Les arrêtés et communiqués préfectoraux de dernière minute se succèdent pour permettre de continuer la construction de la ligne Très Haute Tension (THT), en toute atteinte des réglementations nationales et locales. RTE joue la carte de la fuite en avant pour éviter que les riverains, les associations, les élus et les scientifiques ne puissent exprimer leurs avis.
- Un déni environnemental
Arrêté n° 2012-03-152 du 6 mars 2012 : « La société RTE est autorisée à procéder (…) à la destruction et à l’altération des habitats des espèces d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens, de reptiles et d’insectes indiquées sur le formulaire de demande signé le 18 novembre 2011 à partir de la date de la dernière signature de la présente décision jusqu’au 31 décembre 2013 »
« - La mise en place d’un comité de suivi scientifique en phase travaux, intégrant des équipes pluridisciplinaires compétentes en écologie dont l’objet sera de veiller au respect des prescriptions de la présente décision. Cette mesure devra porter sur la durée de la décision »
Bref, RTE peut détruire, mais doit en référer à un « comité scientifique » dont personne n’a pour l’instant vu la couleur. Qu’en dit le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel, qui devra ensuite valider les protocoles de suivi en exploitation ? Rien, il n’a pas été consulté.
- Un déni démocratique
Les communes ayant pris des arrêtés municipaux pour protéger leur population ont été simplement ignorées. Leurs avis n’intéressent ni le préfet, ni RTE. Encore une fois, la déclaration d’utilité publique est mise en avant. Ceux qui alertent ou s’opposent à la destruction des haies ou des arbres sont écartés par les forces de l’ordre. Les associations qui prévoient des actions symboliques sont prévenues : par un communiqué du préfet, leurs actions sont préventivement jugées illégales.
Pour Marine Lemasson, conseillère régionale d’Europe Écologie Les Verts et candidate aux législatives : «La déclaration d’utilité publique est interprétée par RTE et le préfet comme « Raison d’État », rien ni personne ne devant pouvoir s’opposer à la construction de la ligne. On coupe, on creuse, on arrache en toute impunité et on met en garde à vue ceux qui se dresseraient en travers de la route du chantier. Le préfet de la Manche prend des décisions en totale collusion avec RTE, sur le dos des citoyens et des scientifiques. Les arrêtés communaux sont bafoués, la loi sur la protection des espèces est ignorée avec une simple signature. Pour parfaire l’ensemble, une astreinte de 2000 € par heure et par personne gênant un chantier a été mise en place : une vraie menace financière. Les citoyens doivent se taire sous peine d’être étranglé de dettes ! ».
Dans le même temps, RTE se fait mettre à disposition des moyens en gendarmerie considérables : des dizaines de fourgonnettes surveillent les chemins et les routes, des officiers de renseignements prennent en photos ceux qui s’approchent un peu trop près des pylônes.
« Ce coût s’ajoute au prix du chantier EPR qui a plus que doublé ! L’État s’enlise dans un désastre financier et industriel, car nous ne savons même pas encore allumer le réacteur EPR. Aujourd’hui, on construit cette ligne Très Haute Tension pour rien. Il est temps d’être raisonnable et de stopper ce gaspillage ».