La croisière s’amuse, les havrais s’étouffent
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Avec la présentation de sa dernière « merveille » polluante à l’occasion de l’anniversaire de notre cité, l’armateur MSC se comporte comme l’invité malotru qui allume son cigare dans une pièce ou s’amusent les enfants, nos enfants. Le Meraviglia, est une véritable forteresse flottante de 315 mètres sur 43 metres de large, 65m de haut, 1335 membres d’équipage et 5714 passagers, 2200 cabines, une piscine avec toit rétractable, un parc aquatique, un parc d’attraction, un théatre, douze restaurants…

Pourquoi toujours aussi grand, pourquoi cette course à la démesure ? Ou est le désir d’intimité, la discrétion, le sens de la convivialité, de la simplicité ? Comment les sites touristiques peuvent-ils absorber une telle masse soudaine de visiteurs ? Quelle est le bénéfice pour la ville du Havre quand la majorité de ces touristes foncent en car vers Paris ou le Mont Saint-Michel ? Pourquoi ne pas construire des navires plus petits, à taille plus humaine ? Cela ne nuirait pas à l’emploi durable ni au tourisme responsable, bien au contraire.

Une démesure meurtrière

En développant une certaine folie des grandeurs et en construisant des bateaux toujours plus long, toujours plus haut, les armateurs et les croisiéristes participent activement à la propagation de différents maux qui frappent tant les océans que les villes ou ils font escale. L’impact écologique de ces navires gigantesques qui continuent de fonctionner grâce à des carburants très polluants perd le sens des mesures. Les géants des mers polluent de manière inconsidérée. La majeure partie de la pollution de l’air par les navires de croisière vient de la teneur en souffre des carburants. Fioul lourd, diesel marin… Ils en contiennent jusqu’à 3500 fois plus que le diesel que nous mettons dans nos autos.

« Un paquebot à quai pollue comme un million de voitures. Plutôt que de dérouler le tapis rouge à ces monstres, les ports maritimes devraient plutôt adapter les taxes portuaires qu’ils appliquent aux navires à leur entrée au port » affirme le conseiller municipal Alexis Deck. Car si les havrais paient cash la pollution de l’air, ce n’est pas le cas des armateurs qui ne subissent aucune pression fiscale sur le prix de leur carburant. « C’est un régime d’exception complètement injuste, tout le monde paie des taxes sur le carburant, pourquoi pas les riches armateurs ? » Candidat écologiste à l’Assemblée nationale, sa première initiative parlementaire sera de rencontrer Nicolas Hulot pour que le gouvernement transpose enfin les directives européennes sur les émissions atmosphériques des navires. L’élu municipal souhaite également ouvrir le dossier de la déconstruction navale : « 7 paquebots sur 10 terminent leur vie dans des décharges géantes et à moitié sauvages des pays du Sud. Mettre en place au Havre une filière industrielle de déconstruction navale serait une véritable chance économique pour notre territoire » conclut l’élu local.