Une journée de la Femme… Le moins que l’on puisse faire !

Les écologistes proposent des actions contre toutes les formes de discriminations entre les êtres humains. L’égalité entre les hommes et les femmes est loin de se traduire concrètement dans tous les domaines : la France est située au 46è rang mondial en ce qui concerne les inégalités femmes/hommes, et ces inégalités ont tendance à s’aggraver en contexte de crise.

Pour les écologistes, un monde solidaire ne peut se construire que si les rapports sociaux entre les femmes et les hommes changent considérablement. De l’école à la sphère du travail, c’est toute la société qui doit être transformée… Une journée de la femme c’est donc le moins que l’on puisse faire ! Mais nous avons des propositions concrètes à formuler en vue de cette égalité (voir encadré en fin d’article).

Pour reconnaître la contribution essentielle des femmes dans le fonctionnement de la société

Une étude du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), montre que « les femmes assument plus de la moitié de la charge de travail nécessaire au fonctionnement global de la société. Cependant, un tiers seulement de ce travail réalisé par les femmes donne lieu à rémunération. La situation est inversée pour les hommes : les ¾ de leur contribution au travail global relève d’activités rémunérées. « En conséquence, ce sont les hommes qui reçoivent la part du lion des revenus et de la reconnaissance au titre de leur contribution économique, alors que la plus grande partie du travail des femmes demeure non rémunérée, non reconnue et sous-évaluée » conclut le rapport réalisé au niveau mondial. Les proportions mises en évidence dans cette étude s’avèrent identiques pour ce qui concerne la société française. Le travail des femmes comme contribution globale à la société est donc essentiellement invisible, tandis que la société valorise, reconnaît, loue la contribution masculine au fonctionnement économique.

Une journée de la femme c’est avant tout un moyen de reconnaître cette contribution majeure des femmes au fonctionnement de la société, et lui donner sa juste valeur : une valeur tout simplement essentielle…

Il ne s’agit pas de dénigrer la part des hommes, ni de créer de stériles rivalités entre les sexes. Il s’agit de rappeler et mettre en lumière la place centrale des femmes dans l’organisation, le fonctionnement, la survie de nos sociétés, une place très souvent passée sous silence lorsqu’elle n’est pas niée, ou complètement dévalorisée…

Pour obtenir enfin une égalité de fait, et notamment dans le monde du travail

Si le principe de l’égalité des droits entre l’homme et la femme est affirmée dans la Constitution de 1946, la situation des femmes reste marquée dans notre pays par des inégalités et tout particulièrement dans le travail : inégalité d’accès à l’emploi, précarité et sous-emploi plus importants, inégalité d’accès aux postes d’encadrement, concentration dans certains métiers, inégalités de salaires. De nombreuses études ont été réalisées sur le sujet depuis une trentaine d’années.

Inégalité d’accès à l’emploi des hommes et des femmes. Surchômage des femmes.

L’activité salariée féminine a connu une croissance spectaculaire au début des années 60, croissance qui s’est poursuivie y compris en période de crise et de récession économiques. Cette croissance a été favorisée par une législation égalitaire et antidiscriminatoire : 1972 égalité de rémunération, 1975 interdiction de discriminer à raison du sexe, 1983 loi Roudy sur l’égalité professionnelle (rémunération, accès à l’emploi, formation, promotion…). Cependant l’emploi féminin reste caractérisé par le surchômage : déjà constaté en France au milieu des années 70 où le chômage touche 2,7% des hommes et 5,6% des femmes, il existe encore aujourd’hui même si les écarts se sont resserrés (écarts de 1 à 1,4 points dans les dernières années). L’âge est une variable aggravante : le surchômage des femmes est encore plus significatif pour les moins de 25 ans. Par ailleurs, si le niveau d’éducation réduit le taux de chômage des femmes, il ne permet toutefois pas, pour un même niveau d’éducation une égalité d’accès à l’emploi par rapport aux hommes.

Précarité et sous-emploi.

Les écarts entre hommes et femmes occupant des emplois temporaires et des emplois à temps partiels sont considérables : les deux tiers des emplois dits atypiques (hors de la norme du contrat à durée indéterminée à temps plein) sont occupés par des femmes et près de 80% des personnes travaillant à temps partiel sont des femmes. Et, pour l’essentiel, les temps partiels correspondent à des emplois peu qualifiés, concentrés sur quelques secteurs d’activités et dont les horaires et les conditions de travail sont particulièrement difficiles. Dans notre pays, le travail à temps partiel s’est développé fortement avec la crise économique comme une solution supposée au chômage, contrairement à d’autres pays d’Europe. En France, la réalité est que le travail à temps partiel contribue à éloigner les femmes de l’emploi, en plus d’être le moteur de la pauvreté… On peut encore rappeler que contrairement aux idées reçues, le temps partiel féminin est majoritairement occupé par des femmes qui ne sont plus concernées par la maternité ou l’éducation des enfants (50-64 ans…).

L’inégalité d’accès aux postes de cadres.

On peut observer une forte progression des femmes dans la plupart des postes de cadres et dans la plupart des secteurs d’activité entre 1982 et 2002. Cependant à l’exception du métier d’avocat ou les femmes sont aujourd’hui majoritaires, la part des femmes dans les emplois cadres reste inférieure à celle des hommes et ce, en dépit du fait que les femmes aient rattrapé voire dépassé les hommes pour ce qui concerne les niveaux d’éducation.

Écarts de salaire.

Ceux -ci se sont considérablement réduits jusqu’au milieu des années 80 mais n’évoluent que très peu depuis les années 1990. Ainsi l’écart constaté entre salaires nets annuels moyens des hommes et des femmes est de 20% en faveur des hommes pour les salariés à temps complet du secteur privé. Ce calcul statistique apparaît variable en fonction des données prises en compte (salaire horaire, mensuel ou annuel, intégration des temps partiels…). Toutefois, si on ne considère pas les salaires moyens mais une comparaison à caractéristiques égales (ancienneté, âge, catégorie professionnelle, qualification, etc.) les salaires féminins sont inférieurs à ceux des hommes de 12%. Le constat de l’inégalité reste ainsi de toute façon posé . On observe encore que :

  • les femmes faiblement qualifiées ont un risque plus élevé que les hommes d’occuper un emploi à faible salaire et, à niveau élevé de qualification, les femmes accèdent moins souvent que les hommes aux emplois les mieux rémunérés.

  • si les débuts de carrière peuvent être proches entre hommes et femmes pour ce qui concerne le salaire, l’écart se creuse ensuite.

Des tâches peu valorisées

Dans le monde du travail aussi, le travail des femmes demeure peu reconnu, peu visible et souvent dévalorisé. L’emploi féminin reste en effet concentré sur certains métiers, même si cette concentration a un peu évolué en 20 ans. Ainsi, les femmes sont d’autant plus présentes que les emplois sont peu qualifiés. Et par ailleurs, on peut constater que la moitié des emplois féminins est concentrée dans 10 familles professionnelles : métiers du soin, de l’action sociale, métiers administratifs, enseignement… Les taux de féminisation de ces professions sont très élevés (de 60% pour les métiers de l’action sociale, culturelle et sportive à 99% pour les assistants maternels et aides à domicile). Pour atteindre une mixité totale des emplois, 30 % des femmes devraient changer d’emploi. Le premier secteur d’activité féminin : l’éducation, la santé et l’action sociale emploie près d’une femme sur trois. Or, ce qui caractérise les tâches liées à ces métiers, c’est d’une part, leur « invisibilité » : il s’agit de tâches discrètes, tâches qui ne produisent pas d’objet concret matériel. Des activités qui contribuent fortement au fonctionnement de la société, mais que l’on ne voit que lorsqu’elles échouent, ratent, manquent… D’autre part, ces tâches sont essentiellement caractérisées par le souci des autres, le don de soi, la compassion, autant de capacités considérées comme « naturelles », comme si elles étaient inscrites dans les gènes… En réalité, comme le souligne la sociologue P. MOLINIER, un bon prétexte pour disqualifier le travail des femmes : si c’est dans leur nature, elles n’ont aucun mérite !

Valeur différente attribuée aux activités selon qu’elles sont exercées par un homme ou une femme

On pourrait encore évoquer les travaux de nombreux sociologues (F. HERITIER, D. KERGOAT, P. BOURDIEU, GOLLAC et VOLKOF, MARUANI…) qui montrent qu’une même activité, exercée par un homme ou une femme, ne va pas être valorisée de la même façon. Les mêmes tâches peuvent être considérées comme « nobles et difficiles quand elles sont réalisées par des hommes, ou insignifiantes et imperceptibles, faciles et futiles, quand elles sont accomplies par des femmes », écrit P. BOURDIEU. En situation professionnelle, même lorsque les femmes font le même travail que les hommes, leur travail ne vaut pas de la même façon.

Des petites discriminations, insidieuses et presque imperceptibles aux grosses injustices, il y a encore énormément à faire dans le monde du travail pour faire appliquer les lois et faire que l’égalité soit une réalité.

Une journée de la femme c’est donc le moins qu’on puisse faire !

Des propositions concrètes d’Europe Ecologie sur l’égalité femmes/hommes

Les écologistes proposent :

La création d’un ministère d’État de l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Ce ministère aura pour mission de défendre et de faire appliquer les droits acquis. Il permettra aussi de sexuer systématiquement les statistiques et les politiques publiques, et de prendre en compte le genre dans tous les domaines.

Un congé de parentalité.
Le congé de maternité doit être réformé au profit d’un congé pré et post natal pour la mère, complété d’un congé d’accueil de l’enfant réparti entre chaque parent. Le congé parental serait transformé en un crédit temps de trois ans indemnisé à 80 %, à utiliser jusqu’à la majorité de l’enfant et réparti à part égale entre les deux parents. Ces congés doivent être comptabilisés dans le calcul des retraites de manière rétro-active.

L’égalité des salaires entre femmes et hommes.
La loi sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes de 2006 doit être appliquée et s’accompagner d’audits obligatoires pour imposer aux entreprises une réelle politique d’égalité et d’accès aux postes à responsabilité. Les femmes étant majoritairement concernées par les temps partiels subis et les petits revenus, une attention particulière sera portée à l’augmentation du SMIC, à la lutte contre les temps partiels subis et à la mise en place de plans de formations initiales et continues.

Une politique éducative et de prévention ambitieuse.
 Cela passe par la formation initiale et continue aux inégalités de genre des acteurs et actrices de l’éducation, de la petite enfance à l’université, ainsi que par la garantie de matériel pédagogique et de manuels scolaires non sexistes.

Le développement de l’éducation à la sexualité dans les programmes scolaires, y compris le plaisir et le respect, en intégrant des structures extérieures et compétentes aux projets pédagogiques.

Une action ferme pour éliminer la violence faite aux femmes.
L’accompagnement des victimes doit être amélioré à chaque étape : campagnes de sensibilisation pour favoriser le soutien et la déclaration ; augmentation du nombre de places en hébergement d’urgence, avec choix pour les victimes de pouvoir rester chez elles ; formations sur la prise en charge des victimes ; ouverture de centres d’accueil pour les personnes violentes sur l’ensemble du territoire avec une obligation de suivi. Mise en oeuvre d’une loi cadre accompagnée de campagnes sur la violence conjugale.

Accès aux droits et non stigmation / répression à l’égard des prostitué-e-s.
Les prostitué-e-s doivent ne plus être stigmatisé-e-s et réprimé-e-s, mais accéder au droit commun, comme tou-t-e citoyen-ne. Les réseaux de proxénètes doivent être très durement sanctionnés et les clients sensibilisés.

Il s’agit donc de garantir aux prostitué-e-s l’accès à tous les droits sociaux, de supprimer toutes les mesures de répression, d’éloignement et de stigmatisation les concernant, de favoriser leur formation/reconversion quand ils/elles le désirent, par une formation professionnelle et l’arrêt de poursuites du fisc, de donner des cartes de séjour et une possibilité de formation professionnelle pour les victimes de la traite sans dénonciation du proxénète, de lancer des campagnes de sensibilisation en direction des clients, de mettre les moyens nécessaires pour lutter efficacement contre l’exploitation et la violence subies par les prostitué-e-s.