En France l’école est gratuite, laïque et obligatoire. C’est un pilier fondamental de notre République. Cela ne doit pas nous empêcher de regarder la réalité en face : notre système éducatif est aujourd’hui globalement inefficace pour lutter contre les inégalités. Il génère par ailleurs un mal-être record chez les élèves, comme chez les enseignants.
L’étude PISA 2015 montre que la France est la championne des inégalités. Ainsi, « le milieu socio-économique explique en France plus de 20 % de la performance obtenue par les élèves de 15 ans, contre seulement 13 % pour la moyenne des pays de l’OCDE. » L’école ne diminue pas les inégalités mais a tendance à les renforcer : 40 % des élèves issus d’un milieu défavorisés sont en difficulté scolaire contre seulement 5 % de ceux issus d’un milieu favorisé. A la question « vous sentez-vous chez vous à l’école ? », 55 % des enfants sont en désaccords. Ils sont seulement 7 % au Portugal, 13 % en Allemagne ou 20 % au Japon pour prendre des cultures et des systèmes éducatifs très différents.
Il est trop tôt pour mesurer encore précisément les effets du dernier quinquennat (créations de poste ou dispositif « plus de maîtres que de classes » notamment). Il est sûr que la priorité à l’éducation ne doit pas fléchir. Au contraire. Au niveau collectif, il faut revoir en profondeur nos politiques d’éducation prioritaire qui n’ont pas rempli leur mission jusqu’à présent ; au niveau individuel, il faut revoir l’accompagnement éducatif des élèves en difficulté scolaire.
Les sciences de l’éducation, les neurosciences ont fait tellement de progrès, on ne peut plus enseigner aujourd’hui comme on le faisait hier. C’est à l’école publique d’être un lieu d’innovations pédagogiques. Celles-ci doivent être offertes au plus grand nombre et non pas aux seuls « happy few » qui peuvent se payer les frais de scolarité en école Montessori par exemple. La logique « tous les risques aucun bénéfice » pour les professionnels qui innovent doit être cassée. Les expérimentations doivent évidemment être observées pour être évaluées puis diffusées. Il faut ouvrir grandes les portes des établissements aux familles, aux animateurs, aux artistes, à tous ceux qui veulent contribuer à l’éducation des élèves.
Les enseignants font un travail remarquable et cherchent à améliorer leurs pratiques en fonction de ces nouvelles connaissances. Mais ils doivent être encouragés et accompagnés dans leur démarche et, pour cela, l’Éducation nationale doit créer les espaces pour que puissent se déployer de réelles dynamiques pédagogiques d’équipes au sein des établissements. Le rôle des chefs d’établissement et des professeurs principaux doit être mieux reconnu. Enfin, de véritables moyens doivent être accordés à la formation, initiale et continue pour que les pratiques évoluent.Tout démontre que c’est la clé du succès.
Aucun élève n’est assigné à l’échec scolaire et au mal-être. Aucun enseignant n’est impuissant. L’école doit se mettre au service de la communauté éducative, des élèves et de leur famille. Les initiatives et les solutions existent. L’Éducation nationale ne doit plus les empêcher : elle doit les promouvoir !