Actuellement au Japon, aucune centrale nucléaire n’est en fonction. Depuis que la tragédie de Fukushima s’est produite, le pays s’est lancé dans une vaste opération de maintenance de toutes ses unités de production nucléaire afin de s’assurer de leur fiabilité. Les réacteurs des centrales nucléaires ont donc été arrêtés progressivement, et le dernier en activité était celui de la centrale Tomari de l’île d’Hokkaido, située dans la sous-préfecture de Shiribeshi, précisément à Tomari-Mura. Mais ce samedi 5 mai, les autorités nipponnes ont décidé d’arrêter ce réacteur, le troisième de cette centrale, pour la même raison que les autres. Un porte-parole d’Hokkaido Electric Power Co, l’exploitant de la centrale, confirme que dans la soirée du samedi, le réacteur était complètement éteint, laissant la charge de la production électrique assurée par le nucléaire aux centrales thermiques.
La situation des installations nucléaires après les événements de Fukushima
Avant les inoubliables événements de Fukushima, 54 réacteurs étaient en activité au Japon. Mais après le 11 mars 2011, date de la catastrophe, le pays s’est retrouvé à 37. Sur les 17 qui ne fonctionnaient plus, il y en a 4 qui sont issus de la centrale de Fukushima et qui ont été détruits par le séisme et le tsunami. Les 13 autres, situés sur une zone où les risques sismiques sont jugés importants, ont volontairement été arrêtés par mesure de prudence, le temps pour les experts de faire certaines vérifications. Les autorités ont ensuite procédé à un arrêt progressif de ces 37 réacteurs et le dernier encore en service était celui de la centrale de Tomari. Avec l’arrêt de ce réacteur, la production électrique actuelle du Japon est faite de sources d’énergie autre que le nucléaire.
Les centrales thermiques prennent le relais et ça grince les dents chez les opérateurs électriques
Les centrales thermiques ont aussitôt pris le relais afin de combler la production électrique assurée par les centrales nucléaires, qui représente 30% de la production totale du pays. Il n’y a donc pas de rupture d’électricité car ces centrales thermiques sont mises à très haute contribution. Cette situation ne fait cependant pas l’affaire des opérateurs électriques du pays qui ne cessent de pleurnicher, appelant de tous leurs vœux que ces réacteurs soient opérationnels. Ils affirment même que le pays ne tiendrait pas longtemps et qu’une pénurie en électricité serait inévitable. Angel Gurria, chef de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a décidé d’être leur porte- voix et demande à ce que le Japon relance ses réacteurs, sous prétexte qu’il y aurait une confirmation de leur sécurité. Il ne s’est pas aussi gêné pour avancer que ces interruptions pourraient engendrer des problèmes économiques, notamment auprès des opérateurs électriques. Au-delà de cette position, il faut reconnaitre que l’incidence actuelle de l’arrêt de ces réacteurs est la dépendance du Japon aux importations de pétrole et de charbon. Le gouvernement, pour sa part, joue la carte de l’économie et recommande aux populations de réduire leur consommation pour les besoins de climatisation pendant les moments de grandes chaleurs. Les réacteurs de ces centrales nucléaires ne sont qu’en stand by car les autorités envisagent leur remise en service après les opérations de maintenance. Elles comptent le faire progressivement et avec prudence, sauf que les populations ne sont pas d’accord avec cette reprise. Une chose est certaine ; avec le mauvais souvenir qu’a laissé la tragédie de Fukushima, il serait étonnant que les autorités poursuivent leur politique énergétique visant en une implantation de 50% du nucléaire, dans la production électrique, d’ici 2030.