Ce goût sucré de la victoire

Du 10 mai 1981, je me souviens encore du poste de télévision planté au milieu de la salle à manger vers lequel nous étions tous attirés.

De ce soir-là, j’en conserve le souvenir du visage enfin détendu de mon père qui, trop souvent crispé par le doute et fermé par la crainte, avait compris à 20 heures l’ampleur du changement.

J’en garde le sentiment d’une joie partagée et la douce sensation du soulagement: Valéry Giscard-d’Estaing et ses ministres de l’intérieur, Michel Poniatowsky et Christian Bonnet, ne nous menaceront plus à vouloir obstinément abréger notre séjour en France !

Du 06 mai 2012, il me restera certainement en mémoire cette joie populaire et ce même soulagement mais aussi des cris et des chants, ceux des militants et des sympathisants.

Des sourires sur des visages rayonnants et un peuple de gauche avignonnais réuni, venu jusque sous les fenêtres de l’Hôtel de ville fêter la bonne nouvelle : Nicolas Sarkozy, ses abus de langages, ses abus de pouvoir, ses ministres, ses conseillers spéciaux, ses courtisans et ses zélés ne nous insulteront plus, ne nous humilieront plus, ne nous salirons plus…

Seulement il reste dans notre département assez de ses aficionados de la droite populaire tenant fermement la main de leurs cousins frontistes pour rester sur nos gardes et même si Avignon préférant élire François Hollande fait dans le Vaucluse figure d’exception, nous n’y sommes à l’abri de rien.

A l’image de la regrettable sortie de Mme Roig, pourtant fidèle chiraquienne rompue à l’exercice du respect et de la retenue, aux côtés du maître d’œuvre, maître du genre, s’essayant à la nouvelle méthode et comparant à une « soubrette empressée » la vice-présidente du Conseil Régional Cécile Helle, la course des législatives et des municipales risque ainsi de nous valoir jusqu’en 2014 et de la part des plus modérés, son pesant de dérapages sémantiques et son lot d’appels du pied opportunistes.

A cela, ajouter les divisions et les dissensions qui peuvent nuire à l’entente cordiale de la gauche ce dimanche soir en démonstration sur la place de l’Horloge : André Castelli, Christine Lagrange, Mohamed Zaïdat et Cécile Helle se retrouvant bras dessus, bras dessous, heureux de savourer ce moment ensemble. Là où beaucoup remarquaient l’absence de Michèle Fournier-Armand, certains se délectaient déjà des failles, des fissures et des faiblesses de cette belle union sacrée !

Décidément, vous n’êtes à l’abri de rien, pas même du pire: avec un premier tour des élections législatives en juin prochain devenu une invitation à la foire d’empoigne et voilà le risque d’oublier pour encore longtemps ce goût si exquis et sucré de la victoire !

Ce goût sucré de la victoire

Écrit par Akim RAHMOUNI

Mercredi, 09 Mai 2012 00:19