opèrent (à Marseille, à Grenoble…). Les produits frelatés, encore plus dangereux pour la santé, sont légion. La politique de répression est coûteuse et inefficace. En 2014, Terra Nova avançait ainsi le chiffre de 568 millions d’euros d’argent public alloué à la lutte contre cette drogue (dont 300 millions d’euros pour les seules interpellations).
Il faut donc en finir avec l’hypocrisie et les dogmes sécuritaires. A l’instar de nombreux pays dans le monde – le dernier en date étant le Canada sous l’impulsion de Justin Trudeau, son premier ministre issu du Parti libéral – il faut avoir une approche radicalement différente de la question.
La proposition est double pour assécher les réseaux mafieux qui prospèrent sur le cannabis et protéger et éduquer notre jeunesse :
– légaliser la vente aux majeurs, avec une prise en charge publique de la régulation commerciale et du contrôle de la qualité,
– réallouer les fonds de la répression vers un dispositif de prévention massif des drogues.
Le ministre de l’intérieur vient d’annoncer l’intention du gouvernement de punir plus facilement et plus rapidement les fumeurs par des contraventions. L’inefficacité et l’archaïsme sont en marche : cela ne s’accompagne d’aucune approche globale du problème. Où sont la modernité et le pragmatisme ?