Contraint et forcé, cédant aux pressions conjuguées des citoyens, des municipalités et des compagnies d’assurance qui ne veulent plus assumer le risque, le Japon est sorti vendredi du nucléaire. Plus un seul réacteur ne fonctionne tandis que ceux de Fukushima continuent à polluer la région, la contamination poursuivant son grignotage du pays. L’histoire et la pression de la population diront si cette sortie est définitive.
Une leçon pour les gouvernements et les citoyens qui hésitent encore. Même si le prix à payer, pour le Japon, est une augmentation des importations de gaz et de pétrole, voire, pour une petite part, du charbon. Mais la transition écologique implique deux choix qu’il faut regarder en face : d’une part puisque les pouvoirs en place ne veulent plus négocier sur ce sujet, il va falloir accepter ou affronter le risque climatique en attendant que soient mises au point les méthodes de capturer le CO 2 ; et d’autre part il est certain que pour inciter aux économies d’énergies, elles seront ou devront être de plus en plus chères quitte à prévoir des mécanismes pour protéger tous ceux, en France et ailleurs, qui pourraient se retrouver en état de précarité énergétique.
L’autre leçon de cette situation est que l’énergétivore Japon a réussi à ajouter en une seule année aux centrales le gisement des économies d’énergie. Sans allumer les bougies vantées par Nicolas Sarkozy, sans changer de mode de vie. Simplement « en éteignant les lumières inutiles » et en modifiant les méthodes de gestion et de production.
Et évidemment le pays frappé par la catastrophe nucléaire a lancé un plan sans précédent de développement du recours aux éoliennes et à l’énergie solaire. Un véritable pari industriel qui lance ce pays à la poursuite de la Chine dans ces domaines. Avec tout ce que cela comporte de créations d’emplois.
En France, dans le plus grand secret, sans que Nicolas Sarkozy et François Hollande en soient vraiment informés, EDF vient de finir la préparation d’un plan prévoyant la mise à l’arrêt avant la fin de la décennie, d’une vingtaine de réacteurs, dont ceux de Fessenheim, de Dampierre en Burly et de Civaux dans la Vienne. Tout simplement parce que les plus récentes études ont fait apparaître le coût pharamineux, des dizaines de millions d’euros de la modification et de la mise aux normes de la plupart des 58 réacteurs en fonctionnement. 58…c’est exactement le nombre de ceux qui viennent de « s’éteindre » au Japon.
La mise au point de de ce plan sera évidemment démentie, mais il existe et sera soumis dans les mois qui viennent, au gouvernement.