Soixante-cinq ans jour pour jour après l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU, en 1947, du plan de partage de la Palestine qui prévoyait l’établissement d’un État juif et d’un État arabe, le président palestinien Mahmoud Abbas va voter, jeudi 29 novembre, par l’Assemblée générale, une résolution faisant de la Palestine un Etat observateur à l’ONU.
Si le suffrage favorable d’une majorité des 193 membres de l’Assemblée générale est acquis, l’enjeu portera sur le vote des pays européens et des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne).
Tour d’horizon des intentions de vote.
La France:La France votera cette semaine en faveur de l’octroi d’un nouveau statut rehaussé de la Palestine à l’ONU, celui d’Etat observateur.
« Ce vote, nous allons le faire avec cohérence et lucidité. Vous savez que depuis des années et des années, la position constante de la France a été de reconnaître l’Etat palestinien. C’est la raison pour laquelle jeudi ou vendredi prochain, quand la question sera posée, la France répondra oui », a justifié à deux jours du vote le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
L’Italie ans un revirement de dernière minute, à contre-courant de la politique pro-israélienne soutenue pendant des années par l’ancien président du Conseil Berlusconi, l’Italie est passée vendredi du camp des abstentionnistes au camp du « oui ». « Cette décision fait partie intégrante de l’engagement du gouvernement italien destinée à relancer le processus de paix avec l’objectif de deux Etats, israélien et palestinien, qui puissent vivre côte à côte, en paix et en sécurité », a expliqué le gouvernement italien.
« La décision italienne de soutenir (cette résolution) est un encouragement à poursuivre sur la voie du dialogue et contre tout extrémisme. La naissance d’un Etat palestinien membre à part entière de l’ONU pourra advenir exclusivement à travers la négociation et une entente directe entre les parties », précise-t-il.
POSITION CONSTANTE DE PARIS DEPUIS 1982
Le ministre a rappelé que cette position constante de Paris en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien avait été exprimée en 1982 devant la Knesset par le président socialiste François Mitterrand. Elle avait été réaffirmée l’an dernier sous la présidence de Nicolas Sarkozy lors de l’admission de la Palestine à l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) et figurait dans le programme de campagne présidentielle du candidat François Hollande.
« Mais, en même temps, il faut faire preuve de beaucoup de lucidité, d’une part parce que le texte (de la demande palestinienne) est actuellement en discussion et d’autre part parce que le moment où cette question va être proposée est très délicat », a poursuivi Laurent Fabius. Le ministre a évoqué à cet égard le cessez-le-feu « extrêmement fragile » à Gaza, la perspective des élections israéliennes et le changement prochain de l’administration américaine.
LA POSITION DES AUTRES ETATS
L‘Autriche, la Russie, la Chine, la Belgique, la Suisse, la Norvège, la Finlande, le Danemark, la Suède et l’Espagne ont annoncé qu’elles voteraient également, en faveur de la Palestine. L’Allemagne devrait finalement s’abstenir. Les Etats-Unis, l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, ont menacé d’utiliser leur veto pour contrer toute tentative des Palestiniens de devenir membres de plein droit de l’ONU. Le statut d’Etat membre doit être validé par le Conseil, contrairement à celui d’observateur, qui doit être voté par l’Assemblée.
Europe Ecologie Les Verts salue la décision de la France, annoncée par le Ministre des Affaires étrangères, d’apporter une réponse positive à la demande de la Palestine qui déposera le 29 novembre prochain à l’Organisation des Nations Unies sa demande de statut d’Etat non membre.
La décision de la France est un signal politique fort pour la paix dans la région et pour les nombreux citoyens et citoyennes attachés, depuis de longues années, à la reconnaissance des droits du peuple palestinien.
La communauté internationale doit enfin faire entrer l’Etat palestinien avec les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale, dans la communauté des Nations, en accord avec l’ensemble des résolutions des Nations Unies.