» La pluie tombe, mais ce n’est plus la pluie, le vent souffle, mais ce n’est plus le vent : il porte avec lui le césium et le pollen, des bouffées de toxines et non des parfums. La mer, tout en continuant à rugir, devient muette de terreur. Elle dilue autant qu’elle peut ces résidus mortifères. Le jour est inhabitable. La nuit s’installe et n’apporte pas l’oubli, juste la crainte de nouveaux rêves, plus sombres et plus fétides à chaque fois. L’horreur est une atmosphère : particules perdues, nuages poudreux, rayonnements douteux. Nous en sommes arrivés – ou revenus – au stade météorologique de notre histoire : nous confions notre destin au vent, aux vagues. »
Michaël Ferrier Fukushima – Récit d’un désastre, Gallimard, L’Infini, 2012