Un cocktail de pesticides dans les champs

mercredi 21.03.2012, 06:00 – Direct Lille
L’agriculture non bio utilise une grande variété de pesticides. L’agriculture non bio utilise une grande variété de pesticides.
| ÉCOLOGIE  |

Tous les jours, nous mangeons une dose non négligeable de pesticides. Sans le savoir. Pour remédier à cette méconnaissance, un collectif d’associations de la région organise une Semaine pour les alternatives aux pesticides, jusqu’au 30 mars.

Le but de cette manifestation nationale aux multiples déclinaisons locales n’est pas seulement de mettre le doigt sur ces cocktails détonnants de produits chimiques. Les associations organisatrices veulent « essayer de faire bouger les choses au niveau réglementaire », indique Annette Rimbert, membre de Générations futures et conseillère municipale Europe écologie – Les Verts (EELV) à Baisieux.
Il faut dire que le constat est accablant : une enquête sur les aliments, non bio, consommés en une journée, citée par Annette Rimbert, révèle « trente-six pesticides différents, quarante-sept substances cancérigènes, cent vingt-huit résidus chimiques, … ». Les effets de ce mélange n’ont jamais été étudiés, puisque chaque substance est analysée séparément.
Dans la région, le nombre d’agriculteurs qui se convertissent au bio, donc qui stoppent l’usage de pesticides, stagne. Parallèlement, d’après Antoine Jean, porte-parole régional de la Confédération paysanne, ces produits sont de plus en plus utilisés pour les grandes cultures, comme les céréales, les pommes de terre ou les betteraves. « Sur les pommiers, plus de vingt produits sont pulvérisés », note-t-il.
Premières victimes, les agriculteurs. « On n’en est qu’au début, ça va faire comme l’amiante, commente Antoine Jean, si en tant que paysans on ne prend pas cette problématique à bras le corps, ça va nous péter à la figure. » Et pourtant, cet agriculteur n’est pas bio : « Cela demande trop de surface, mais dans notre exploitation on est en réflexion permanente sur l’utilisation des pesticides. » Atmo prend l’air
chez les agriculteurs Atmo, l’association régionale pour la surveillance de la qualité de l’air, démarre lundi la deuxième phase de son étude, inédite dans la région, sur les logements des agriculteurs, attenants à leurs exploitations. L’objectif est d’évaluer ce à quoi le panel représentatif est exposé. Il n’existe pas de réglementation sur le taux maximum de pesticides dans l’air.
Antoine Jean dénonce une « recrudescence des maladies, comme les cancers, chez les paysans qui y sont exposés ». Mais le sujet est encore tabou dans le monde agricole, encore dans une logique de productivisme. « Le débat n’a pas lieu dans les campagnes, ni même à la Chambre régionale de l’agriculture », déplore le porte-parole de la Confédération paysanne. Seule solution pour Lise Daleux, membre du Collectif anti-OGM de la région et adjointe EELV à la mairie de Lille, la mobilisation citoyenne. « C’est un cercle vertueux. Les producteurs laitiers se sont mis au bio, parce qu’il y a une demande. »
Plana Radenovic

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