Bonsoir à tous,
Je suis très heureuse d’être ici ce soir pour vous présenter ma candidature et le programme d’ Europe Ecologie les Verts.
Tout d’abord, concernant ma candidature, je dois vous dire que je ne suis pas une candidate écologiste mais que je suis une femme écologiste devenue candidate.
Et je prends cet engagement comme une chance de contribuer à faire avancer des idées auxquelles j’ai toujours crues.
Des idées de partage, de respect de notre biodiversité humaine, de la diversité du vivant, et de l’égalité des hommes entre eux.
J’ai pris conscience peu à peu que l’écologie était le mouvement le plus en lien avec mes plus profondes convictions.
J’ai en effet commencé par m’engager comme beaucoup de personnes, comme vous peut être, à transformer mon quotidien.
Quand je dis transformer, c’est bien entendu « en cours de transformation », je n’ai aucune idée préconçue d’une forme idéale d’écologie.
L’écologie à laquelle je crois est celle du mouvement, celle qui consiste à « tendre vers »et à « apprendre à faire ensemble ».
Le mouvement, c’est cela qui m’intéresse le plus dans l’écologie, le mouvement qui conduit les hommes et les femmes vers plus de conscience. A l’opposé du conformisme, du renoncement et de l’absence de volonté.
Mais je peux vous l’affirmer, parce que je l’entends autour de moi – je ne fréquente pas que des écologistes convaincus – tout le monde n’a pas envie de vivre dans une vigilance de tous les instants.
La vigilance pour ne pas laisser passer les inégalités sociales, pour ne pas laisser passer l’outrage fait à la nature qui nous nourrit, pour ne pas laisser passer le fréquent déni de démocratie.
Sans cette vigilance qui est celle des écologistes, et de beaucoup d’hommes et de femmes qui les ont précédés, notre vie ne serait pas la même.
Et pourtant je crois que la mise en commun de cette vigilance et sa transformation en action politique, doit nous permettre d’alléger notre quotidien.
Elle doit permettre à tous de s’appuyer sur une gouvernance qui garantisse le respect des hommes entre eux, et le respect de notre environnement.
J’ai en effet une grande confiance dans l’action individuelle et de terrain.
Ainsi que dans l’action collective, souvent regroupée en association.
Sans tous ces acteurs, l’écologie politique ne serait pas née en France dans les années 80.
Et je suis en même temps convaincue que la grande mise en commun de tous ces efforts doit trouver sa traduction politique.
Pour éviter que des hommes et des femmes aient à soulever des montagnes pour seulement se nourrir, se loger, travailler et vivre dignement de leur travail.
L’action politique, et c’est le sens de l’engagement d’Europe Ecologie, et de mon engagement à travers ma candidature, doit être là pour accompagner ces efforts et alléger la tache de chacun pour trouver une place qui ait un sens dans notre société.
J’ai vu une grande différence entre la campagne pour l’élection présidentielle et cette campagne des législatives qui lui a emboîté le pas.
Si, comme vous, j’ai très peu entendu parler d’écologie lors de la première campagne, pour des raisons de crises, de médias indifférents ou déloyaux, je peux vous dire que ce paravent cache sur le terrain une grande vitalité pour faire avancer une société nouvelle, et toutes générations confondues.
Et je peux vous dire aussi que les relais se font entre les pionniers de l’écologie et les jeunes générations qui aspirent à vivre autrement.
Et si l’écologie ne caracole pas en tête des sondages elle caracole dans bien des têtes et sur bien des terrains, contre vents et marée.
Et cette force qui connaît des revers, connaîtra j’en suis sure un essor certain, que j’espère le plus rapide possible. Je sais aussi que nous sommes dans cette époque paradoxale où nous devons traiter avec patience et avec le sens du long terme, les situations d’urgence écologiques et sociales.
Parmi ces urgences, celle de sortir du nucléaire, par la sobriété et l’efficacité énergétique avant tout et par le développement des énergies renouvelables. Et j’aimerais ajouter qu’après Fukushima la question de l’acceptation collective d’un accident nucléaire tous les 10 ans, comme c’est ce qui se profile actuellement , n’est plus une question de scientifique, ni d’experts mais bien de choix politique et d’orientation économique.
Urgence aussi à valoriser la santé de tous par une alimentation de qualité, sans pesticides et sans ogm, par la qualité de l’air et de l’eau, par la précaution à l’égard des ondes électromagnétiques.
Il est essentiel aussi que les hôpitaux de Paimpol, Lannion, Tréguier garantissent à tous l’accès aux soins de proximité à travers un service public de qualité.
Notre circonscription de Lannion, qui s’étends de Trébeurden à Binic, en passant par la Roche Derrien Tréguier et Pontrieux, est représentative de ce que peut être aujourd’hui une société écologique.
Elle connaît d’un coté des problèmes plus ou moins spécifiques : celui de la précarité pour certains de ses habitants, de la raréfaction des services publics, des algues vertes, cette injure faite à la terre et à l’eau à travers son agriculture intensive, de son littoral très convoité et de certains de ses territoires encore enclavés.
Et de l’autre coté, elle dispose des réponses possibles et nécessaires développées par l’écologie : possible et nécessaires un accès pour tous au logement, possible et nécessaires un grand plan de rénovation thermique qui fasse baisser les factures, possible et nécessaires une agriculture biologique respectueuse des ressources ainsi que des hommes et des femmes qu’elle fait vivre et qu’elle nourrit, possible et nécessaires la création de centaines d’emplois par la conversion de l’économie, possible et nécessaire enfin des transports collectifs déployés dans les moindres détails de notre territoire , plutôt que des nouvelles infrastructures routières .
Nous devons sortir de la société de gaspillage pour inventer une société de modération écologique. C’est vrai dans le domaine de l’alimentation et surtout de la restauration collective qui est en train de prendre un vrai tournant dans l’ensemble de notre département pour aller vers une économie relocalisée, en partenariat avec les agriculteurs bio.
Cette dimension locale a aussi des répercussions sur l’ensemble de notre équilibre planétaire. En France, 8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et ne peuvent se procurer une alimentation de qualité. Ailleurs dans le monde, 37 000 personnes meurent de faim chaque jour et près de 1 milliard souffrent pour leur vie entière de sous-alimentation permanente, et paradoxe suprême, la majorité d’entre eux sont des paysans.
Alors que nous sommes 7 milliards de personnes, l’ Organisation pour l’alimentation et l’agriculture { la FAO) estime que l’agriculture pourrait nourrir normalement 12 milliards d’êtres humains.
L’Etat français peut s’engager à lutter pour interdire la spéculation sur les prix agricoles.
De même nous pouvons stopper l’incitation à la production d’agrocarburants qui consomment plus d’énergie qu’ils n’en produisent dans les pays en développement, ce qui exige d’abandonner le calendrier européen qui prévoit l’incorporation de 10% d’agrocarburants dans le secteur des transports d’ici 2020.
Ces questions vont être au cœur des débats du sommet de la Terre, Rio+20, qui s’ouvre mercredi prochain. Et qui débouchera peut être, enfin, sur des actions concrètes avec des objectifs chiffrés et mesurables en matière environnementale au-delà des déclarations d’intention. Seules des mesures juridiquement contraignantes pourront obliger les gouvernements à adhérer à ces textes.
Pour que le règlement des crises internationales par les guerres ne devienne pas une fatalité, il est un aspect constitutif de l’écologie politique qui s’appelle la résolution non-violente des conflits. Elle oriente vers une transition diplomatique pour une sortie du nucléaire militaire. Elle se traduit aussi par la reconnaissance du besoin de paix, qui est le plus universellement partagé et le plus bafoué partout dans le monde. Que serait devenu le Larzac sans la force profonde de la non violence ? « Pour être non violent il faut avoir été violent » disait Lanza Del Vasto, nous avons donc toutes nos chances d’effectuer cette transition humaine vers plus de conscience et plus de lien. Et cette longue période de campagne électorale française, souvent violente, est bien là pour nous le montrer.
Enfin j’aimerais terminer par un aspect qui a été, avec l’écologie, compagnon d’oubli dans ces campagnes électorales. C’est la culture. « Quel rapport avec l’écologie ? » entend on parfois, je répondrai « celui de veiller à notre environnement au sens large ». La culture forme la société. Cette dépense publique, qui est souvent une variable d’ajustement, est pourtant la dernière qu’il faut toucher en temps de crise, car elle tisse du lien et permet de s’exprimer autrement que par la violence. Nous entrons dans des mutations profondes qui vont mobiliser nos ressources de réflexion, d’innovation, de tolérance. Plus que jamais la culture doit trouver des soutiens et pas seulement en faveur des grandes institutions, pour nous permettre de défendre non seulement notre culture régionale mais aussi notre plaisir à vivre ensemble.