Le groupe norvégien Viking River Cruises, spécialisé dans la croisière fluviale, s’est lancé l’an dernier dans la croisière maritime. Il devait se doter de deux paquebots de luxe. Un contrat avait été signé le 21 décembre 2011, avec le chantier naval nazairien STX France pour la livraison au printemps 2014 et au printemps 2015 de deux navires de 230 mètres de long avec 444 cabines.
Ce contrat était accompagné d’une clause suspensive : l’approbation du plan de financement. Cela ne semblait pas poser de problème compte tenu de la bonne santé financière du groupe, qui a commandé, en mars, six paquebots fluviaux au chantier naval allemand Meyer Werft.
Mais le montage financier, réalisé par l’armateur et le constructeur, n’a pas pu être bouclé dans les délais prévus. Ce qui a ouvert la possibilité au client de contacter des chantiers concurrents pour étudier de nouvelles propositions (notamment avec l’italien Fincantieri).
Gros trou dans la charge de travail
La direction de STX France a confirmé que Viking River Cruises lui avait annoncé « son choix de poursuivre les discussions pour la construction de deux paquebots avec un de nos concurrents. À ce jour, aucun autre chantier ne s’est vu confier la commande des navires ».
Pour le chantier de Saint-Nazaire, « cette décision est une très mauvaise nouvelle pour l’ensemble des salariés. Il faudra plusieurs mois pour tenter de combler ce trou de charge immédiat, et plus particulièrement pour les bureaux d’études, dont la charge de travail va être directement et immédiatement affectée ».
À Saint-Nazaire, c’est la consternation. Depuis plusieurs années, le chantier naval, avec ses 2 100 salariés, connaît des difficultés et des périodes de sous-charge. 9 000 jours de chômage partiel dans les différents secteurs de l’entreprise ont été annoncés, avant cette perte de commande, pour les mois de mai et juin.
STX comptait sur les 4 millions d’heures de travail qu’apportaient ces deux paquebots pour retrouver une montée en charge à partir du dernier trimestre 2012, aussi bien dans le chantier que chez les sous-traitants, également en pleine crise.
Pour la CFDT, « l’incapacité à monter un plan de financement témoigne d’un malaise français en matière de soutien à son industrie. Il manque une banque d’État à même de porter le montage de tels dossiers ». La CGT y voit « une situation scandaleuse. Cela démontre le peu d’ambition dans la stratégie industrielle ».
Des discussions sont en cours avec d’autres clients. Il y a urgence à obtenir des commandes. Mais cela n’empêchera pas l’augmentation du chômage partiel, en jours et en nombre de salariés touchés.