Agir pour les droits de la jeunesse

Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), mouvement d’éducation populaire entièrement géré et animé par des jeunes de 15 à 30 ans, organisait en ce premier mai un débat sur les jeunes et l’emploi. Merci au MRJC pour son invitation. Vous trouverez ci-dessous mon intervention lors de cette journée :

Nous le savons, le jeune est un problème !

Pour les uns, il est un trouble à l’ordre public sinon un délinquant qu’il convient de repérer au plus tôt, dès la petite enfance si possible, un futur chômeur qu’il s’agit d’occuper par des stages ou des contrats de travail précaires (CIP, CPE…).

Pour les autres, le jeune est un problème social ou économique qu’il faut prendre en charge avec humanité, un être parfois excessif dont il faut gérer, avec pédagogie, les débordements alcoolisés et le penchant pour la fête.

Mais qu’est ce que la jeunesse au juste ?
Au delà de ces approches, au delà de la définition restreinte qui consiste à aborder la jeunesse simplement à travers la tranche d’âge des 15-29 ans, il est une autre définition, que nous faisons notre, et qui préfère considérer la jeunesse comme un processus d’émancipation, de construction des capacités à devenir un adulte mais aussi un citoyen. Ce parcours est caractérisé par les risques de ruptures liés à chaque passage aux différents stades de la vie.

Avec l’explosion du chômage, la multiplication des stages, des contrats à durée déterminée, des difficultés d’accès au logement… ce parcours est aujourd’hui caractérisé par sa précarité.
La précarité augmente, l’insécurité sociale se pérennise, le processus d’émancipation des citoyens de demain est mis à mal.

C’est pourtant principalement aux jeunes qu’il revient de construire l’avenir. En refusant de leur en donner les moyens, notre société hypothèque son futur. C’est pourquoi il est urgent d’agir pour permettre à la jeunesse de vivre pleinement le présent et de lui offrir les conditions d’un avenir désirable.

En matière d’emploi, de logement, d’éducation, de démocratie… les droits de la jeunesse sont bafoués. La priorité aujourd’hui est de renforcer les droits de la jeunesse pour sécuriser et faciliter son parcours vers l’indépendance.

La jeunesse est la plus durement touchée par les crises économiques et sociales. Apporter des réponses à la jeunesse, c’est apporter des réponses à l’ensemble de la société.

Favoriser l’autonomie et la prise de responsabilité pour garantir la réalisation des individus, tels doivent être, pour les écologistes, les principaux objectifs des politiques de jeunesse.

Les solutions pour donner de nouvelles perspectives à la jeunesse viendront des jeunes eux-mêmes.
Et la première action que nous devons mener est de renforcer les mouvements de jeunesse, les mouvements d’éducation populaire et d’organiser la parole de la jeunesse.
Pour cela, nous voulons une plus grande autonomie pour le Conseil national de la jeunesse. Nous voulons aussi que des Conseils régionaux de la jeunesse soient créés.

Alors que la moitié des députés a plus de 60 ans, qu’aucun a moins de 30 ans, on se demande encore pourquoi l’engagement politique traditionnel ne mobilise pas les hordes de jeunes qui préfèrent rester à la maison plutôt que d’aller voter. Pour apporter des solutions concrètes et prouver à la partie de la jeunesse désillusionnée qu’elle peut reprendre en main son avenir il est nécessaire de créer les lieux du débat et de l’échange.

Nous voulons une réforme profonde de nos institutions qui permette de renouveler le paysage politique et de lui donner un nouveau souffle. Nous voulons une généralisation des scrutins proportionnels. Nous voulons un statut de l’élu qui interdise le cumul des mandats, qui facilite les passerelles entre engagement politique, vie professionnelle et études.

En matière d’emploi, on nous parle d’employabilité, de mieux faire se rencontrer l’offre et la demande d’emplois, de mieux adapter les formations aux besoins des bassins d’emplois…
Mais le chômage des jeunes est d’abord lié au chômage de masse. Une politique de l’emploi en faveur de la jeunesse s’est d’abord et avant tout lutter contre le fléau du chômage.

Durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le chômage a augmenté de 35%, soit près d’un million de chômeurs supplémentaires en cinq ans. « Le travailler plus, pour gagner plus » a eu des effets désastreux.
Dans les 5 ans à venir, nous nous fixons pour objectif la création d’un million d’emplois :

+ 110 000 emplois grâce au déploiement des filières industriels d’énergies renouvelables.
+ 450 000 emplois par un investissement massif dans la réhabilitation des logements, pour lutter contre la précarité énergétique.
+ 200 000 emplois par la construction de 500 000 nouveaux logements chaque année, pour permettre à tous d’accéder çà un logement décent.
+ 200 000 en investissant fortement dans de nouvelles politiques de solidarité notamment en faveur des personnes âgées, dans le cadre de la prise en charge de la dépendance.

Créer des emplois c’est aussi relancer le débat sur le temps travail. A contrepied des politiques sarkozystes, nous voulons partager le travail, pour pouvoir travailler tous et mieux.
Rappelons-le, les 35h ont permis de créer plus de 500 000 emplois. Nous devons engager une nouvelle réduction du temps de travail tout au long de la vie. Cela passe notamment par la fin des exonérations fiscales sur les heures supplémentaires et le retour effectif à l’âge de départ à la retraite à 60 ans.

Nous voulons de plus créer un nouveau contrat aidé pour permettre une première expérience professionnelle au sein d’entreprises intervenant sur les secteurs d’avenir et de l’Économie Sociale et Solidaire et faire ainsi de la jeunesse un levier de la transformation écologique et sociale de notre économie. Ce dispositif doit être associé à une politique ambitieuse de développement des formations dans ces domaines.

La question du Revenu Minimum d’Autonomie doit aussi être débattue. Les expériences le prouvent, un dispositif de ce type permet une indépendance précoce des jeunes, favorise la fluidité des parcours d’insertion professionnelle et sociale entre études et travail salarié, la prise d’initiative et de responsabilité, tout en offrant une couverture sociale pour la jeunesse.

Le Revenu Minimum, c’est aussi un moyen efficace de lutter contre la précarité au travail et nous voulons instaurer une prime salariale pour tous ceux, et surtout celles, qui ont des temps partiels subis. L’instauration d’une prime salariale a pour but de faire en sorte qu’aucun salarié n’est un revenu inférieur à 80% du SMIC.

En matière de droit au logement, qui nous paraît être une autre grande priorité, il est urgent là aussi de réguler le marché immobilier tout en inventant de nouvelles formes innovantes d’accès au logement. Faciliter la primo-accession des plus modestes en relançant le modèle juridique de la coopérative HLM qui permet une accession progressive à la propriété en considérant chaque loyer versé comme un achat mensualisé du logement occupé.
Définir un statut juridique de la colocation. Mode d’habitat privilégié par les jeunes qui n’est pourtant toujours pas encadrée juridiquement, au détriment des droits des colocataires.
Créer un statut de coopératives d’habitants, qui permettra de proposer un nouveau type de rapport au patrimoine et un accès au logement à moindre coût.
Plafonner les loyers.
Activer la loi de réquisition pour les logements anormalement vides.
Fixer un taux minimum de construction universitaire dans le cadre de la loi SRU.

Emploi, formation, logement, démocratie et citoyenneté voilà les quatre grands chantiers qu’il nous faut mettre en œuvre pour que la « génération sacrifiée » devienne une « génération émancipée », maître de son avenir, actrice des changements.