Hier matin, à Issy-les-Moulineaux, il y avait boitage et distribution d’une lettre d’André Santini “ancien ministre, député des Hauts de Seine et maire d’Issy les moulineaux” (sic) annonçant une baisse de 20% de la taxe d’habitation.
Dans cette lettre traitant d’un sujet apparemment municipal, mais qui requiert l’énoncé de l’ensemble de ses responsabilités politiques anciennes et actuelles, “l’ancien ministre, député maire” comparant la ville à « une entreprise qui partage ses bénéfices avec ses collaborateurs » (les habitants d’Issy les moulineaux sont-ils vraiment des collaborateurs d’un André Santini patron du CAC 40?) annonce une baisse de 20% de la part communale de la taxe d’habitation et précise courbe à l’appui qu’à 7,99% ce taux est l’un des plus bas des communes de population comparable. Suit une longue démonstration un peu gênée sur cette baisse qui ne se traduira par aucune baisse des services ni des investissements. Vraiment ? Difficile à croire en termes strictement arithmétiques. Et en admettant que cela vaille en 2012, cela pourra-t-il être tenu sur les années à venir ? Car on le sait la gestion municipale s’évalue sur des périodes longues, au moins un ou deux mandats, 5 à 10 ans.
Deux commentaires :
Aujourd’hui le système de financement des collectivités locales est affecté par de fortes incertitudes à cause de la crise économique. La décision de Nicolas Sarkozy de supprimer la taxe professionnelle, remplacée par une contribution économique territoriale dont les montants devront être évalués dans la durée n’a rien arrangé et ne facilite pas les prévisions de recettes. Est-ce vraiment le moment de baisser la taxe d’habitation? Est-ce de saine gestion et de bonne anticipation financière? Quelles peuvent bien être les motivations réelles d’une décision que les contextes économiques national et local ne semblent en rien justifier ? Alors art du contretemps ou visée électoraliste pour les échéances politiques à venir ?
Au-delà, il faut s’interroger sur les choix qui guident André Santini pour l’avenir d’Issy-les-Moulineaux et faire le lien entre cette décision sur la taxe d’habitation et le projet annoncé d’aménagement de la ZAC du pont d’Issy. Car tout en baissant la taxe d’habitation, le « député maire ancien ministre » a annoncé il y a quelques mois un projet pharaonique d’aménagement de la ZAC du Pont d’Issy comportant trois tours de 180 mètres de haut consistant en plus de 230 000 m2 de bureaux selon le modèle de développement économique qu’il a toujours privilégié à Issy. Densification pour les entreprises et bétonnage qui aboutissent à un ratio de moins de 10 m2 d’espaces verts par Isséen. André Santini veut y voir d’abord de nouvelles ressources pour Issy et un geste architectural à l’entrée de la ville. Vraiment ? Là encore alors que l’avenir économique est incertain, que de nombreux bureaux sont inoccupés dans les Hauts de Seine, que les transhumances entre habitations et bureaux saturent certains quartiers de la ville plusieurs heures par jour, n’est-il pas temps de changer de modèle d’urbanisme, de choisir enfin une stratégie de rééquilibrage entre activité économique et qualité de vie ?