Quelques jours après un entretien avec des représentants syndicaux de l’agroalimentaire, au cours duquel nous avons surtout évoqué les pertes d’emploi, la souffrance au travail, les TMS et la politique salariale, nous apprenons que le groupe Doux se sépare de Frangosul.
En effet, JBS, géant de l’agroalimentaire américain va passer un accord avec Doux pour exploiter Frangosul, filiale brésilienne du géant breton de l’agroalimentaire. Après avoir délocaliser à grands frais en s’endettant auprès de la Banque Barclays notamment et provoqué la faillite de beaucoup d’éleveurs et la perte d’emploi de plus de 700 salariés depuis 2008 (sur les 6000 emplois en France), Doux reçoit néanmoins en 2011 55 millions de subventions européennes pour le soutien à l’exportation des volailles congelées et arrive en tête des bénéficiaires des aides payées par les contribuables.
Alors que la Bretagne reçoit 600 millions pour l’ensemble des agriculteurs, cette multinationale en confisque 10 % pour faire face à une concurrence internationale destructrice de l’agriculture paysanne dans de nombreux pays du Sud.
Pouvons-nous continuer à cautionner avec l’argent public une politique commerciale basée sur l’importation des aliments à base de céréales pour une exportation des produits, des unités de production avec un fort impact négatif sur l’environnement, une politique de ressources humaines qui licencie brutalement (Locminé, 2008), qui ouvre jusqu’à 100 jours de délai de paiement aux agriculteurs, n’augmente pas ses salariés pendant 4 ans, ne paye pas les vétérinaires.
Socialement irresponsable, économiquement inefficace, polluante, cette industrie doit faire place à une autre agriculture. La politique agricole doit prévoir une transition qui relocalise les productions, qui favorise les produits biologiques et de qualité, qui développe les circuits courts, l’agriculture paysanne et les petites unités de valorisation de produits locaux et la restauration collective, qui respecte les sols, l’air, l’eau et la biodiversité, qui rémunère correctement les paysans. Parallèlement, les marchés publics doivent pourvoir intégrer des critères sur la qualité des produits et leur provenance. C’est un nouveau pacte pour l’agriculture qu’il faut construire en associant les acteurs économiques, institutionnels, syndicaux, associatifs et citoyens.
C’est ainsi que notre région pourrait donner le meilleur d’elle-même pour ses habitants et son environnement.