L’histoire difficile de l’Education Nationale avec la langue créole a, semble-t-il, connu un nouvel épisode. Selon le témoignage de professeurs du Lycée Hôtelier de Plateau-Caillou, une jeune enseignante stagiaire en langue et culture régionale aurait été interrompue et exclue de l’établissement alors qu’elle donnait un cours. Un incident qui interviendrait après des mois de relations difficiles et de controverses autour de cet enseignement.

Quel gâchis, au vu de tous les projets valorisant le travail des élèves lors de moments forts comme  la semaine créole, « la fèt kaf » ou encore  la journée Porte Ouverte chaque année (projets de classes à PAC, partenariat avec le musée de Villèle, artistes au lycée: Amba, Destin, Lansor, Christine Salem,Danyel Waro…); des évènement qui mettent en lumière le dynamisme de cette option.

Faut-il rappeler que le créole est la langue maternelle de 90% des élèves réunionnais ? Enseignants, nous-mêmes,  nous constatons que son usage peut agir comme une libération chez certains élèves. Son enseignement, loin de les enfermer, leur permet de s’approprier leur culture. Les mettant en confiance, il facilite leur relation à l’autre.

Plus qu’ailleurs, dans un Lycée Hôtelier, son enseignement (qui reste facultatif) nous paraît pertinent. L’offre touristique de la Réunion, la mise en valeur de ses richesses et de sa diversité ne peuvent se construire qu’avec des Réunionnais à l’aise avec leur kosé, leur culture, leur imaginaire, leur patrimoine…

Aussi, en tant que candidate aux législatives, en tant qu’élu de Saint-Paul, soucieux, comme tout écologiste, de la promotion des langues régionales, nous plaidons pour que la langue créole trouve une place juste dans les établissements scolaires de la Réunion. Au Lycée Hôtelier, nous plaidons pour un apaisement et une sortie du conflit par le dialogue et le respect dans l’intérêt des élèves.

Nila Minatchy, Candidate écologiste sur la 2ème circonscription

Jean Erpeldinger, Elu de Saint-Paul, Membre du CA du Lycée Hôtelier de Plateau-Caillou

Un article de presse sur le sujet, clickez sur l’image :

Panique, réponses à l’envers, manipulation, effets d’annonce, des démunis a qui l’on a pris plus que l’on a donné, destruction d’emploi et du petit commerce : voilà le constat des solutions des sorties de crise. Sortie provisoire, malheureusement….

Notre point de vue est sans concession. Les réponses apportées nous semblent dérisoires bien qu’utiles sur le pouvoir d’achat, montées à l’envers en ce qui concerne leur financement, l’aide au plus démunis, le soutien à l’emploi et au commerce local. Sur le carburant, il est incroyable de voir que les plus démunis vont payer les économies de ceux qui ont plus qu’eux…

Comportements irresponsables, effets d’annonce, manipulation…il y a énormément à dire sur la gestion de cette crise, en commençant par s’étonner de l’incapacité de l’Etat à y répondre rapidement, preuve de son incapacité à entendre ce qui gronde à la Réunion depuis pourtant bien longtemps.

Pourtant des solutions existent, elles demandent de remettre en cause des dogmes, d’oser imaginer un monde différent, et surtout le courage de passer à l’acte sur les vrais sujets !

Panique à la préfecture, panique chez les politiques, panique chez les jeunes, panique partout… Des mauvaises réponses liées probablement à la panique : une répression sans dialogue, des recherches de solutions loin du problème de fond, des comportements d’élus et de « responsables » qui provoquent la violence, des solutions économiques globalement à contre-sens qui vont encore appauvrir ceux qui ont pourtant besoin d’aide, malgré les quelques euros de baisse sur certains produits.

La vie est effectivement trop chère, mais les réponses apportées sont pour la plupart des aberrations sociales et économiques.

Il nous semble temps de faire un premier bilan de la situation, de tenter de comprendre d’où viennent cette crise et cette violence, d’analyser les réponses faites, et de proposer des contre solutions pour le court terme et d’émettre des pistes de solutions sur le long terme. Notre point de vue est sans concession. Car si on peut comprendre que la panique ait amené des réponses inadaptées, cette crise était prévisible. Et le premier constat est donc que si elle n’a pas pu émettre de réponse immédiate, c’est que la préfecture n’avait pas envisagé, imaginé, que la situation sociale de l’île était explosive.
Comment peut elle être si loin de la population, n’avoir rien vu venir ?

Les excités qui s’imposent dans des réunions où ils ne sont pas invités, les cris et les exclamations, et des réponses papa bondié pour se faire entendre, les propos irresponsables d’un maire, comment ensuite dire aux jeunes que la voie de la résolution des conflits c’est le dialogue, que la légitimité c’est la démocratie ?

Quand des élus et des « responsables » montrent que pour se faire entendre il faut crier, s’imposer, comment s’étonner que les jeunes reproduisent ce comportement dans les rues, à leur échelle ? Comment peut-on être un représentant et ne pas être exemplaire ?

Des promesses dont certaines ne seront pas tenables car pas financées, qui sont irréalisables car elles ne dépendent pas des acteurs qui négocient, voilà ce que l’on entend depuis des jours. Rien de mieux pour alimenter le « politiques tous menteurs». Les Etats Généraux de l’Outre Mer n’ont rien donné, comment imaginer en pleine crise financière et économique que de l’argent arrive pour financer toutes les promesses ? Effets d’annonce qui ne tiendront pas dans le temps, le problème est plus profond.

Paul Vergès veut que l’on donne 200 € par mois aux Réunionnais les plus pauvres. Prends un peu du riz que je t’offre avec l’argent qui est déjà le tien et reviens dans 4 mois…Paul Vergès est élu depuis 1955, soit depuis 57 ans Avec le PCR qui est dans la majorité du Conseil général, le Paul Vergès qui a dirigé la Région pendant 12 ans ? Mais n’a-t-il pas largement contribué, par son incapacité depuis maintenant de nombreuses années à construire l’avenir de la Réunion à la provoquer, cette crise ?
En bétonnant l’île pour favoriser le tout-voiture depuis 57 ans, en aidant à la construction des grandes surfaces pour promouvoir l’illusion du consommer moins cher permet de consommer plus et rend plus heureux, n’a-t-il pas une responsabilité énorme dans les évènements actuels ? Ce Paul Vergès qui pourtant avait au départ tant fait pour la Réunion, est-ce sa seule proposition concrète aujourd’hui ? Il dit vouloir changer de modèle, mais que n’a-t-il engagé cette transformation en…57 ans de mandat, comment la fera-t-il en 4 mois ?

Didier Robert. Nassimah Dindar…

Thierry Robert…voir page d’après…combien nous coûtent et à qui profitent ses « négociations » et ses « gesticulations »

Ces mauvaises réponses ne datent pas d’aujourd’hui. Le désengagement de l’Etat dans l‘éducation, la prévention, au profit de la répression type construction de prisons est une erreur de vision colossale.

Lors de cette crise, le préfet a dû oublier que la préfecture, c’est notre maison commune, pas SA maison. la dramatisation des grilles fermées, des policiers en faction devant les quelques manifestants pacifiques qui attendent les résultats de la table ronde, l’accueil en grandes pompes des « décideurs »…mais les jeunes ? Quand le préfet les a-t-il reçus pour les écouter ? Quelle médiation a-t-il tentée ?

« La récréation est finie » Comment peut-on imaginer sortir d’une crise en s’adressant ainsi à des jeunes sans espoir ? la réponse fut immédiate : toutes les violences ont continué. Le préfet au lieu de dialoguer et de sanctionner a bien réprimé, mais sans prendre aucun temps pour écouter, dialoguer.
Même si l’incendie sera éteint par la force (environ 200 interpellations à dimanche 26), les braises sont encore chaudes, et le message passé est simple: violence contre violence. Quelle autre solution offre-t-il donc à nos jeunes quand il sont désespérés ? Quelle autre voie a-t-il proposé ?

Sur l’autre versant de la crise : les carburants. Comment l’état peut-il cautionner une baisse des prix des carburants pour tous les transporteurs ? Comment le préfet peut-il accepter que l’argent de tous parte au profit de certains sans contrepartie, alors que certains transporteurs se portent très bien ?
Comme sur les problèmes du BTP, du tourisme, la solution n’est-elle pas d’apporter une aide ciblée aux entreprises en difficulté plutôt que de baisser le prix du carburant ? A t’on baissé le prix du ciment et du sable pour aider le BTP ? Non, ça aurait été inapproprié…

Sur l’essentiel : mais quelle réponse a été apportée ? quelques baisses de prix – temporaires – , des jeunes en prison…qu’a-t-on réglé ? Rien… sans des réponses sur le fond, sur l’avenir des jeunes, sur l’emploi, sur les échecs du système éducatif et les insuffisances de la formation, sur le modèle de société, tout repartira demain ou après demain.

Et l’Etat….Absent, totalement absent. Il n’a pas été aidé, le Préfet…

Je vis dans les hauts, ou dans mon quartier, je suis dans le besoin, je n’ai pas de voiture.

Je ne bénéficie pas de la baisse des prix du carburant.

Il n’y a pas d’hypermarché, je n’économise rien.

Je suis le plus démuni des Réunionnais, je ne bénéficie pas de cette manne, J’ai moins de chance qu’avant d’avoir un emploi aidé, il y en a moins.

J’aurai moins d’aides directes, les communes ont moins d’argent.

Mon fils, je l’empêche de sortir, on ne sait jamais..

Pour profiter de la baisse des prix je dois payer mon transport pour aller acheter en hypermarché les produits donton a décidé pour moi que c’étaient ceux là dont j’ai besoin.

En attendant mon commerçant des hauts ou du quartier, il pleurera car je n’ira pas…et pendant que je suis en bas, j’en profite, tenté par les promotions. L’hypermarché à fait une ristourne sur quelques produits, mais il va se rattraper sur le nouveau client que je suis qui va acheter d’autres choses.

Voilà comment on abîme les petits commerçants au profit de la grande distribution…

Je gagne 2500 € par mois, mon épouse 1500€ et je vis en ville. J’économise sur mon carburant, j’économise sur les produits que j’achète en hyper. Bingo. Et mon fils n’est pas en prison. C’est donc bien moi qu’on aide le plus. Mais pourquoi ne me donne-t-on pas la parole, que je remercie publiquement tous ces généreux Réunionnais qui m’aident ?

On a pris l’argent de la solidarité destiné aux 52% les plus pauvres pour faire des remises pour tout le monde…On a pris aux pauvres pour donner à plus riches qu’eux…

Les remises de la grande distribution: c’est la seule bonne nouvelle, avec les aides aux produits péi. (bien qu’elle soit insignifiante)

Sur les carburants : si vous n’avez pas de voiture, vous ne gagnez rien…en 2007, date de la dernière étude 31% des ménages réunionnais n’avaient pas de voiture. aujourd’hui c’est encore au moins 1 ménage sur 4 des Réunionnais, les plus pauvres, qui n’ont pas de voiture.
Donc les plus pauvres n’économisent rien.

Ceux qui mettent 15 litres par semaine: économie 15×0,08€x4,5semaines, environ 5,4€ par mois.

Ceux qui ont un gros 4×4 et qui mettent 30l par semaine: économie du double : 10,8€ par mois.

Une économie trop faible pour ceux qui sont dans le besoin, et la plus forte pour les plus riches…

Sur les prix des produits de base: quelques baisses sur des produits ciblés. Un début de réponse. Bien mais notoirement insuffisant. personne ne demande l’aumône, mais une vie digne.
Le problème est structurel, quelques mesurettes ne règleront rien. Le COSPAR a déçu, on nous joue COSPAR2. Dans 3 mois, les prix seront revenus au niveau d’hier.

Ce que l’on perd. Jean Yves Rochoux, économiste Réunionnais, estime (Linfo.re – 28/02/12) que cette solution est « porteuse d’effets néfastes ». 27 millions de remises sont financées par les collectivités et 2 millions par les pétroliers.

Un emploi aidé de type CUI, c’est 1200€ pour une collectivité par mois, soit 14 400€ par an. 27 millions, c’est priver 1875 Réunionnais, parmi les moins de 25 ans par exemple qui ne touchent aucune indemnité, d’un emploi aidé et de revenus.

Ou…il manque 50 millions selon le ministère de la santé pour construire le pôle sanitaire Ouest. Donc en 2 ans on finançait le pôle sanitaire Ouest…

Construire un 2è équipement de stockage de pétrole. pas pour répondre à des besoins, pour faire baisser des prix ?

Injecter massivement de l’argent, ça va faire…monter les prix, car si la SRPP vend moins, elle augmentera ses prix pour conserver ses marges et le nouvel importateur sera bien obligé de rembourser la construction des installations donc vendra plus cher. Qui a pensé cette solution ridicule à contresens ?

Et aurions nous les moyens de mettre de l’argent dans un 2è dépôt pétrolier alors qu’on ne sait pas construire assez de logements ni un hôpital ?

La valeur travail n’est pas rejetée par les jeunes, elle leur est inaccessible.

Nous avons donc à inventer ici

- un monde où celui qui n’a pas d’emploi est respecté, n’est ni victime ni coupable, a accès malgré tout au minimum que l’on doit à chacun: logement, nourriture, santé, éducation, formation, avenir. Ceci passe par l’instauration, comme cela est prévu dans le programme national d’EELV, par la mise en place d’un revenu minimum d’existence pour tous ceux qui sont présents sur l’île depuis au moins 5 ans. Cette mesure se substituera à toutes les aides diverses existantes.

- un modèle où même sans emploi chacun trouvera son utilité sociale. cela nécessite un changement de regard sur les emplois de service, une revalorisation des tâches quotidiennes utiles à la vie en société, une reconnaissance de l’engagement associatif : garde d’enfants, cours, transports vers l’école, ménage, bricolage, jardinage, réparations, cuisine, animation, sport, culture…tout un ensemble de prestations à payer en monnaie locale . Ce fut le levier majeur de la sortie de crise de l’Argentine, c’est une solution locale, facile à mettre en oeuvre, qui crée de l’activité non délocalisable et une richesse qui reste à la Réunion.

- un modèle avec une meilleure répartition de l’emploi: ceux qui travaillent sont de plus en plus stressés, font de plus en plus d’heures, et en même temps le taux de chômage grimpe en flèche. Aller vers une meilleure répartition du travail, et des revenus, est urgent pour construire une société sereine. Nous devons arrêter de mentir aux jeunes en leur promettant un emploi qu’ils n’auront pas tous, et d’entretenir l’idée de jeune sans emploi = fainéant casseur. Nous devons arrêter de former des jeunes à des emplois qui n’existent pas, il faut arrêter d’offrir comme seul avenir de quitter l’île ou de devenir fonctionnaire.

Notre société a les moyens et le devoir de permettre à chacun le minimum vital. Ou nous ne serons plus le peuple Réunionnais mais un peuple barbare avec plus de riches, plus de pauvres, plus de révoltés, avec la police au milieu. Nous avons le choix de faire autrement.

Ces éléments seront largement développés dans notre programme législatives

200 jeunes présumés casseurs sont enfermés, il est grand temps de dialoguer avec eux pour comprendre, et non plus imaginer, ce qui les a amenés à cette violence. Dialoguer sans arrière-pensée, sans excuser ni juger, dialoguer pour comprendre.

Des milliers de jeunes sont dans le désespoir, il est grand temps de dialoguer avec eux pour imaginer avec eux un avenir réaliste, déconstruire les illusions publicitaires, reconstruire avec eux leur avenir. La tâche est énorme, c’est toute une vision du monde qui est à réinventer avec eux.
Mais n’est-ce pas là notre responsabilité politique, collective, et celle de l’état ?

Il est grand temps d’écouter la souffrance du peuple de la Réunion et d’y répondre avec de vraies mesures, peut être moins populaires et populistes, mais plus justes, plus équitables.

Il est grand temps d’arrêter de promettre ce qu’on ne pourra pas tenir, d’engager un dialogue DE VERITE entre tous les réunionnais et l’état, les collectivités.

Il est grand temps pour les médias de passer dans l’ére de la responsabilité. Entendu à la radio« je suis cachée, j’entends des tirs, ça se rapproche… » sur un ton d’excitation déplacé. Certains se sont refait la guerre du Golfe à la Réunion. Peut-on passer à un dialogue serein, construit, constructif ? Nous avons attendu quelques jours pour nous exprimer, pour ne pas ajouter à la confusion. Et dans l’ambiance de guerilla dans laquelle les médias et certains politiques se sont jetés pour exister, comment passer un discours de fond ?

Il est à noter que depuis le début de cette crise les « décideurs » se sont parlé entre eux, qu’ils ont décidé entre eux des mesures d’aide, des remises, etc…Quand a été consultée la population, particulièrement celle qui est dans le besoin ? Pas plus que les jeunes ils n’ont été invités.