Chaque année, 216 000 femmes sont victimes de violences conjugales en France. Pour ces femmes, trouver un nouveau logement est une question de survie. La quarantième journée des droits des femmes est l’occasion de rappeler que mettre en œuvre des dispositifs d’hébergement pour les protéger est une urgence sociale et politique.
En cette quarantième journée mondiale des droits des femmes – comme le reste de l’année – nombreux sont les collectifs, associations, citoyennes et citoyens qui se sont mobilisés pour une égalité femmes-hommes qui est loin d’être gagnée. Les droits obtenus mais aussi le changement des mœurs pour – et souvent par – les femmes sont des acquis fragiles sans cesse menacés par les conservatismes et les politiques réactionnaires. Il est inquiétant de voir le droit à l’IVG, défendu par Simone Veil il y a plus de 40 ans, remis en cause par certains mouvements en France qui soutiennent la droite et l’extrême droite.
Il est toujours aussi révoltant de constater que les femmes sont encore trop souvent traitées comme des citoyennes de seconde zone. Les chiffres publiés en janvier 2017 par l’Observatoire des inégalités sont frappants. Si les hommes et les femmes sont à peu près « égaux » face au chômage, les inégalités au travail persistent. Les femmes touchent un salaire 25,7 % moins élevé que celui des hommes. La diminution de l’écart entre les salaires femmes-hommes entamée à partir des années 1950 ralentit sa progression depuis les années 1990. Et ce phénomène est dû à une autre forme d’inégalité : les femmes accèdent moins aux postes à responsabilités les mieux rémunérés et occupent plus souvent des emplois à temps partiel, souvent subi. En 2015, de 1,2 million de femmes sont concernées contre 471 800 hommes.
Autant d’inégalités qui favorisent les situations de précarité et freinent les femmes dans la prise et le maintien de leur indépendance, ce qui est non seulement essentiel mais parfois aussi vital. Notamment pour les femmes victimes de violences conjugales dont la survie et la possibilité de reconstruire leur vie dépendent en premier lieu de la capacité à quitter le logement qu’elle partage avec leur agresseur. Chaque année, 216 000 femmes sont victimes de violences conjugales. Nous, responsables politiques, avons le devoir de tout mettre oeuvre pour aider les victimes à sortir de ces situation de détresse. Une circulaire pour renforcer la mobilisation des acteur.rice.s du logement social envers les femmes victimes de violences vient d’être signée pour leur accorder un accès en priorité et en urgence à un logement social.
C’est un pas positif. Mais les femmes victimes de violences étaient déjà prioritaires au regard de la loi. De même, le principe de l’égale rémunération des femmes et des hommes est inscrit dans la loi depuis 1972. Les principes garantissant la protection, la liberté et l’égalité des femmes exigent au-delà des textes législatifs des moyens à la hauteur des enjeux. A Paris, il est de notre devoir comme responsables politiques de répondre aux situations d’urgence et dangereuses en créant/finançant des structures d’hébergement et de logement pérennes et adaptées. Aider les femmes victimes de violences conjugales à trouver un toit, à (re)construire leur vie, c’est remettre l’égalité au cœur du pacte républicain.
Dan Lert