La France, et spécialement notre territoire, est riche de ses produits agricoles diversifiés et de qualité. Sans eux notre patrimoine culinaire, nos territoires ruraux, notre économie, notre société dans son ensemble ne serait pas ce qu’elle est. Mais la mécanisation à outrance, la croissance sans fin des exploitations, l’utilisation d’engrais chimiques, la recherche de rendements insoutenables, la pressurisation des agriculteurs par la grande distribution, la mise en concurrence débridée sur le jeu international, la mainmise des multinationales de l’agroalimentaire et de l’agrochimie, l’urbanisation sauvage sur des bonnes terres… a conduit le monde agricole dans une impasse.
La mutation qui s’opère est irréversible, pour le meilleur ! Le retour à des exploitations paysannes à taille humaine, la relation directe du producteur au consommateur, la production biologique voire l’agroécologie sont les marques de cette nouvelle « révolution agricole ». Dans notre circonscription, le nombre d’AMAP, qui mettent en relation habitants et exploitants pour la livraison de paniers de produits (fruits, légumes, fromages, pains, viandes…), témoigne de la réalité de ce changement.
Contrairement à ce que veut nous faire croire l’agro-industrie, 70 % de la nourriture dans le monde est produite dans de petites exploitations. La majeur partie des céréales cultivées de manière intensive, polluant et détruisant les écosystèmes, sert à l’alimentation du bétail et non à nourrir les hommes. Les rendements ont d’autant plus augmenté que la qualité nutritionnelle des produits a baissé. De plus, le système précarise la situation financière des agriculteurs et de leurs familles.
Le rôle de l’État est d’accompagner celles et ceux qui veulent transformer leurs pratiques comme celles et ceux qui veulent s’installer et démarrer une nouvelle activité. La réglementation doit être au service de l’agriculteur et du consommateur. Il faut simplifier la vie de nos paysans tout en interdisant définitivement certains produits (comme les pesticides) et certaines pratiques (par exemple la maltraitance des animaux dans les fermes usines).
Mais, comme pour beaucoup d’autres politiques publiques, il doit y avoir une synergie avec la politique européenne et l’action des collectivités locales. Député, je commencerai par m’opposer sans concession aux traités commerciaux de libre-échange (Tafta, Ceta…). Ensuite, à quoi sert de favoriser le maintien de petites parcelles agricoles si la PAC pousse au gigantisme ? Il faut tout autant inverser la logique de cette dernière (découpler les aides de la taille des exploitations notamment) que promouvoir les structures coopératives pour l’achat / la mise à disposition de terres agricoles ou la transformation des produits. Plus facilement encore que dans d’autres secteurs d’activité, l’économie circulaire s’applique à l’agriculture (les déchets des uns sont les ressources des autres). C’est un piège économique que de spécialiser les territoires. Globalement, il est indispensable de mener une politique volontaire de lutte contre l’urbanisation des terres agricoles. Depuis 40 ans en France, l’étalement urbain a été multiplié par 4. Toutes les heures, l’équivalent de 7 terrains de foot est bétonné. C’est insoutenable.
Encourager la qualité, payer au juste prix les denrées, connaître leur provenance… c’est demain pouvoir être encore plus fier de nos produit et nos terroirs. C’est agir sur notre santé et celle de nos enfants. C’est sécuriser les revenus de nos agriculteurs. C’est préserver les activités agricoles sur le long terme. Ce travail doit s’opérer dans la durée et la profondeur, pour une mutation respectueuse des personnes et de la terre.
Avec Nelly Gros, ma suppléante, adjointe au maire de Crolles, déléguée à l’agriculture, nous serons présents à Goncelin mercredi 31 mai après-midi pour le débat proposé par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de l’Isère. Nous les remercions de leur invitation et nous espérons que le débat sera fertile !