Le réseau de vigilance contre la racisme et la xénophobie invitait ce mardi 27 mars l’ensemble des partis politiques de gauche pour débattre sur le thème « Politiques d’immigration, Front national et politique d’intégration :
que proposent les partis de la gauche ? ». L’occasion de rappeler les engagements des écologistes concernant la politique d’immigration lors de mon intervention ci-dessous.
La question des migrations est un élément fondamental de la pensée écologiste. En effet, l’écologie politique est fondée sur la critique du système de prédation des ressources naturelles et humaines qu’est le capitalisme, associé au libéralisme.
La question de notre modèle de développement et celle de l’immigration sont intimement liées.
Alors que les migrants fuient les guerres, les persécutions, la misère sociale ou encore les crises environnementales, nous avons un devoir de solidarité, d’accueil, car notre modèle de développement est la cause même de la venue de ces populations, souvent à leur risques et périls, sur notre territoire.
Ainsi, la politique d’immigration ne peut être traitée que dans le cadre d’un projet global de société et nous ne dirons jamais assez la nécessité d’imaginer un autre modèle de développement, à enclencher enfin des politiques de co-développement, de solidarité et de coopération internationale, de construction d’une autre économie, solidaire et équitable.
Vous le savez, Nicolas Sarkozy a fait de l’immigration un bouc émissaire pour mieux cacher sa politique de casse sociale. En divisant la société, en s’attaquant au plus pauvres, en banalisant les idées du Front National, il a fait prospérer la xénophobie la plus abjecte.
L’ignorance et la misère sociale sont le terreau du racisme et de la xénophobie. Lorsque l’on casse le système éducatif et social français on fait prospérer les idéologies frontistes.
Pour tuer les idées de la droite populaire, comme du Front National, notre arme c’est une politique du plein emploi, c’est la réduction drastique des inégalités, c’est garantir pour tous nos droits fondamentaux. C’est plutôt que l’austérité, investir massivement en faveur des politiques de solidarité et de cohésion sociale.
Je parlai tout à l’heure d’ignorance et je voulais dire mon exaspération quant au propos de la droite la plus dure.
Je n’en peux plus d’entendre dire que nous n’aurions pas les moyens d’accueillir les populations d’origines étrangères quand nous n’avons jamais été aussi riches ; quand les populations immigrées rapportent chaque année 20 milliards d’euros aux caisses de l’Etat ; quand l’objectif de 30 000 reconduites à la frontière coûte au bas mot 750 millions d’euros par an…
Je n’en peux plus d’entendre dire que nous serions submergé par un flux migratoire incontrôlable quand seule 20% de l’immigration se fait des pays du « Sud » vers les pays du « Nord » ; quand sur 7 milliards d’habitante-e-s seul-e-s 200 millions sont des immigré-e-s.
Il est temps d’inverser radicalement la tendance, de dire que, pour notre part, nous voulons faire le pari de la solidarité ; que le financement du système sociale français ne se fera pas sans un accueil important de nouvelles populations et, au delà de toute vision utilitariste de l’immigration, que la diversité, surtout, est une richesse.
- Nous voulons un processus continu de régularisation pour que toute personne qui vit sur le territoire français bénéficie des mêmes droits : logement, santé, éducation et bien sur travail.
- Nous voulons la dépénalisation du séjour irrégulier car, oui, la déclaration universelle des droits de l’homme garantit bien la liberté de circulation, liberté qui ne peut être contrainte par les législations nationales.
- Nous voulons la fermeture des centres de rétention et l’abrogation du délit de solidarité.
- Nous voulons que le ministère qui traite de la question migratoire ne soit plus le ministère de l’intérieur mais celui des solidarités.
- Nous voulons une remise à plat des lois relatives à l’immigration et particulièrement de la loi CESEDA, pour que soit rétabli le droit de circulation avec l’unification des visas, pour que soit délivré uniquement des titres de résidents longue durée (3ans, 10 ans, puis permanent), pour une véritable protection des mineurs isolés.
- Nous voulons faciliter l’accès à une citoyenneté de résidence et à la nationalité française, nous voulons garantir le droit du sol.
- Nous voulons l’application des conventions internationales pour garantir le droit d’asile.
- Nous voulons la mise en œuvre de politiques d’insertion et de fraternisation avec les Roms, pour une véritable politique d’accueil appuyée sur cinq volets : hébergement, scolarisation, apprentissage du français, santé, accès au travail.
- Enfin, et parce qu’accueillir c’est d’abord donner les mêmes droits à tous, nous voulons le droit de votes des personnes étrangères installées en France depuis au moins cinq ans.
Pour finir, je voulais dire que lorsque la Norvège a connu les attentats fascistes d’Oslo et d’Utoja, plutôt que de lancer une guerre de civilisation, elle a fait le pari de plus de démocratie plus de démocratie, de solidarité, d’éducation, de transparence et de fraternité. Voilà l’arme pour combattre la xénophobie : un autre modèle de société.