La hausse du prix des carburants entraîne une baisse des consommations par nécessité. Les pouvoirs publics peuvent en faire une opportunité pour aider à l’évolution des comportements et engager une politique industrielle tournée vers l’avenir, tout en aidant les ménages, industries et artisans vulnérables à organiser cette transition.
Pour le second mois consécutif, la consommation de carburants est en baisse en France (-3,5 % rien que pour le mois de mars). Cette baisse est la conséquence logique de la hausse des prix. Elle démontre une élasticité des comportements des automobilistes bien plus grande que celle anticipée par les « experts », à l’image de la baisse de 10% de la circulation automobile mesurée en 2008. La hausse des prix des carburants va continuer, inéluctablement, le pétrole se faisant chaque jour un peu plus rare. La réduction des consommations sera donc elle aussi durable.
D’un point de vue environnemental, cette réduction est souhaitable. Moins de carburant consommé, c’est moins d’épuisement d’une formidable ressource naturelle (le pétrole) en quantité limitée, c’est moins de pollution de l’air, moins d’émission de gaz à effet de serre.
C’est aussi positif en ce qui concerne l’évolution possible des comportements individuels : rouler moins vite, éviter les déplacements superflus, pratiquer le covoiturage, utiliser plus fortement les transports collectifs ou les circulations douces, tout cela va dans le bon sens.
Pour autant, les impacts sociaux de cette évolution sont, pour certains ménages vulnérables, beaucoup plus douloureux. Pour tous ceux qui sont aujourd’hui « prisonniers » de leur voiture (territoires peu desservis par les transports collectifs, nécessités de déplacements domicile travail, etc.), en deçà d’une réduction potentielle par des comportements économes, la hausse du prix du carburant peut se traduire par une baisse de pouvoir d’achat ou de la capacité de mobilité.
Les pouvoirs publics ne peuvent se limiter à rester observateurs de ces évolutions profondes. Ils doivent agir pour favoriser les évolutions favorables et contribuer à corriger les effets pervers.
De nombreuses mesures doivent être mises en œuvre :
- renforcement des transports collectifs dans les zones denses.
- mise en place de transports collectifs souples (transports à la demande, taxis collectifs, etc.) dans les zones péri urbaines et rurales.
- tarification attractive dans les transports publics.
- arrêt de l’étalement urbain qui rend les ménages dépendants de leur voiture.
Nous nous fixons comme objectif qu’aucun français ne soit à plus de 10 minutes d’un systèmes de transport collectif.
Mais aussi :
- appui à la reconversion de l’industrie automobile (menacée par la perte de dizaines de milliers d’emplois par l’inadaptation des véhicules vendus bien trop consommateurs) vers la fabrication de véhicules plus petits, moins rapides, moins lourds, moins polluants, moins consommateurs
Et dans l’urgence, il convient d’identifier les ménages les plus vulnérables à la hausse du prix des carburants en les aidant à réduire leur consommation : aides au remplacement de gros véhicules par de plus petits, gratuité des transports collectifs pour ceux qui abandonnent un véhicule énergivore, etc. Des mesures qui pourraient être financées grâces aux recettes fiscales supplémentaires obtenues du fait de la hausse des prix du carburant.