Permettez moi de commencer cette prise de parole en vous disant tout le bonheur que j’ai eu à rencontrer de nouvelles têtes, de nouveaux militants, de nouvelles personnes. C’est un réel plaisir pour moi de travailler avec Lahcen d’abord Jean-Luc. Bravo et merci à vous aussi pour tout le travail militant que vous faites au quotidien pour essayer de changer ce territoire, merci et bravo à vous pour votre humanité et votre courage.

Parce que de l’humilité il en faut dans le Valenciennois… Avec un paysage politique à ce point figé dans le marbre, à ce point identique depuis des dizaines d’années… revendiquer une autre politique, d’autres pratiques relève du défi.

Avez-vous remarqué ceci dans les tracts que vous recevez ? Vous avez remarqué à quel point il ne contiennent tous finalement qu’une seule proposition phare : moi candidat je m’engage à …. à vous aimer. Mais alors à vous aimer de tout cœur. Et que je vous aime depuis toujours d’un côté et que je n’ai cessé de vous aimer d’un autre côté. Moi qui n’ai pas l’habitude de tant de déclarations d’amour je suis surprise. Surprise parce qu’il me semblait que les déclarations d’amour se faisaient dans l’intimité des foyers et sur les tellement bucoliques bancs publics mais il ne me semblait pas que cela faisait partie du registre du débat politique. Il me semblait que le débat politique relevait d’un autre champs : celui de la proposition et du débat d’idées, de la confrontation et de la mise en avant d’arguments.

Ma passion à moi quelle est-elle? Elle est de faire changer les choses, c’est ma détermination à donner un avenir au valenciennois, à accélérer sa transformation, à anticiper les mutations à venir. Et plutôt que de vous déclarer ma flamme, permettez moi de vous dire tout le respect que j’ai pour ce territoire et ses habitants, pour les citoyens qui l’habitent et le vivent. Permettez moi de ranger les violons (je suis très mauvaise musicienne) mais de brandir ma loyauté, ma volonté et l’honneteté de mon engagement politique.

Evidemment certains d’entre vous ne me connaissent pas : je ne suis pas candidate depuis 30 ans, je ne suis pas un homme élu depuis 40 ans et donc mon visage vous est moins familier, c’est normal. Je ne suis pas ancienne ministre ni ancienne députée, je ne suis pas maire, ni vice présidente d’agglomération … mais par contre je suis contre le cumul des mandats. Et si vous m’élisez députée je démissionnerai de mon autre mandat : le conseil régional.

Par contre je suis pour une parité dans la politique pour la diversité aussi … aujourd’hui l’assemblée nationale est composée à 88% d’hommes – tous blancs. Alors quand je serai élue, oui je voterai les lois contre le cumul des mandats ! Parce que c’est un impératif démocratique !

L’assemblée doit être à l’image de la France : la diversité ça ne s’invente pas, ça ne s’imagine pas, ça ne se décrète pas ça se fait ! Quand on voit que ce sont les mêmes toujours qui se présentent, qu’il n’y a pas une femme même en suppléance pour le parti communiste dans toute la région valenciennoise…. Ils font mieux que l’UMP sur ce point, chapeau bas, messieurs. Moi je dis que quand on a peur à ce point là du changement des hommes on a peur aussi du changement des politiques !

Revenons à nos déclarations d’amour. Jean-louis Borloo l’homme qui reproche à Nicolas Sarkozy de ne pas avoir fait un tournant social a aussi été celui qui a le plus développé les emplois précaires, les emplois de quelques heures : ça s’appelle le plan Borloo des services à la personne et qui fait que la quasi totalité des personnes qui travaillent dans le cadre de ce plan sont en dessous du seuil de pauvreté.

Alors il faut changer les politique d’emplois. Arrêter les mesures comme la baisse de la TVA dans la restauration qui coutent des sommes folles et n’ont que très peu d’effets. Mais arrêter aussi de rêver à des secteur comme les supermarchés qui sont aujourd’hui de grands destructeurs d’emplois et non de grands créateurs d’emplois. Il faut faire deux choses :

La première est de conserver les emplois existants. Et là dessus, disons nous la vérité. Il est une urgence : protéger les salariés des entreprises automobiles. Toyota est la grande fierté de ce territoire. Mais savez vous que l’emploi dans l’automobile s’est effondré ces dernières années? Comment faire pour ne pas qu’il y ait d’autres menaces comme celles qui pèsent sur Sevelnord ? Pour les salariés de Sevelnord et pour les autres il est urgent de sécuriser les emplois et de trouver d’autres activités, de lancer un plan d’accompagnement pour maintenir leurs salaires et leur permettre de garder un emploi.

Et pour la suite nous devons trouver de nouvelles sources d’emplois.

De nouvelles sources sur de nouvelles activités : rénovation des maisons, des appartements, rénovation des bâtiments publics et privés pour éviter que ces bâtiments soient des passoires, des courants d’air, gaspillent l’énergie et plombent le budget de chacun. Vous pensez que ce n’est pas grand chose ? À l’heure où je vous parle, la filière bois qui est très liée à la rénovation des bâtiments emploie plus de personnes dans la région Nord Pas de calais que toute l’automobile… Mais n’est que peu implantée dans le Valenciennois.

La production de nouvelles technologies en matière d’énergie ? Que faut il pour développer le solaire, l’éolien ? Il faut des compétences, vous savez lesquelles ? Il faut des ingénieurs, ça tombe bien l‘ENSIAME sur Valenciennes en forme de parfaitement compétents, il faut des ouvriers qualifiés, des métallurgistes, des soudeurs, des … eh bien ça tombe bien il y a toutes ces compétences sur le hainaut ! Les nouvelles énergies c’est 600 000 emplois en France On pourrait en installer quelques milliers ici ? Ca ne vous dirait pas ? De faire du valenciennois un pole de développement européen de ces technologies d’avenir ?

Une autre priorité est le logement. Le logement est ce qui coute le plus cher dans le budget. Les prix de l’immobilier ont grimpé, ils ont pris 150% en 10 années. Et cela se sent sur les budgets, sur les fins de mois. Et cela a des conséquences bien au delà : aujourd’hui quand un couple se sépare, celui qui part n’a pas les moyens de trouver seul un logement, il ou elle n’a du coup plus les moyens de voir ses enfants das de bonnes conditions. Les jeunes ont aussi très difficilement accès au logement, du coup ils restent chez les parents plus longtemps. Et puis quand les familles s’agrandissent, on se tasse. Et puis il y a tous ces marchands de sommeil qui louent à prix d’or des logements insalubres. C’est ça la France du XXIème siècle ? … non il est impératif de construire des logements, des logements sociaux, d’encadrer les loyers pour qu’ils n’augmentent plus, de rénover les anciens logements pour les rendre plus accueillants et moins énergivores. Ca tombe bien c’est ce qu’a annoncé Cécile Duflot dans son discoursd’investiture en tant que ministre du logement.

Et puis il faut aussi agir sur l’école. Aujourd’hui c’est à mes yeux une priorité. Le nord a été particulièrement touché par les coupes voulues par le gouvernement Sarkozy : 5000 emplois de moins dans l’éducation alors même que sommes la région la plus jeune de France. Où était l’amoureux du Valenciennois pour dénoncer ce scandale des suppressions des postes ? Nulle part. Je ne l’ai vu ni dans la presse ni dans le débat public.

Sur l’école un objectif : la rendre plus sure. Pas en mettant des caméras de surveillance ou en rétablissant la punition avec la règle en bois sur les doigts mais en faisant en sorte que les élèves se sentent en confiance, se sentent bien à l’école, aient envie d’y aller, y soient heureux. Ce sont nos enfants, nous n’avons pas le droit de les sacrifier sur l’autel d’une soit disant rentabilité. Nous avons le devoir de leur offrir tous les moyens de réussir. Une société qui ne protège plus ses enfants est une société bien mal en point et n’oublions jamais que la principale violence à l’école est une violence sociale, ce sont les enfants des plus riches qui réussissent le mieux grâce aux cours particuliers et des devoirs encadrés et suivis de près, les enfants aisés ont le pouvoir de choisir leur école et leur collège. C’est cette égalité là qu’il est urgent de rétablir. Ça tombe bien, c’est le programme de Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale.

Et puis il y a bien d’autres projets à porter ici : les transports en commun, le fret ferriviaire, le transport fluvial…. mais permettez moi de terminer par une dernière chose : l’urbanisation. Il y a une folie furieuse dans le valenciennois : bétonner, couper les arbres, transformer les espaces naturels en zones commerciales. Alors cessons cette folie, remettons des parcs dans les villes, remettons des arbres qui nous abritent, préservons les espaces naturels. La nature n’est pas un ennemi, c’est notre ami la plus chère.

Permettez moi maintenant d’emprunter à François Hollande la formule:

Moi députée… je voterai pour l’encadrement des loyers

Moi députée… je voterai l’augmentation du nombre de logements sociaux

Moi députée… je voterai pour la création de 60 000 postes dans l’éducation nationale

Moi députée… je voterai le soutien aux entreprises productrices d’énergie

Moi députée … je voterai une loi contre l’extension de l’urbanisation

Moi députée… je voterai la loi contre le cumul des mandats et pour la transparence dans la vie politique

Moi députée… je voterai la transition énergétique

Moi députée… je ne ferai pas de la figuration médiatique en ne soutenant pas le gouvernement auquel ma formation politique a refusé de participer

Moi députée… je m’engage pour le Valenciennois

Parce que le changement c’est maintenant et c’est ici: ayons le courage de changer les choses !

Nicolas Sarkozy a envisagé la création d’un chèque essence sur le modèle grosso modo du chèque déjeuner. De prime abord, cela paraît une idée à creuser, une idée intelligente qui permettrait de diminuer la poids considérable de l’essence dans le budget des salariés, d’augmenter le pouvoir d’achat et de desserrer la contrainte des dépenses obligatoires des ménages. Pourtant cela relève de la même logique que le prélèvement sur les réserves stratégiques de pétrole ou encore du bonus-malus écologique pour les voitures : c’est là une mesure à bien court terme dont le coût final pourrait être utilisé à des usages beaucoup plus efficaces pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages.

La question à laquelle doivent répondre les politiques publiques à l’heure actuelle est la suivante : comment réduire notre dépendance au pétrole? C’est finalement la seule question pertinente à moyen et long terme. Le pétrole en effet s’épuise, il met des millions d’années à se renouveler, c’est une ressource limitée. Or, nous faisons comme si nous ne le savions pas, comme si nous ne l’anticipions pas, comme si l’Agence Internationale de l’Energie ne le clamait pas haut et fort. Nous voyons le mur, il est annoncé, il est devant nous et nous appuyons sur l’accélérateur.

« Le pic pétrolier est atteint », annonçait en 2010 l’Agence Internationale de l’Energie. Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie concrètement le début d’une hausse importante des prix du pétrole. Cette hausse est obligatoire et rien ne peut l’enrayer : nous n’avons pas de pétrole en France, nous sommes donc obligés de l’acheter. Or sur le marché il y beaucoup d’acheteurs: tous les pays développés, les pays émergents. La demande de pétrole ne cesse d’augmenter. Même au plus fort de la crise la demande de pétrole n’a cessé d’augmenter. En face, les réserves s’épuisent, l’offre diminue. Certes il existe des réserves de pétrole aujourd’hui inexploitées mais les nouvelles découvertes ne couvrent pas les quantités consommées. Et par ailleurs les réserves qui subsistent sont plus coûteuses à exploiter, moins faciles d’accès, plus difficile à extraire, elles coûtent plus cher.

Le prix de l’essence ne peut pas diminuer. Dès lors comment faire?

Le chèque-essence a tout d’une fuite en avant, d’un dispositif public qui entretient un mythe: celui que nous pourrons continuer comme avant à utiliser la voiture comme moyen de transport essentiel. Au final, l’argent qui sera mis dans le ticket-essence sera autant d’argent qui ne sera investi dans d’autres moyens de transport, transports en communs bien sûrs mais aussi véhicules moins consommateurs, nouvelles technologies.

Or c’est là c’est une nouvelle vitesse qu’il faut enclencher pour permettre à chacun de moins dépendre de l’essence et de préserver notre pouvoir d’achat. Il est important  d’imaginer des mesures transitoires pour que les plus faibles ne soient pas étranglés mais il ne peut s’agir que de mesures spécifiques et ciblées pas de mesures générales de ce type.

Avec EELV je propose que l’on enclenche au niveau national un plan sans précédent de développement des transports en commun, que l’on aide les entreprises automobiles à changer de modèle de production, que l’on augmente le pouvoir d’achat en diminuant les consommations d’énergie aussi bien dans le logement que dans l’automobile.

Pas de solution faciles et simples mais des solutions efficaces et de long terme!

Sandrine Rousseau

Eva Joly a tenu à répondre à leur interpellation … vous trouverez sa réponse ici : http://evajoly2012.fr/2012/04/14/eva-joly-repond-aux-syndicats-de-sevelnord/

La reconversion écologique de l’industrie automobile ne se fera pas sans les syndicats ni contre les salariés.

Comme le dit Eva Joly : « Il n’est pas question que ce soit les ouvriers qui payent la facture de la conversion indispensable du secteur automobile. Pour ce faire il faut en effet garantir le maintien de l’emploi et le maintien du salaire pendant la période de reconversion de l’usine. Mais cela passe aussi par un vaste plan de formation des salariés qui leur permette d’évoluer, de monter en compétence, de trouver de nouvelles formes d’organisation du travail, de collaborer avec la direction à la mise en place de nouvelles activités. »