Note de la rédaction : Agnes Bayatti n’est plus la suppléante de Pierre Jestin
AGNES BAYATTI-ÖZDEMIR, EELV – Nous sommes pour l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne
Agnès Bayatti-Özdemir vit en Turquie depuis 2003. Passionnée par l’écologie depuis de longues années et impliquée dans plusieurs associations de défense de l’environnement, elle a adhéré à Europe Ecologie – Les Verts (EELV) l’année dernière. Elle est aujourd’hui candidate suppléante sur la liste EELV de Pierre Jestin pour la 8ème circonscription.
Lepetitjournal.com d’Istanbul : Pour la première fois cette année, les Français de l’étranger éliront leurs propres députés. En quoi ces Français ont-ils des attentes spécifiques ?
Agnès Bayatti-Özdemir (à Bodrum, photo personnelle) : Ils ont des attentes spécifiques dans plusieurs domaines. Le premier c’est la protection sociale. Quand on est expatrié, on a un statut spécial, c’est très compliqué. On s’imagine pourtant que les expatriés sont dans un paradis, au soleil. Dans un tout autre domaine, il y a le lien culturel avec la France qu’il faut entretenir. On a de toute évidence des besoins spécifiques et c’est bien que l’on ait des députés à part entière, qui soient autre chose que cette Assemblée des Français de l’étranger dont le fonctionnement est extrêmement compliqué à comprendre.
Agnès Bayatti-Özdemir (à Bodrum, photo personnelle) : Ils ont des attentes spécifiques dans plusieurs domaines. Le premier c’est la protection sociale. Quand on est expatrié, on a un statut spécial, c’est très compliqué. On s’imagine pourtant que les expatriés sont dans un paradis, au soleil. Dans un tout autre domaine, il y a le lien culturel avec la France qu’il faut entretenir. On a de toute évidence des besoins spécifiques et c’est bien que l’on ait des députés à part entière, qui soient autre chose que cette Assemblée des Français de l’étranger dont le fonctionnement est extrêmement compliqué à comprendre.
Dans une vidéo adressée aux Français de l’étranger, Eva Joly dit qu’ils sont les premiers témoins de la dégradation de l’image de la France à l’étranger. En tant qu’expatriée en Turquie, trouvez-vous que l’image de la France se dégrade ?Oui absolument. L’image de la France est très dégradée. Cela fait minimum cinq ans qu’il y a une politique internationale déplorable de la part du gouvernement. Il y a certains domaines dans lesquels on restera ad vitam aeternam une valeur universelle : la mode ou la gastronomie. On est le phare du monde entier dans ces domaines-là. Mais même dans les domaines d’excellence, on perd de plus en plus d’influence : le TGV, Airbus… Si ça continue comme ça, on ne va garder que la mode et la gastronomie. Et aussi le nucléaire, mais je n’espère pas car notre but c’est d’en sortir.
Sur le sujet du nucléaire justement, est-ce qu’EELV peut avoir un impact en Turquie ou est-ce que c’est plutôt aux associations de se saisir de la question ?Les deux sont indissociables. En étant candidat EELV, on est aussi engagé auprès des associations. A Greenpeace Turquie par exemple, ils étaient très contents de voir que leur combat avait un relais politique quelque part en Europe.
Vous êtes propriétaire d’un hôtel à Bodrum, dans le cadre de cette activité avez-vous des actions pour développer un tourisme plus vert ?Oui. Je suis enregistrée sur le site responsibletravel.com. Je travaille sur un programme d’étoiles vertes lancé par le ministère du Tourisme turc il y a quatre ans. J’essaie d’appliquer le plus possible des principes écologiques, comme acheter uniquement des détergents biodégradables. L’éducation est aussi très importante. Le niveau de prise de conscience aux problèmes de l’écologie n’a rien à voir en France et en Turquie, surtout dans une région comme celle de Bodrum.
Quelles seraient les priorités en Turquie dans le domaine de l’écologie ?La priorité c’est vraiment l’énergie. C’est complètement insensé de construire des centrales nucléaires dans un pays où il y a autant de soleil et de vent. C’est irrationnel. Mais c’est un sujet qui ne fait pas partie des priorités du gouvernement turc, comme d’autres d’ailleurs, que ce soit la France ou la Corée. Ils ne tirent pas les leçons des accidents nucléaires, mais ça va au-delà. Ils sont pris dans une espèce de cercle de pouvoir.
Quels sont les points du programme d’EELV que vous souhaiteriez souligner ? Avec Pierre Jestin (photo), nous voulons insister sur quatre points. Nous sommes des candidats du mouvement de l’écologie politique. C’est-à-dire des candidats écologistes et de gauche car l’écologie politique c’est aussi un projet social, antilibéraliste. Nous sommes pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, contrairement à la candidate PS dans la 8ème circonscription pour qui la Turquie est dans l’Asie mineure. Nous sommes pour cette entrée, car la Turquie est un marché énorme et dynamique qui est plus proche de l’Europe que, par exemple, la Bulgarie. Cela donnerait un pied à l’Union européenne dans une zone stratégique et sensible. Et ce serait un moyen radical de faire progresser les droits de l’homme et la liberté de la presse en Turquie. Concernant la loi condamnant la négation du génocide arménien, nous sommes contre le fait de légiférer sur l’histoire et notamment sur les génocides. La prise de position du gouvernement français a braqué le gouvernement turc sur la question, au lieu de faire avancer le dossier.
Le dernier point concerne l’imposition des Français à l’étranger. Contrairement à l’UMP et au PS, nous sommes opposés à la double imposition. Mais nous sommes aussi contre l’évasion fiscale. Et un moyen de lutter contre les paradis fiscaux c’est d’augmenter le nombre de fonctionnaires travaillant dans ce genre de services. Là il y a une source d’emplois.
Propos recueillis par Margaux Agnès (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 19 mars 2012
A noter : Kumi Naidoo, le directeur international de Greenpeace, en visite en Turquie la semaine dernière s’est exprimé sur les choix énergétiques de la Turquie. S’adressant aux leaders politiques et économiques du pays, il a déclaré que la Turquie devrait se montrer comme un modèle en investissant dans les énergies solaires et éoliennes, plutôt que dans les technologies dangereuses comme le nucléaire, le pétrole et le charbon. La préoccupation principale reste le nucléaire. Kumi Naidoo a qualifié la construction de la centrale d’Akkuyu (province de Mersin) d’imprudente et a rappelé que les choix de la Turquie n’auront pas de conséquences uniquement pour le pays, mais pour le monde dans son ensemble.